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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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pourrait me prouver sa bonne foi serait de nous livrer pieds et poings liés les deux cent vingt-deux cathares qu’il abrite dans Béziers pour que nous les brûlions au bûcher, comme il se doit.
    —    Dois-je présumer qu’il a rejeté votre offre ?
    —    Il nous a jeté notre générosité au visage, le manant. Il a convoqué une assemblée des citoyens pour leur soumettre leur offre et ceux-ci l’ont rejetée plutôt que de trahir les hérétiques. Il faut dire qu’il n’y a sans doute pas un seul de ces diables qui n’a pas quelques cathares dans sa famille. Au fond, ils sont tous plus ou moins hérétiques. Et puis, ils sont convaincus de pouvoir soutenir un siège. Nous avons bien peur qu’ils aient raison.
    —    On ne peut quand même pas ravitailler des dizaines de milliers de personnes par quelques passages secrets. Ne pourrait-on entreprendre de nouveaux pourparlers avec Trencavel lorsque la faim et la soif se feront sentir ?
    —    Le lâche s’est sauvé avec ses Juifs voilà deux jours, abandonnant ses gens. On dit que maintenant il parcourt ses terres dans l’espoir de lever une armée parmi ses vassaux.
    —    Et s’il y parvient ?
    Frustré, Amaury rabattit bruyamment son gobelet sur le bras de son fauteuil.
    —    Le maudit impie nous prendra en souricière, le dos contre la muraille de Béziers. Ceci ne contribue guère à la discipline des troupes, comme tu l’as si astucieusement noté, sire Evrart. Déjà, Simon de Montfort et ses hommes piaffent comme des purs-sangs dans l’enclos.
    —    Montfort ?
    Amaury hocha pensivement la tête.
    —    Un des rares vrais soldats que cette crapule de Philippe Auguste de France a daigné nous envoyer.
    Je fus choqué par la façon cavalière dont cet homme faisait référence au roi. Il but une grande gorgée, cette fois, et posa son verre avec frustration sur le bras de son fauteuil.
    —    Maintenant, laisse-nous. Nous avons à faire.
    —    Bien, monseigneur. Merci, monseigneur.
    Amaury nous bénit du signe de la croix. Nous saluâmes tous de la tête et quittâmes la tente, perplexes, en compagnie du garde qui devait nous attribuer une place dans le camp. Un homme nous croisa et entra sans même nous honorer d’un regard. Grand et droit comme un chêne, les épaules solides et musclées, la crinière abondante et noire comme les ailes d’un corbeau, la barbe et les sourcils touffus, il était de fort belle apparence malgré la poussière qui maculait ses vêtements.
    —    Alors ? entendis-je Amaury demander.
    —    Mes espions ne ramènent que des rumeurs, monseigneur, répondit l’homme d’une voix profonde.
    —    Et pourtant, ces documents se trouvent bien quelque part dans ce pays. N’oublie pas : si quelqu’un met la main dessus, ils doivent nous être remis en main propre. Personne ne doit les lire. Tu m’entends ? Personne. Sur ordre exprès de Sa Sainteté Elle-Même et sous peine d’excommunication.
    — Je comprends, monseigneur.
    Avant que je puisse savoir de quoi ils parlaient, le soldat nous appela. Nous récupérâmes nos montures et nous nous mîmes en marche.
    Le soldat nous guida à travers les méandres du camp vers la place qui nous serait attribuée. La nuit était tombée pendant notre séjour dans la tente d’Amaury et j’étais aux aguets. À maintes reprises, je scrutai les alentours, à la recherche d’Onfroi, dont j’avais l’impression de sentir le regard peser sur ma nuque depuis que je l’avais aperçu. Mais je ne le vis nulle part. J’en fus plus inquiété que soulagé, préférant de loin garder un ennemi de cet acabit dans mon champ de vision. Ce brigand n’était pas du genre à renoncer à une vengeance et manigançait sans doute quelque chose en ce moment même. Montbard et moi pouvions en effet le dénoncer pour ce qu’il avait fait à Rossal et à son seigneur. Une fois aux arrêts, il serait privé du butin qui l’avait certainement attiré parmi les croisés, et je ne doutais pas un seul instant qu’il ferait tout en son pouvoir pour que cela ne se produise pas.
    Nous marchâmes pendant de longues minutes à la lumière des feux de camp, enjambant les dormeurs, les enivrés, les malades et sans doute quelques morts, contournant les chevaux, les monceaux d’équipement et les détritus.
    — Voilà. Vous pouvez vous installer ici, dit le garde en désignant un espace vide.
    Des pierres disposées en cercle contenant encore des

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