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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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et ses brigands y sont passés. Ils ont tué mes parents et ont tout détruit. Ils ont brûlé les habitants dans l’église, mentis-je.
    Je ne pus prononcer ces derniers mots qu’en regardant au sol, ce qu’elle prit sans doute pour de la tristesse.
    —    Seigneur, Mes sœurs,
    —    Elles sont mortes, Pernelle.
    —    Et Odon ? Tu le connaissais ? Est-il. ?
    —    Mort lui aussi.
    Elle vacilla et je dus la soutenir pour qu’elle ne s’affale pas sur le sol.
    —    Gondemar... Odon était le fruit du viol. Il était mon fils.
    Je ne savais que dire. Le retrait de Pernelle dans sa maison après le passage des brigands. Le petit dont on avait attribué la maternité à une de ses sœurs, sans doute pour lui éviter le stigmate d’être le fruit du viol en plus de la bâtardise. Tout devenait cruellement clair. Les conséquences de ma fureur m’apparaissaient dans toute leur ampleur.
    —    Qu’il en soit fait selon la volonté de Dieu, murmura Pernelle d’une toute petite voix remplie de sanglots.
    Je me sentais vil, sale. J’avais honte. De l’outrage subi par Pernelle était sorti Odon, ce petit être éveillé qui avait forcé les portes du cœur de Bertrand de Montbard et que j’avais réduit à rien par simple plaisir. Sans le savoir, j’avais brûlé vif l’enfant de mon amie. La seule personne chère qui me restait avait toutes les raisons de me haïr. Elle ne devait jamais savoir. Ce lourd secret, je le porterais sur ma conscience, comme les autres. Tel était mon destin. Ma pénitence. Tu vivras avec le souvenir de tes morts et de tes fautes.
    Nous nous en retournâmes dans le plus parfait silence, mon amie blottie contre moi, l’assassin de son fils.
    —    Gondemar. Dis-moi une chose.
    —    Bien sûr.
    —    Odon. Était-il un enfant heureux ?
    —    Oui, je crois. Il était l’écuyer de Montbard depuis qu’il avait quatre ans. Ce n’était qu’un jeu, mais ça lui faisait grand plaisir.
    Je lui racontai tous les souvenirs qui me revenaient d’Odon, parfois banals, parfois amusants. Le tout dura presque une heure. Honteux, je tus le fait que je l’avais ravalé au statut de serf et que j’en avais fait un exemple en le plaçant moi-même au carcan.
    —    Alors, j’espère que Dieu l’a mené à bonne fin, dit-elle lorsque j’eus terminé.
    —    Pernelle, je.
    Elle me mit le doigt sur la bouche pour m’empêcher de parler.
    —    La mort est une chose souhaitable, mon ami. Odon était le fruit du geste le plus détestable que la chair puisse produire, et pourtant il a été heureux. Il est maintenant libre. Au-delà de ma peine, je me réjouis pour lui.
    —    J’aimerais avoir une foi aussi forte que la tienne.
    Elle me laissa là et s’en fut d’un pas serein que j’admirai de tout mon être. Mais ce soir-là, je ne dormis que pour voir en rêve le visage brûlé d’Odon dont le regard me couvrait de reproches.

Chapitre 15 Allégeances
    Je m’attendais à ce que mon amie, de nouveau, ne se montre pas pendant quelques jours. J’avais conscience que, pour me voir, Pernelle sacrifiait du temps auprès d’autres malades qui, désormais, avaient sans doute plus besoin de ses soins que moi. De plus, je savais maintenant qu’elle avait des obligations religieuses. Cela semblait aussi être sa manière de faire que de me laisser le temps d’assimiler à mon rythme les informations nouvelles. Peut-être avait-elle besoin de temps pour accepter dans l’intimité la nouvelle de la mort de son fils, qu’elle avait cru laisser en sécurité auprès de ses sœurs. Je me sentais affreusement coupable, mais trouvais une certaine consolation à l’idée que sa religion lui apporterait sans doute du réconfort. J’aurais voulu pouvoir en dire autant, mais toute paix m’était inaccessible.
    Les jours qui suivirent notre terrible discussion, on m’accorda implicitement une liberté plus grande. Je ne manquai pas d’associer les deux. Lorsque, par acquit de conscience, je testai la porte qui menait à l’extérieur, je la trouvai déverrouillée. Je la franchis avec enthousiasme, trop heureux d’échapper à une nouvelle réclusion de plusieurs jours et espérant oublier un moment que j’étais un monstre. Ce ne fut sans doute pas par hasard si, au fil des rues tortueuses et des regards méfiants, mes pas me portèrent à nouveau vers la muraille. Je crois que mes oreilles perçurent le tintement des armes qui

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