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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Jouis-en la tête froide, jouvenceau.
    Comprenant ce que le maître d’armes attendait de moi, je m’approchai du brigand qui, ayant saisi lui aussi nos intentions, gigotait comme un poisson hors de l’eau en geignant piteusement et en suppliant, sans parvenir à se libérer de l’emprise de Montbard. Je saisis mon épée à deux mains, la levai au-dessus de ma tête et l’abattis de toutes mes forces. La main du truand fut tranchée net. L’homme hurla à mort. Avec froideur, Montbard prit le moignon sanglant et l’enfonça dans les braises, renouvelant les cris du brigand. La chair grésilla et une fumée nauséabonde empuantit l’air. Lorsque la plaie fut cautérisée, mon maître relâcha son emprise et, d’un coup de pied rempli de mépris, fit rouler le blessé gémissant dans l’herbe. Il resta là, prostré, tenant son bras mutilé contre sa poitrine, le souffle court, les joues mouillées de larmes. Il n’avait plus rien du géant menaçant qui avait attaqué Rossal. Il était pitoyable. Méprisable. Dénué d’honneur.
    Je m’approchai de lui, l’empoignai par les cheveux et relevai son visage vers moi. De l’autre main, je pris ma broche, toujours fixée à ma cotte de mailles, et la brandis devant ses yeux.
    —    Tu reconnais cet objet, chiure de merde ? crachai-je, les dents serrées. À cause de lui, tes hommes ont violé une fillette sans défense. Tu t’en souviens ?
    Pleurnichant comme un enfançon, l’homme hocha la tête. Je détachai la broche, la jetai dans les braises et attendis un moment. Puis j’étirai le bras et, de ma main gantée de cotte de mailles, je la repris. Elle avait rougi dans les braises. Sans prévenir, je couchai le brigand sur le dos, appuyai mon genou de tout mon poids sur sa poitrine pour bien l’immobilier et la pressai sur son front. Des volutes écœurantes montèrent et leur arôme me parut le plus doux des parfums. Celui de la vengeance et du pouvoir.
    Lorsque je retirai la broche, le lion passant et armé des seigneurs de Rossal était à jamais gravé dans sa chair. Je lui saisis la gorge et serrai jusqu’à ce qu’il devienne écarlate.
    —    N’aie jamais l’imprudence d’oublier celui qui t’a marqué d’infamie. Je suis Gondemar, seigneur de Rossal. Tremble à chaque fois que tu entends ce nom et répands-le parmi tes semblables. Si jamais j’apprends que tu as remis le pied dans la seigneurie, je te trouverai. Et ce jour-là, je te trancherai la pen-deloche et les couilles pour te les fourrer dans la bouche jusqu’à ce que tu t’en étouffes.
    Je serrai un peu plus et ses yeux s’exorbitèrent.
    —    Tu m’as bien compris ?
    Le brigand à demi mort de douleur hocha la tête de son mieux. Je le libérai, récupérai ma broche, la remis sur ma cotte de mailles puis me relevai. Je ramassai la main tranchée. Elle était encore chaude. Je la considérai un moment et la lui lançai au visage avec tout le dédain dont j’étais capable. Puis je lui tournai le dos et me dirigeai vers Montbard, qui avait regroupé quatorze des chevaux et les tenait par les rênes.
    —    Ce sont de bonnes bêtes, expliqua-t-il. Elles feront bonne compensation au seigneur de Rossal.
    Nous ramassâmes tout ce que les brigands avaient volé et chargeâmes les bêtes. En plus d’une sécurité accrue, les habitants de la bourgade sans nom retrouveraient ainsi l’essentiel de leurs biens. Puis nous empruntâmes le chemin, laissant derrière nous l’estropié toujours recroquevillé par terre.
    Nous retournâmes à nos montures et attachâmes les chevaux des brigands les uns aux autres pour former un convoi. Sur le chemin du retour, ni l’un ni l’autre ne dit mot. Je sentais en moi quelque chose de différent. J’étais devenu ce que j’avais décidé d’être. J’avais tué avec un intense plaisir, sans scrupule. Ces terres étaient mon héritage et j’avais exercé mon droit légitime de les protéger. Ma marque serait un objet de terreur pour tous les pillards. Le nom de Gondemar de Rossal ferait trembler le plus aguerri des mécréants. Plus jamais on ne me mépriserait. En me retournant vers mon maître, je surpris son regard inquiet, posé sur moi. Une fois encore, il semblait lire dans mes pensées. Et il n’aimait pas ce qu’il y voyait.
    Nous repassâmes par le hameau pour rendre leurs biens aux habitants. Puis nous retournâmes vers Rossal. Au matin, quand nous arrivâmes, maculés du sang séché de nos victimes, tous

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