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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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passer lorsque le joyeux fornicateur lança un grand cri de jouissance qui fut accueilli par les applaudissements fournis de ceux qui brûlaient de prendre sa place. Je fermai les yeux, conscient que, pendant des années, je n’avais guère fait mieux à Rossal. Tel que me l’avait promis Métatron, ma conscience m’accompagnait bel et bien et je la traînais comme un forçat tirant son boulet.
    Nous progressâmes tant bien que mal vers le cœur du camp. De temps à autre, des croisés ivres décidaient de régler leurs comptes à coups d’épée, sous les encouragements de ceux qui les regardaient. La rixe se concluait inévitablement par une mort ou une grave blessure, mais les croisés ne semblaient pas s’en préoccuper. Ils étaient si nombreux qu’il pouvait bien en mourir quelques centaines sans qu’ils s’en ressentent lorsque viendrait le moment de l’assaut. Derrière une tente, un peu en retrait, j’aperçus quelque chose que je ne compris pas. Un homme était à quatre pattes, déculotté, et gémissait d’une voix de fausset pendant qu’un autre le montait comme un homme le fait pour une femme. Interdit, j’interrogeai Montbard.
    —    Des sodomites, expliqua-t-il en suivant mon regard, l’air dégoûté. Les soldats en campagne deviennent souvent efféminés.
    Rougissant malgré moi, je me rappelai les accusations que Gerbaut de Gand avait portées au sujet de Baudouin, lors de son passage fatidique à Rossal. Ce voyage dans la décadence me parut interminable. À mes côtés, Montbard restait imperturbable.
    —    Nous y sommes, annonça le soldat qui nous guidait en descendant de cheval.
    Il désigna une grande tente pourpre dont le pourtour était d’une propreté immaculée qui tranchait avec les alentours.
    —    Attendez ici. Je vais voir si monseigneur le légat peut vous recevoir.
    Il adressa quelques mots aux deux gardes casqués de fer qui se tenaient à l’entrée de la tente, hallebarde au poing et épée au côté, puis disparut à l’intérieur.
    —    Quelle bande de dépravés, me dit le seigneur de Nanteroi, une moue dégoûtée sur les lèvres et le regard austère. Le roi Philippe n’avait pas mieux à envoyer que cette racaille pour défendre la foi ? Sans compter qu’en mettant la main sur le Sud, il agrandira considérablement son royaume. J’aurais cru qu’il ferait appel à mieux.
    Pendant que nous attendions, je laissai mon regard errer au hasard sur le camp. Tout à coup, mon sang se glaça dans mes veines et je me raidis. Mon maître, toujours alerte, s’en aperçut.
    —    On dirait que tu as vu un revenant.
    —    C’est tout comme. Là. répondis-je en indiquant discrètement de la tête, sans bouger, un endroit sur ma droite.
    Près d’un feu se tenait un homme costaud que j’aurais reconnu entre mille. Il venait de tabasser un homme avec le seul poing qui lui restait. Son poing gauche, aussi massif qu’une enclume. Sa dextre manquante avait été remplacée par un crochet de métal monté sur un socle dont la pointe acérée était menaçante. Il avait troqué le surcot et les hardes pour une cotte de mailles, mais je n’eus aucune difficulté à le reconnaître. Mon cœur s’arrêta presque de battre. Onfroi. Malgré moi, je portai la main à mon cou.
    Comme si mon regard lui avait brûlé le dos, il se retourna vers moi. Dans la lumière mourante, j’aperçus clairement la marque qu’avait laissée ma broche brûlante sur son front. Nos regards se croisèrent et le visage du brigand trahit son étonnement. Après tout, n’avait-il pas abandonné mon corps décapité dans la forêt de Rossal ? Et pourtant, je me trouvais maintenant devant lui, bien vivant. Il pâlit distinctement, saisi d’une peur superstitieuse.
    —    Ventredieu, jura le maître d’armes à mi-voix. Mais que fait-il ici, celui-là ?
    —    Il nous a reconnus.
    —    Oui, et il n’a pas l’air ravi de te savoir encore en état de rapporter ses crimes. Quelque chose me dit que nous devrons être prudents.
    Onfroi adressa la parole à quelques-uns des hommes qui étaient assis près de lui et nous désigna du menton, Montbard et moi. À cet instant précis, le soldat ressortit de la tente.
    —    Monseigneur le légat du pape Innocent III, Arnaud Amaury, accepte de vous recevoir, annonça-t-il.
    —    Fort bien, dit Evrart, un peu excédé par une attente à laquelle il n’était pas habitué.
    Le seigneur de Nanteroi

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