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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Roubert dans leurs chambres et il ordonna à son écuyer de
se dénicher un endroit pour dormir. Alors, enfin seul, il s’assit près du feu.
Pourquoi Dieu avait-il envoyé les Anglais pour le tourmenter ? se
demanda-t-il. S’agissait-il d’un autre châtiment le frappant pour avoir
dédaigné le Graal ? En y réfléchissant, cela lui semblait probable, car il
s’était convaincu lui-même que Dieu l’avait choisi, qu’il devait accomplir une
ultime grande tâche et qu’alors il serait récompensé.
    Le Graal, songea-t-il, presque en extase. Le Graal, le plus
sacré des objets sacrés. Il était là, presque à portée de main, et il avait été
envoyé pour le retrouver. Le vieillard se laissa tomber à genoux près de la
fenêtre ouverte. Écoutant les chants des moines provenant de l’abbatiale, il
pria pour le succès de sa quête. Bérat poursuivit sa prière bien après que les
litanies se furent tues. Et c’est dans cette position agenouillée que l’abbé
Planchard le découvrit.
    — Est-ce que je vous dérange ? demanda gentiment
le supérieur de l’abbaye.
    — Non, non.
    En se relevant, le comte grimaça sous la douleur de ses
genoux meurtris. Il avait enlevé son armure et ne portait plus qu’une robe
bordée de fourrure et son bonnet de laine habituel.
    — Je suis désolé, mon père, extrêmement désolé de vous
imposer notre présence. Nous ne vous avons pas averti et c’est beaucoup
d’inconvénients pour vous, j’en suis certain.
    — Le diable seul me dérange, le rassura Planchard, et
je sais que ce n’est pas lui qui vous envoie.
    — Prions pour que ce ne soit effectivement pas le cas.
    Bérat s’assit et se releva presque aussitôt. En termes de
rang, l’unique fauteuil de la pièce lui revenait de droit, mais l’abbé était si
vieux qu’il se sentit contraint – malgré son propre âge vénérable –
de le lui proposer.
    Le religieux déclina l’offre d’un signe de tête et choisit
de s’asseoir sur le rebord de la fenêtre.
    — Le père Roubert a assisté à complies et il est venu
ensuite me parler.
    Une vague d’inquiétude envahit le visiteur. Le dominicain
avait-il exposé à l’abbé l’objet de leur présence à Astarac ? Bérat
voulait l’expliquer lui-même à l’abbé.
    — Il est bouleversé, continua ce dernier.
    Le prêtre parlait un français aristocratique, élégant et
précis.
    — Le père Roubert est toujours bouleversé quand il ne
se sent pas très bien, et le trajet a été long alors qu’il n’a pas l’habitude
de voyager à cheval. Il n’est pas né pour ça, vous comprenez ? Il monte à
cheval comme un invalide.
    Il s’interrompit pour fixer l’abbé avant d’éternuer
bruyamment.
    — Mon Dieu ! laissa-t-il échapper, les yeux en
pleurs.
    Il s’essuya le nez d’un revers de manche.
    — Roubert reste avachi sur sa selle. Je n’arrête pas de
lui dire de se redresser, mais il ne suit jamais mon conseil.
    Il éternua de nouveau.
    — J’espère que vous n’êtes pas en train d’attraper la
fièvre, s’inquiéta le moine. Mais je vous rassure, ce n’est pas sa fatigue qui
bouleversait le père Roubert. Il était préoccupé par l’affaire de la bégharde.
    — Ah oui, naturellement. La fille…
    Le comte haussa les épaules avant d’exprimer le fond de sa
pensée :
    — Je pense surtout qu’il a envie de la voir brûler. À
dire vrai, ce serait une bonne récompense pour tout son dur labeur. Vous savez
qu’il l’a interrogée ?
    — Par le feu, je crois, répondit Planchard en fronçant
les sourcils. Il est curieux de rencontrer une bégharde au sud. Ils hantent
plutôt le nord. Mais je suppose que le père Roubert est sûr de son fait ?
    — Totalement ! La maudite a tout confessé !
    — Comme je le ferais moi-même si j’étais soumis au feu,
soupira perfidement l’abbé. Vous savez qu’elle chevauche avec les
Anglais ?
    — Hélas, j’en ai beaucoup entendu parler. C’est une
mauvaise affaire, Planchard. Une mauvaise affaire !
    — Au moins, ils ont épargné cette maison, indiqua le
cistercien. Est-ce pour cela que vous êtes venu, Monseigneur ? Pour nous
protéger d’une hérétique et des Anglais ?
    — Bien sûr, prétendit le comte.
    Rapidement il se reprit, pour se rapprocher de l’objet réel
de son périple.
    — Il y a une autre raison aussi, père Planchard, une
autre raison qui ne contredit pas la première…
    Il espérait que l’abbé lui demanderait

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