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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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s’avançaient au-dessus des rues et formaient un surplomb qui cachait le moindre rayon de soleil. Les rues tortueuses, étroites et boueuses étaient si pleines de gens et d’animaux en liberté que notre convoi avait peine à avancer. Les clients s’accumulaient devant les boutiques et les ateliers où commerçants et artisans offraient des marchandises de toutes sortes : des tonneaux, des fromages, des parchemins vierges, des légumes, des médicaments, des bijoux, des peaux fraîchement tannées, des dentelles, de la ferronnerie, des objets en verre et mille autres choses encore. Quiconque en avait les moyens pouvait se faire raser, soigner, vêtir, nourrir ou désaltérer, sans compter les services plus discutables qu’offraient les nombreuses donzelles éparpillées çà et là. À plusieurs reprises, je vis, dans les ruisselets qui les longeaient, des excréments humains qui flottaient et des carcasses d’animaux abandonnées. L’odeur de crasse et de pourriture était épaisse et étouffante. Tous les trois ou quatre pas, un mendiant tendait la main et demandait l’aumône. Au loin, au-dessus des toits, je pouvais apercevoir le clocher d’une église qui montait vers les cieux, plus haut que tout ce que j’avais vu.
    Nous demandâmes notre chemin à quelques reprises avant de parvenir à la foire, les bourgeois nous toisant avec mépris et nous faisant sentir terriblement paysans. Quand nous fûmes arrivés à destination avec nos charrettes pleines, la scène qui se déployait sous mes yeux m’émerveilla. L’immense espace était occupé par une mer de comptoirs derrière lesquels les commerçants proposaient leurs produits. Il y avait de tout et la valeur totale de l’ensemble de ces richesses défiait l’imagination : des draps hollandais, de la laine anglaise, des fourrures, du bois du nord de l’Europe, de la soie, des épices d’Orient, du poisson, du sel et du métal étaient disposés de façon à susciter l’envie. Un peu partout, des changeurs avaient dressé des tables et, à l’aide de leur abaque, échangeaient des monnaies pour d’autres en se gardant un profit rondelet.
    Nous circulâmes entre les étals jusqu’à ce que Montbard repère le coin où se commerçait le grain. La récolte n’avait pas été partout aussi bonne que chez nous et le cours du grain était élevé. En jouant les marchands les uns contre les autres, il me fut facile de négocier un excellent prix pour nos surplus. Une fois la transaction effectuée, nous passâmes le reste de la journée à arpenter les étals et à échantillonner les marchandises. J’acquis plusieurs longueurs de tissu dont j’entendais me faire confectionner des chemises et des braies. Je passai aussi au comptoir d’un marchand d’armes teuton 2 et jetai mon dévolu sur une épée longue magnifiquement forgée à double tranchant, à la garde droite et épaisse, dont la poignée semblait avoir été conçue pour se marier à ma main. Je l’avais à peine payée que j’anticipais déjà le plaisir que j’éprouverais à brandir à deux mains cette arme à l’équilibre parfait. Voyant le regard envieux que Montbard y portait à la dérobée, je lui offris de lui en acheter une, mais il refusa net, grommelant que rien ne surpassait une épée templière et que la sienne lui convenait amplement. J’ajoutai à mes achats une dague de même facture, un écu en amande rouge entièrement en métal dont la légèreté m’étonna, une cotte de mailles neuve, la mienne étant devenue trop étroite, et une paire de gantelets de métal dont j’avais toujours rêvé. À force d’insistance, je parvins à convaincre mon maître d’accepter des gantelets et une cotte neuve.
    Nos transactions durèrent quelques jours. Nous passâmes des nuits sans histoire dans une des nombreuses auberges du bourg. C’est les sacoches bourrées de pièces d’or que nous reprîmes la route de Rossal, ce qui rendait l’escorte encore plus nécessaire qu’à notre départ. Il est en effet bien plus facile de s’emparer de quelques sacs que de s’enfuir avec des charrettes remplies de grain. Je souhaitais presque que quelques malfrats se mettent en tête de nous détrousser pour tester mes nouvelles armes, mais rien ne se produisit.
    Le voyage de retour avait pris un peu moins de temps, nos charrettes étant vides. En chemin, je formulais des plans. J’avais en tête d’utiliser une partie de cet argent pour construire un nouveau moulin banal,

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