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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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n’ai pas de temps à perdre. Tu as le choix entre me dire ce que tu fais ici et courir une chance de sauver ta vie si l’information en vaut la peine, ou te taire et la perdre à coup sûr.
    L’inconnu me toisa un moment, puis Montbard, puis les autres. Il parut hésiter puis se renfrogna.
    —    Tue-moi si tu le veux. Peu m’en chaut. J’aurai la double satisfaction d’avoir été fidèle à ma parole et d’être libéré de ma prison de chair, lança-t-il avec défiance.
    —    En tout cas, il a l’air d’un bon chrétien et en connaît la musique, remarqua Pernelle, qui s’était approchée de notre groupe.
    —    Achève ce damoiseau tout de suite, Gondemar, et levons le camp, suggéra Montbard. Qui sait s’il n’est pas suivi ?
    Le visage du garçon prit une expression mêlée de surprise et d’émerveillement.
    —    Gondemar ? fit-il. Tu es Gondemar de Rossal ?
    —    Lui-même. Tu me connais ?
    —    Tous les cathares connaissent le nom du chrétien qui a changé de camp et qui harcèle les croisés depuis Cabaret.
    Je consultai Montbard du regard. Celui-ci fit la moue et haussa les épaules.
    —    Il sait qui tu es. Soit. Cela ne veut pas dire grand-chose. Les croisés te connaissent, eux aussi.
    —    Vous devez être en train de conduire les Parfaits de Cabaret vers Montségur, comme l’a ordonné Guilhabert de Castres, s’empressa d’ajouter l’inconnu d’un ton rempli d’urgence.
    —    Comment sais-tu cela ? demandai-je, étonné.
    —    Je suis messager. J’ai porté ce même ordre à Minerve.
    Après quelques secondes de réflexion qui donnèrent au jeune homme force sueurs froides, je retirai mon arme de sa gorge et la remis à ma ceinture.
    —    Comment t’appelles-tu ? demandai-je d’un ton plus doux.
    —    Claudi, sire, répondit-il en frottant l’endroit où j’avais percé la peau.
    —    Et que fais-tu donc à te promener en catimini dans les bois, Claudi ?
    —    Je viens de Minerve. Je dois porter une nouvelle au sieur Pierre Roger à Cabaret. Je n’osais pas m’approcher de vous, de peur que vous soyez des croisés. Si j’avais aperçu les Parfaits, je me serais révélé.
    —    Et de quelle nouvelle s’agit-il ?
    —    Montfort est devant Minerve avec son armée et des machines de guerre. La ville n’a aucune chance. J’ai tout juste réussi à me glisser hors des murs avant que le siège ne soit entrepris. En ce moment même, des messagers sont en route vers toutes les places fortes pour avertir les seigneurs de se tenir prêts et de prendre les mesures qu’ils jugent nécessaires, soit de résister, soit d’organiser la reddition.
    À compter de maintenant, plus rien n’arrêterait les croisés. Aujourd’hui Minerve, demain les autres places fortes. Il leur faudrait des mois ou des années, mais à la fin, les hérétiques seraient rayés de la carte du Sud.
    —    Les Parfaits ont-ils eu le temps de quitter Minerve ? demanda Pernelle, angoissée.
    —    Ils ont reçu l’ordre de fuir vers Montségur, mais Bertomieu s’y est opposé. Rambaut, Garsenda et Albin sont restés avec lui, ainsi que tous les autres. Ils sont cent quarante en tout.
    Mon amie m’adressa un regard éperdu.
    —    Gondemar. Nous devons les aider, plaida-t-elle, livide. Sans cela, ils seront massacrés jusqu’au dernier.
    —    Tu as entendu ce qu’a dit ce garçon ? Montfort assiège Minerve. Même si nous pouvions y entrer sans nous faire échar-per, notre vingtaine d’hommes ne changerait rien.
    —    Nous n’allons quand même pas les abandonner à leur sort sans rien tenter ?
    —    Ils ont fait leur choix. Au fond, la mort est ce qu’ils souhaitent, non ? Ils ont tous reçu le consolamentum. Si j’ai bien compris ce que tu m’as expliqué, ils seront libérés de la chair et retourneront à Dieu.
    —    Gondemar. geignit-elle en se tordant les mains.
    —    Suffit ! Nous ne pouvons rien pour eux !
    Elle resta plantée devant moi un instant. Toute son attitude n’était qu’un reproche silencieux. Ses lèvres tremblaient et ses yeux étaient humides. Elle faisait un effort visible pour garder sa contenance. Puis elle tourna les talons, le visage enfoui dans les mains. Je reportai mon attention sur Claudi, qui avait terminé son repas. Je ramassai sa dague et la lui tendis. Il l’accepta.
    —    Repose-toi parmi nous jusqu’à la nuit. Tu y seras en sécurité.

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