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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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tu ne sois bon qu’à brûler des paysans sans défense ? Auquel cas, je t’embrocherai moi-même !
    Piqué au vif par cette remarque, qui me rappelait encore une fois le peu de respect que mon maître me portait, je secouai la tête et relevai les bras. Pour regagner le salut de mon âme, je devais vivre. Mourir maintenant ne serait que le début d’éternels tourments. J’inspirai profondément et me mis en marche. Aussitôt, les années d’enseignement rigoureux prirent le dessus. Mes muscles se délièrent, l’agilité si durement acquise me revint et je m’abandonnai tout entier à la démence ambiante.
    Mon écu protégeant mon flanc gauche, je me plaçai à la gauche de Montbard pour couvrir son côté borgne. À compter de ce moment, je fus emporté hors du temps et de l’espace, dans un lieu où seuls existaient la vie et la mort, où la survie ne tenait qu’à un réflexe, à une réaction ou à la chance. Devant moi, les soldats de Béziers se succédaient. Tel un automate, je parais et répliquais sans relâche, insensible à la fatigue que je ne pouvais me permettre d’éprouver et à la peur qu’engendrerait la défaite. À mes côtés, Montbard en faisait autant avec la terrifiante et froide efficacité du templier qu’il était toujours dans son corps et dans son âme.
    Je ne me souviens que par fragments désarticulés des heures qui suivirent. Je ne saurais dire combien de temps dura la bataille, ponctuée des « Dieu le veut ! » des croisés, qui ne fut qu’une perpétuelle tourmente. Dans ma mémoire, teintée par la griserie du combat et le plaisir animal de tuer, se superposent des scènes de combat, des rues sombres dont chaque recoin cachait un danger mortel, des odeurs, des cris.
    Un soldat blessé, le visage ensanglanté, titubait dans notre direction, déterminé à sacrifier sa vie pour défendre sa cité. D’un bras tremblant de faiblesse, il brandissait un maillet de bois parsemé de clous. Je l’embrochai sans même y prêter attention. Ma lame pénétra facilement son abdomen et je réalisai distraitement qu’il ne portait pas de cotte de mailles, ni d’écu.
    Une femme, la chevelure ébouriffée, le regard fou, un air de possédée, hurlait comme une folle, le regard exorbité. Elle brandissait une faux à la lame bien affûtée avec laquelle, si je me fiais au sang dont elle était couverte, elle avait tranché moult têtes. J’en brisai le manche en deux d’un seul coup puis abattis mon arme sur la tête de la pauvresse, l’ouvrant comme un melon. Elle tomba mollement, sans le moindre bruit.
    Trois soldats en armure luttaient en unité. Des professionnels. Ils s’élançaient vers nous. Montbard s’accroupit d’un geste leste qui m’étonna et sectionna à moitié les jambes du premier, qui tomba sur les genoux. Puis mon maître roula sur lui-même et, aussitôt debout derrière les deux autres, décolla, d’un geste meurtrier, la tête de l’un d’eux pendant que je parais l’attaque de l’autre et que je lui enfonçais la face avec mon écu avant de l’achever d’un coup au ventre.
    Un soldat armé d’une hallebarde sortit d’entre deux maisons. Au dernier moment, je reculai la tête vers l’arrière et la lame acérée effleura mon heaume. Par instinct, je repoussai l’arme d’un coup d’écu. Le torse de mon adversaire était désormais exposé. Je frappai vers l’intérieur et la pointe de mon arme lui trancha la gorge. Le sang en sortit par jets puissants qui mouillèrent ma chemise. Je sentis vaguement la chaleur du liquide sur ma peau.
    Un carreau d’arbalète se ficha dans mon écu, sa pointe menaçante émergeant de l’autre côté, juste au-dessus de mon avant-bras. Un doigt plus bas et les os de mon avant-bras étaient réduits en miettes. Quelques pouces plus haut et elle s’enfonçait dans mon visage. Je cherchai l’arbalétrier et le repérai, juché au sommet d’un muret de pierre, à environ quatre toises de moi. Il rechargeait son arme. Je passai mon épée dans ma main gauche, la tenant avec mon écu, ramassai la hallebarde de celui que je venais d’occire, la soupesai et la lançai en laissant échapper un cri qui semblait provenir du fond de mes entrailles. L’arme siffla dans l’air, traversa la distance qui me séparait de l’autre et s’enfonça à la hauteur de son cœur. Il laissa tomber l’arbalète et aurait chu sur le sol si le long manche ne l’avait pas soutenu. Il resta là, empalé et un peu ridicule

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