Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
s’en être échappé !
    Elle s’interrompit et inspira pour se calmer.
    —    L’Église vénère même la croix sur laquelle on l’a crucifié, alors qu’elle n’est rien moins qu’un vil instrument de torture. Ne collectionne-t-elle pas comme autant de trésors inestimables le moindre bout de chair ayant appartenu à l’un de ses prétendus saints ? Elle raconte même qu’à la fin des temps les morts ressusciteront. Tu as songé à l’état dans lequel se trouveront ceux qui sont inhumés depuis des siècles ? Tu voudrais vraiment vivre enfermé pour l’éternité dans un corps putréfié ? Tout ce que ton Église enseigne n’a à voir qu’avec la matière, Gondemar ! C’est tout ce dont elle se préoccupe, parce qu’elle est de ce monde, pas de l’autre !
    Elle s’arrêta, essoufflée par sa tirade, et j’en profitai pour placer un mot.
    —    Tu veux dire que les cathares ne se marient pas ? Qu’ils vivent tous dans la chasteté ? Pardieu ! Mais comment votre religion s’est-elle perpétuée si les femmes serrent l’entrecuisse et que personne n’engendre d’enfants ?
    —    Tous les croyants ne sont pas des Parfaits. Ceux qui ne sont pas prêts à renoncer aux tentations de la chair s’unissent par engagement mutuel, tout simplement. Ils pèchent déjà en forniquant. Pourquoi le faire doublement en se mariant ? Chaque nouvel enfant est une âme de plus qui devra souffrir pour retourner à Dieu.
    —    Foutre de Dieu dans le cul du diable, dis-je en me prenant les cheveux à pleines mains. Tout cela est bien trop pour un simple soldat.
    Je vis Pernelle grimacer en entendant ce gros juron, mais je m’en fichais. J’avais la tête qui tournait et je savais pertinemment que la fatigue n’y était pour rien. Je me sentais ébranlé jusqu’au fond de mon âme, à la fois scandalisé et fasciné par le monde nouveau qui s’ouvrait à moi, d’une complexité que je n’avais jamais soupçonnée. Une partie de moi reconnaissait la logique et les arguments de l’hérésie, mais l’autre résistait de toutes ses forces à l’idée que la foi dans laquelle j’étais né puisse n’être qu’un tissu de mensonges, un édifice bancal et fragile qui ne résistait pas à un examen attentif. De toute façon, tout cela n’avait aucune importance, puisque j’avais renié Dieu, qu’il soit le mien ou celui des cathares.
    Pourquoi me retrouvais-je ici, parmi ces gens ? Métatron ne m’avait tout de même pas ramené à la vie pour que je me joigne à une hérésie ? La Vérité que je devais protéger pouvait-elle être celle dont parlait Pernelle ? Si j’étais disposé à tolérer l’existence de ces bons chrétiens, dont j’avais pu mesurer la sainteté, je ne voyais pas en quoi la survie ou la disparition de leur religion changeait quelque chose à mon sort. Comment pouvais-je respecter le marché passé avec Métatron en étant au beau milieu des hérétiques ? N’étais-je pas, par ma seule présence, en train de mettre en péril la mince chance de salut qui me restait ? Pourtant, il y avait Pernelle. Je la connaissais depuis assez longtemps pour savoir que son âme était pure. La pauvresse blessée et souillée était devenue, grâce à sa foi, une personne sereine qui vouait sa vie au service d’autrui. J’avais été témoin de l’ampleur de son dévouement et de son abnégation. Je savais maintenant les sacrifices qu’elle s’imposait pour vivre sa foi. Sûrement, une religion qui produisait de tels effets ne pouvait pas être entièrement mauvaise.
    —    Tu es tout à fait sûre de toi ? m’enquis-je.
    —    La foi, celle qui transforme l’existence et illumine la voie, ne présuppose-t-elle pas la certitude ? Tolère-t-elle le doute ? Toi, n’es-tu pas sûr de la tienne ?
    —    Je. je ne saurais dire. J’ai l’assurance que Dieu existe, déclarai-je en m’assombrissant. Pour le reste, je ne suis pas docteur de l’Église.
    J’inspirai profondément et me frottai le visage.
    —    Mordieu. Je dois réfléchir à tout ça.
    Consciente de mon malaise, Pernelle me prit le bras et changea de sujet, croyant me soulager.
    —    Parle-moi de Rossal, fit-elle gaiement. Le village est-il toujours le même ?
    Mon cœur se serra. Le moment que je redoutais tant était arrivé.
    —    Rossal n’existe plus, dis-je d’une voix éteinte.
    Elle s’arrêta net, le visage cireux.
    —    Comment ? Que dis-tu là ?
    —    Onfroi

Weitere Kostenlose Bücher