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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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collectifs jadis subis par Pernelle ? Pour obtenir une rançon ?
    Sans entretenir d’illusions sur mes chances de succès, je suivis la piste des brigands jusqu’à ce que la noirceur me contraigne à m’arrêter. Après avoir passé la nuit adossé contre un arbre sans pouvoir trouver le sommeil, je repris la route dès l’aube. En fin d’après-midi, j’avais retrouvé ma mère. Ses bourreaux l’avaient suspendue par les pieds à une branche, en bordure du chemin, comme Papin, jadis. Elle avait été décapitée, elle aussi, mais la robe de velours rouge accrochée à un arbre me suffisait pour l’identifier. Son corps exsangue oscillait dans la brise. Elle était nue. On lui avait ouvert le ventre et tranché les mamelles.
    Incapable de supporter le spectacle, je fermai les yeux et je serrai les poings sur mes cuisses jusqu’à ce qu’ils en tremblent. Puis je me mis à ma sale besogne. Je tranchai la corde qui retenait Nycaise et l’étendis sur le sol. Dans un état second, je creusai une fosse avec ma dague et mes mains nues. Lorsque j’eus terminé, je revêtis de la robe ce qu’il restait de ma mère et déposai le tout dans la terre. Je repoussai la terre et remplis la fosse. Puis je m’effondrai sur la tombe de fortune et, enfin, je pleurai.
    Ce fut la mort atroce de Nycaise qui me fit franchir le dernier pas vers la damnation. Né marqué, rejeté de tous, privé de ma seule amie, tyran de Rossal, échec de Bertrand de Montbard, fils indigne. Voilà ce que j’étais. Dieu m’avait rejeté depuis ma naissance et je n’avais rien pu y faire. Mon tour était maintenant arrivé d’en faire autant. Je me souviens des paroles fatidiques que je hurlai à tue-tête, agenouillé sur la tombe de ma mère, en brandissant vers le ciel un poing vengeur.
    — Je te renie, Dieu ! Tu m’entends, fourbe ? S’il existe une divinité, Satan est celle-là, car seul le Mal existe sur cette terre ! Sois maudit ! Et si la damnation est mon lot, qu’il en soit ainsi !
    Un grand froid enveloppa mon âme et je m’écroulai sur le sol, anéanti. Lorsque je repris conscience, le soleil était levé. J’avais l’esprit clair. Je ne désirais qu’une chose : la vengeance. Il ne me restait que cela. Quand le soleil baissa, j’avais rattrapé mes proies.
    Comme Montbard et moi l’avions toujours fait, j’attendis la nuit pour m’insinuer parmi les brigands. J’aurais voulu surgir au milieu d’eux et livrer autant de combats singuliers qu’il le fallait pour les occire tous, mais leur nombre l’interdisait. Si la mort m’indifférait, je voulais néanmoins emporter le plus de brigands possible avec moi en enfer. J’appliquerais donc la procédure habituelle : en égorger le plus possible et affronter ceux qui resteraient. Cette fois, leur chef n’y laisserait pas qu’une main et son amour-propre. Il y perdrait la vie que j’avais fait l’erreur de lui laisser quand j’avais eu la chance de l’occire. Par vanité, je ne l’avais que marqué et j’en payais maintenant le prix.
    La pleine lune qui se levait éclairait la forêt d’une lumière aussi froide que mon âme. Je repérai les quatre sentinelles postées sur le pourtour du camp. Je m’approchai en catimini de l’une d’entre elles, ma dague toute neuve en main. L’homme que j’allais égorger était adossé à un arbre. De ma position, je ne voyais que ses épaules. Il était immobile. Lorsque je fus tout près, je bondis, passai ma main gauche autour du tronc pour lui attraper les cheveux et la droite pour trancher sa gorge. Rien. Ma lame avait frappé le tronc.
    Interdit, je contournai l’arbre et me retrouvai face à un mannequin grossier qu’on avait habillé à la hâte et bourré de paille, et qui, la pénombre aidant, m’avait trompé. Dans la forêt, des cris d’oiseaux me firent sursauter. Les oiseaux ne chantent pas la nuit. Je me raidis, aux aguets. L’instant d’après, un filet m’enveloppa. Comprenant que j’étais tombé dans un guet-apens, je me débattis comme un diable, essayant de trancher les mailles avec la dague. Mes efforts eurent comme seul résultat que je fus bientôt complètement entortillé, impuissant comme un nourrisson. Deux hommes descendirent de l’arbre où ils s’étaient juchés et me rouèrent de coups de pied jusqu’à ce que je ne sois plus en état de me défendre.
    —    Gondemar de Rossal, ricana une voix tout près.
    Je relevai la tête. Il était là, devant moi, un sourire

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