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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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des maisons, transportant tout ce qu’ils avaient pu voler. Quand un survivant malchanceux était repéré, il était aussitôt passé par l’épée, non sans avoir été d’abord préalablement tourmenté à souhait par les soldats de Dieu. Crier sa foi n’y changeait rien. Dans tous les coins, des femmes, mais aussi des fillettes, subissaient les pires outrages.
    Apathique, je me retrouvai bientôt à gravir la colline que j’avais aperçue lors de mon arrivée devant Béziers et qui trônait au centre de la ville. Du sommet me parvenaient des cris et un grand bruit. Quand je l’atteignis, haletant, perclus de douleur et de fatigue, j’y découvris une place entourée de maisons.
    Je me tenais devant une église basse en pierre pâle, au petit clocher en pointe à côté duquel se dressait une curieuse tourelle crénelée. Sur le parvis étaient massés des croisés dont une dizaine, particulièrement costauds, tentaient d’enfoncer les portes en bois massif du lieu saint à l’aide d’un lourd bélier. Je m’approchai d’un groupe en notant distraitement l’étendard à lion passant rouge qui se trouvait au milieu. Un homme en armure se retourna vers moi et me toisa avec méfiance de la tête aux pieds. Je reconnus celui que nous avions croisé en sortant de la tente du légat. Ses yeux noirs me donnèrent l’impression de me fouiller jusqu'à l âme.
    —    Qui es-tu ? s’enquit-il sans ambages.
    —    Gondemar, sieur de Rossal, marmonnai-je. Je cherche Evrart de Nanteroi et ses hommes.
    À la mention de ce nom, l’attitude de mon interlocuteur changea du tout au tout.
    —    Ah ! J’entends qu’il s’est bien battu, celui-là ! Un vrai lion ! Mais j’ignore où il se trouve. M’est avis que ses hommes et lui doivent être en train d’inventorier leur butin ou de lutiner quelque jolie cathare.
    Il me tendit une main gantée de fer et écrasa la mienne dans une poigne ferme.
    —    Simon de Montfort, dit-il.
    —    Mes hommages, sire. J’ai. entendu parler de vous, hésitai-je, en me souvenant du portrait mitigé qu’en avait dressé le soldat d’Arnaud Amaury.
    Montfort désigna l’église du chef.
    —    Un millier de cathares se sont réfugiés là-dedans ! Des prêtres, des femmes et des enfants. Par Dieu, ils ne m’échapperont pas en se réfugiant dans un lieu saint dont ils ne sont pas dignes de fouler le sol ! Je les ferai éventrer jusqu’au dernier.
    À ce moment, un grand craquement retentit. Les portes venaient d’être enfoncées et pendaient sur leurs gonds. Montfort me toisa, le regard brillant de fanatisme.
    —    Voilà ! Tu viens ?
    Je hochai négativement la tête.
    —    À ta guise, dit-il en haussant les épaules avec indifférence.
    Il s’éloigna et prit place à la tête de ses hommes. Il leur fit
    face et d’un geste de son épée, donna le signal du massacre.
    —    Pour Dieu et pour le pape ! s’écria-t-il d’une voix puissante qui domina aisément le vacarme ambiant. Mort aux impies !
    Aussitôt, ses hommes s’élancèrent à sa suite, arme au poing, comme une meute de loups traquant des agneaux sans défense. Dans l’embrasure de la porte enfoncée, des prêtres apparurent. L’air solennel et effrayé, ils brandissaient des crucifix d’une main tremblante. Montfort échangea quelques mots avec eux. Le vacarme était tel que je n’entendis pas ce qui se disait, mais je n’eus point de difficulté à comprendre que les prêtres affirmaient partager la foi des croisés et tentaient de le raisonner. Tout cela fut en vain. Montfort enfonça son épée dans le ventre de celui qui lui faisait face. En une seconde, les autres furent abattus et piétinés. La horde s’engouffra dans l’église qu’elle allait souiller et profaner par ses actes.
    Je me laissai choir par terre, incapable d’imaginer participer à un massacre de plus. Moi qui avais perdu mon âme à cause de la luxure du combat, cette violence grisante que j’aimais tant ressentir, ce pouvoir absolu de vie et de mort, je me sentais tout à coup dégoûté, écœuré, désespérément las. À défaut de meilleure expression, j’étais gavé comme une oie. La sauvagerie et la bestialité m’avaient rempli et maintenant, j’en débordais. Je pouvais comprendre que l’on mît ses armes au service de l’honneur, d’une juste cause. Mais pas pour un massacre aveugle comme celui-ci.
    Les hurlements des pauvres innocents que l’on massacrait et les

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