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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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croisés de Montfort, regroupés autour d’un étendard à lion passant rouge, s’étaient massés devant les portes ouvertes, affrontant avec un enthousiasme meurtrier les défenseurs de la cité qui tentaient futilement de les refermer. Le sommet de la muraille était déserté, ses gardes l’ayant sans doute abandonné pour se joindre à ceux qui tentaient d’endiguer la marée humaine. Des croisés profitaient de leur absence pour appuyer de longues échelles contre les murs, les franchir sans être inquiétés et se répandre ensuite dans la cité.
    —    Qui est ce Montfort ? demanda Evrart, visiblement impressionné par ce qu’il voyait, en ajustant son écu.
    Le soldat le regarda comme s’il était un pauvre d’esprit.
    —    Le second fils du seigneur de Rambouillet, près de Paris, devenu comte de Leicester, en Angleterre, grâce au décès providentiel de son oncle Robert. Un dévot impeccable, pieux et très respecté depuis son passage en Terre sainte. On raconte qu’il a même ramené d’Orient un morceau de la sainte Croix. Ses hommes le suivraient jusqu’en enfer s’il le demandait. Il aime le sang et la mort, le bougre. Il éventrerait un enfant sous les yeux de sa mère sans broncher. Parfois, je me demande s’il n’est pas le diable incarné. C’est sans doute pourquoi Amaury l’aime tant.
    —    Et quels sont les ordres ?
    —    Mais. de prendre la cité, évidemment.
    —    Morbleu ! tonna soudain Montbard, qui piaffait d’impatience. Allons-nous rester longtemps à caqueter comme de vieilles mégères édentées au lieu d’agir ? Il y a une bataille en cours et m’est avis qu’il serait plus agréable d’y participer !
    Cette sortie coléreuse, que je savais émaner d’un templier habitué à foncer sur les infidèles et pressé d’en découdre, nous tira de notre torpeur. Nous convînmes qu’il était inutile de seller nos montures, car l’assaut se faisait à pied. En ce matin de la Sainte-Madeleine, seigneurs et soldats seraient tous des fantassins, égaux devant Dieu et les hommes. Je bouclai mon ceinturon, passai mes gants en cotte de mailles, ajustai mon écu, coiffai le heaume de Nanteroi et tirai mon épée. J’étais prêt à combattre et je ressentais les premières manifestations de cette luxure grisante monter dans mon ventre. Devais-je la laisser me dominer ou tenter de la contrôler ? C’était elle qui m’avait mené dans la situation où je me trouvais, qui avait mis mon âme en péril, mais Métatron m’avait bien laissé entendre qu’elle me serait utile. Si je devais regagner mon salut, massacrer des hérétiques ne pouvait certes pas me nuire.
    Autour de moi, les hommes de Nanteroi étaient prêts également. Ils se tenaient immobiles, droits comme des chênes, le regard dur et froid, l’air grave et déterminé. Aucun d’eux ne montrait la moindre nervosité. Evrart les dévisagea un instant et parut satisfait de ce qu’il vit. Il leva son arme vers le ciel, où elle étincela dans la lumière naissante du soleil.
    —    Pour la Foi et Nanteroi ! hurla-t-il.
    —    Pour la Foi, Nanteroi et sire Evrart ! répondirent-ils en chœur.
    Nous nous mîmes en marche vers la muraille de Béziers, bientôt entourés de ce qu’il restait des troupes qui s’étaient amenées de toutes les extrémités du camp. Emportés par une marée humaine au sein de laquelle tout se bousculait en un tourbillon étourdissant, nous fûmes forcés de trottiner puis de courir pour ne pas être piétinés par les hordes assoiffées de sang, de violence et de butin. Comme les autres, nous hurlions à l’épouvante, sans doute autant pour nous donner du courage que pour instiller la peur dans le cœur de l’adversaire.
    Au centre de la tourmente, j’aperçus une chaise à porteurs transportée par quatre soldats qui soufflaient comme des bœufs de trait. Elle était surmontée d’un dais pourpre orné de glands dorés qui ballottaient allègrement. En passant à proximité, j’entrevis entre les rideaux la personne émaciée et précieuse d’Arnaud Amaury assise à l’intérieur, tentant de maintenir un semblant de dignité malgré le tangage inquiétant du véhicule.
    —    Mon estomac se révulse à l’idée de l’admettre, mais cet oiseau de malheur a des couilles bien dures sous cette soutane pour se tenir ainsi au milieu des troupes, dit Montbard, près de moi. Malheureusement, il n’a guère de cervelle, il va se retrouver

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