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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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descendit de cheval et se retourna vers nous.
    —    Androuet, Montbard et Gondemar. Avec moi.
    Un peu surpris d’être inclus parmi ses lieutenants, et ne m’en sentant guère digne, je le rejoignis. Le soldat s’occupa de nos chevaux qu’il attacha à des pieux non loin de là. Evrart pénétra dans la tente et nous lui emboîtâmes le pas. Avant d’entrer, je me retournai malgré moi. Clairement remis de sa surprise, Onfroi m’adressa ce sourire carnassier que je ne connaissais que trop bien. Il leva la main et fit le geste de se trancher la gorge. Un frisson me parcourut l’épine dorsale. Je savais à quel point cet homme pouvait être dangereux. Il était violent, mais savait aussi être patient et planifier sa vengeance. Heureusement, moi aussi, et j’inclinai la tête pour lui indiquer que je relevais le défi. Je laissai les rabats de la porte retomber derrière moi, sachant que l’affrontement était inévitable.
    Devant nous, un personnage fort singulier était assis sur un fauteuil en bois au dossier haut et bellement sculpté, que je ne pourrais qualifier que de trône. Il portait une soutane blanche couverte d’un luxueux surplis bourgogne brodé de fils d’or. Sur sa tête aux cheveux gris bouclés était posée une mitre d’évêque sertie d’or et de pierres précieuses. Sa barbe était soigneusement taillée et, même à plusieurs pas de distance, il empestait le parfum comme une courtisane. De sa main gauche, il tenait sous son nez un petit mouchoir brodé, sans doute pour masquer les effluves nauséabonds qui s’infiltraient dans sa tente. Dans un brasero posé à même le sol brûlait un encens odoriférant qui ne suffisait pas à contrer l’odeur du camp. De chaque côté de lui, des hommes en armes se tenaient au garde-à-vous. Un élancement traversa ma gorge, mais se calma aussitôt.
    —    Pardieu. Regarde-moi ce précieux. Il se prend pour le pape ou quoi ? marmonna Montbard en se penchant à mon oreille.
    L’homme était de toute évidence rompu aux subtilités du langage diplomatique. Pour marquer sa supériorité hiérarchique, il resta assis, forçant Evrart à franchir les cinq ou six pas qui les séparaient. D’un geste théâtral, il tendit une dextre presque féminine dont le majeur était orné d’un rubis écarlate qui, à lui seul, aurait pu servir à équiper d’armes neuves toutes les troupes qui attendaient devant Béziers. Nanteroi s’agenouilla et posa les lèvres sur le joyau.
    —    Mes hommages, monseigneur, dit-il en inclinant la tête.
    —    Evrart de Nanteroi, rétorqua l’autre d’une voix haut perchée qui martelait les syllabes avec une précision impérieuse. Sois le bienvenu. Dès à présent, par la grâce de sa sainteté Innocent III, tes péchés te sont pardonnés et tes dettes sont reportées. Il en va de même pour tes hommes. Tout butin t’appartiendra en propre et il te reviendra de le distribuer à tes hommes dans les proportions que tu estimeras justes.
    —    Merci, monseigneur.
    Nanteroi se releva.
    —    Combien de soldats amènes-tu ?
    —    Vingt-deux, monseigneur.
    Je notai, non sans fierté, qu’il nous incluait, Montbard et moi. Le légat, lui, se rembrunit visiblement et une petite moue se forma sur ses lèvres pincées.
    —    Vingt-deux. C’est peu, mais nous les acceptons avec reconnaissance.
    —    N’ayez crainte, monseigneur. Mes hommes sont vaillants, bien entraînés et entièrement dévoués à la cause. Chacun d’eux en vaut au moins deux. Et ils m’obéissent au doigt et à l’œil. Vous ne regretterez pas de les compter dans votre camp.
    —    Nous te croyons sur parole, sire Evrart.
    Evrart se tourna vers nous et nous désigna de la main pour nous présenter. Tout à tour, nous dûmes baiser la bague du légat, Montbard avec une réticence visiblement plus grande que les autres, me sembla-t-il. Lorsque ce rituel fut accompli, Amaury se tourna vers le garde qui se tenait à sa droite.
    —    Vois à trouver une place pour sire Evrart et ses hommes. Qu’on leur donne à manger ainsi qu’à leurs chevaux.
    Le garde hocha sèchement la tête et allait obéir lorsque Evrart parla.
    —    Monseigneur, si je puis me permettre ?
    —    Qu’y a-t-il ? Nous avons un siège à superviser.
    —    J’en ai conscience, monseigneur. C’est justement à ce sujet que j’aimerais obtenir quelques précisions.
    Il attendit jusqu’à ce qu’Amaury hoche la

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