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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Planchard de
renoncer au jeu et il m’a fait prêter serment dans l’abbaye.
    — Et tu as allumé un cierge, j’espère ?
    — Trois, répondit l’Écossais en faisant le signe de
croix. Je dois renoncer à tout péché, Thomas, au moins jusqu’à ce que j’aie
prié Dominique. C’est ce qu’a dit Planchard.
    Il s’interrompit pour sourire tristement.
    — Je suis désolé, Thomas.
    — Désolé de quoi ?
    Robbie haussa les épaules.
    — Je n’ai pas été le meilleur des compagnons.
    S’il affichait de nouveau un air embarrassé, il n’ajouta
rien.
    Le soir même, alors que tous dînaient dans la grande salle
pour lui dire adieu, Robbie déploya de grands efforts pour se montrer courtois
à l’endroit de Geneviève. Il lui abandonna même un succulent morceau de mouton.
L’ayant attrapé avec la pointe de son couteau, il la pria d’accepter qu’il le
dépose dans son assiette. Sous le coup de l’étonnement, messire Guillaume
écarquilla son œil unique. La jeune femme remercia gracieusement l’Écossais.
    Le lendemain, dans la morsure de la bise du nord, ils
quittèrent le château pour escorter le voyageur.
     
    Le comte de Bérat n’était venu qu’une fois à Astarac, et cela
remontait à des années. Quand il revit le village, il peina à le reconnaître.
L’endroit avait toujours été petit, nauséabond et miséreux. Maintenant, il
était ravagé. La moitié des toitures de chaume avaient brûlé. Les murs
portaient des stigmates d’incendie et une grande trace sanglante maculée d’os,
de plumes et d’abats trahissait l’endroit où le bétail des villageois avait été
massacré. Quand le comte arriva avec sa suite, trois moines cisterciens étaient
en train de distribuer de la nourriture avec une charrette à bras. Cette
charité n’empêcha pas une nuée de villageois en guenilles de se précipiter vers
leur seigneur. Ils se jetèrent à genoux aux pieds de son cheval, tendant leurs
chapeaux et levant les mains en quête d’aumône.
    — Qui a fait cela ? demanda Bérat.
    — Les Anglais, Sire, répondit l’un des moines. Ils sont
venus hier.
    — Par le Christ, mais ils vont souffrir mille morts
pour ça ! gronda le noble.
    — Et c’est moi qui vais les leur infliger, ajouta
férocement Joscelyn.
    — J’ai presque envie de te laisser aller les affronter
séance tenante, déclara le vieil homme. Seulement, que peut-on faire contre
leur château ?
    — Des canons ! répondit le neveu.
    — Tu sais bien que j’ai envoyé quérir celui de
Toulouse, rappela le comte avec colère.
    Puis il jeta des pièces aux villageois avant d’éperonner sa
monture pour s’éloigner d’eux. Arrivé au milieu du village, il fit une pause
pour observer les ruines du château sur son promontoire. Il était trop tard
pour grimper. La nuit était proche, l’air glacial. Les heures de selle avaient
épuisé le vieillard tout en lui meurtrissant le fessier. En outre, l’armure, à
laquelle il n’était pas habitué, lui écrasait l’épaule. Alors, au lieu de
gravir le long sentier jusqu’au castel effondré, il prit la direction du morne confort
de l’abbaye cistercienne de Saint-Sever.
    Les moines en robe blanche rentraient péniblement de leur
travail. L’un d’eux portait un gros fagot de bois, tandis que d’autres
ramenaient des houes et des bêches. Les dernières grappes de raisin étaient vendangées
et un chariot tiré par un bœuf transportait de pleins paniers de grains d’un
beau violet. Les deux moines qui l’accompagnaient firent ranger l’attelage sur
le côté de la route pour laisser passer le comte et sa trentaine d’hommes
d’armes. Le cortège faisait trembler le sol en galopant vers les bâtiments
austères.
    Personne au monastère ne s’attendait à recevoir des
visiteurs ce soir-là, mais les moines accueillirent le noble et sa suite sans
réticence. Ils préparèrent activement des écuries pour les chevaux et des
couches au milieu des pressoirs à vin pour les hommes d’armes. Dans le quartier
des hôtes, où le comte, son neveu et le père Roubert allaient être installés,
on alluma de grands feux.
    — L’abbé vous souhaitera la bienvenue après complies,
signala-t-on au seigneur de Bérat.
    Puis on lui servit un frugal dîner composé de pain, de
fèves, de vin et de poisson séché. Le vin était celui de l’abbaye et il était
quelque peu aigre.
    Immédiatement après s’être sustenté, le comte renvoya
Joscelyn et le père

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