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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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sera le bienvenu, mon ami ! Et fourbis bien tes armes. Tu en auras besoin. On raconte que les Occitans sont de redoutables guerriers.
    Il me tendit un heaume scintillant que j’acceptai avec étonnement. À la hauteur du front, on avait gravé un aigle, les ailes déployées, qui semblait fondre sur sa proie.
    —    C’est l’aigle de Nanteroi, m’expliqua Evrart. Tous mes hommes le portent. Je serais honoré que tu fasses de même.
    Je hochai la tête en guise d’acquiescement. Sans plus de cérémonie, Nanteroi me tourna le dos et allait s’éloigner lorsque je franchis la distance qui nous séparait et le retins par l’épaule. Il me dévisagea, intrigué. Je lui tendis la main.
    —    Gondemar... de. Rossal, dis-je avec le filet de voix dont je disposais.
    —    Il parle, le bougre !
    Il empoigna ma main et la serra avec chaleur.
    —    Dieu soit avec toi, Gondemar de Rossal, dit-il en souriant.
    Puis il partit superviser la levée du camp. Je baissai les yeux.
    Jamais Dieu ne serait avec moi. Je l’avais renié et il m’avait puni. J’enviais la certitude d’Evrart de Nanteroi et de ses hommes, qui avaient la conviction profonde et inébranlable de faire la volonté de Dieu. Sur l’ordre du chef de l’Église, ils allaient se livrer à des massacres. Cela leur éviterait-il la damnation ? Le péché réside-t-il dans le geste ou dans l’intention ? Peut-il jamais être justifié, fût-ce par la volonté du pape lui-même ? Je n’aurais pu le dire. Je ne le puis d’ailleurs toujours pas.
    Je ramassai le peu que je possédais encore : ma cotte de mailles, mes gants, mon manteau et mes armes. Je m’équipai lentement, songeur, le cœur serré par une indescriptible terreur. J’allais sortir à mon tour, mais Montbard m’attrapa par la manche et, d’un regard, me renouvela l’avertissement qu’il m’avait fait. Puis il tourna brusquement les talons et il sortit.
    C’est ainsi que je devins qui je suis. Un damné traînant avec lui l’image de l’enfer d’où il n’était sorti que par une faveur divine, avec une terrible épée de Damoclès suspendue en permanence au-dessus de sa tête et menaçant de tomber à la moindre défaillance pour trancher le fil qui liait mon âme au repos éternel.

Chapitre 10 La route du Sud
    Hormis son retour inattendu, Montbard m’avait réservé une autre surprise : Sauvage, qu’il avait retrouvé dans les bois, broutant tranquillement. Je ressentis un plaisir presque enfantin à le revoir. Je lui caressai les naseaux et il s’ébroua avec un bonheur égal au mien, cherchant en vain la gâterie qu’il avait coutume de trouver dans le creux de ma main. Je lui promis de remédier à la situation dans les plus brefs délais et il parut comprendre.
    Quelques heures après qu’Evrart eut donné l’ordre de lever le camp, notre convoi prit la route. Une vingtaine de chevaux portant des hommes bien armés et trois voitures transportant l’armement supplémentaire et les provisions nécessaires à une partie du voyage formaient toute notre troupe.
    Le Languedoc était à une douzaine de jours de route, m’informa-t-on. Comme nous partions du centre du royaume de France, nous rejoindrions assez vite la route prise par les croisés venus du Nord. Une fois à Béziers, nous allions nous fondre dans une armée de milliers d’hommes. Déjà, Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux et légat du pape Innocent III, était sur place, fouettant le moral de ses troupes. Je ne pouvais m’empêcher de plisser le nez à l’idée qu’un prêtre dirigeait des soldats et bénissait d’avance les massacres qu’il leur tardait sans doute de commettre. Mais qui étais-je pour juger ?
    Le premier jour, nous ne vîmes presque pas Evrart, qui était occupé à distribuer les ordres, à coordonner les déplacements et à revérifier sans cesse l’état de l’armement. Je remarquai avec quel doigté il menait ses hommes, tablant sur la camaraderie plutôt que sur l’autorité qui était la sienne pour obtenir leur collaboration. Je compris que chacun d’eux allait volontairement au combat et n’hésiterait pas à mettre sa vie en jeu pour son seigneur. Nanteroi portait avec fierté une longue cape noire ornée d’une croix rouge aux quatre pointes égales à la hauteur de l’épaule gauche. Dessous, il arborait, par-dessus une rutilante cotte de mailles, un manteau de la même couleur à la poitrine ornée d’une croix identique sinon qu’elle était

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