L'Héritage des Templiers

Stéphanie porta son attention sur le jeune homme qui se tenait en retrait. Il dégageait une grande fraîcheur mais il semblait également fasciné, comme s’il entendait ces détails pour la première fois. « Vous vous appelez Geoffrey ? » La question de Stéphanie fut accueillie par un hochement de tête.
    « Vous ignoriez que j’étais la mère de Mark ?
    — Je ne sais pas grand-chose des autres frères. C’est la règle qui le veut. Un templier ne se confie pas. Nous sommes membres de la confrérie et nos origines importent peu comparées à cette appartenance.
    — Ce n’est pas très humain, tout ça.
    — Je trouve cela stimulant.
    — Geoffrey t’a envoyé un paquet, intervint Mark, le journal de papa. Tu l’as reçu ?
    — C’est la raison de ma venue.
    — Je l’avais avec moi le jour de l’avalanche. Je l’ai confié au maître quand j’ai prêté serment. À sa mort, j’ai découvert qu’il avait disparu.
    — Votre maître est mort ? demanda Malone.
    — Nous avons un nouveau chef, mais c’est le diable incarné. »
    Malone décrivit l’homme qui les avait agressés dans la cathédrale de Roskilde.
    « C’est Raymond de Rochefort, confirma Mark. Comment se fait-il que vous le connaissiez ?
    — Nous sommes de vieux amis, dit Malone avant de leur expliquer ce qui venait de se passer en Avignon.
    — Claridon est sans doute son prisonnier. Que Dieu lui vienne en aide.
    — Les Templiers terrifiaient le pauvre homme.
    — Il a toutes les raisons de craindre de Rochefort.
    — Tu n’as toujours pas expliqué ce qui t’a poussé à passer ces cinq dernières années dans cette abbaye, insista Stéphanie.
    — J’y avais trouvé ce que je cherchais. Le maître était un vrai père pour moi. C’était un homme bon et doux, plein de compassion.
    — Contrairement à moi, c’est ça ?
    — Ce n’est pas le moment de parler de ça.
    — Quand aurons-nous cette discussion, alors ? Je te croyais mort, Mark. Mais tu te cachais dans une abbaye, au milieu des Templiers…
    — Votre fils était notre sénéchal, expliqua Geoffrey. Notre maître et lui ont fait du bon travail. Son arrivée a été une véritable bénédiction pour l’ordre.
    — Il secondait le maître ? Comment avez-vous pu monter les échelons aussi rapidement ? insista Malone.
    — Le sénéchal est désigné par le maître. Lui seul peut déterminer qui est suffisamment qualifié. Et il a fait le bon choix.
    — Vous avez là un compagnon fort dévoué, remarqua Malone avec un sourire.
    — Geoffrey est une mine de renseignements, même si nous n’apprendrons rien de lui tant qu’il ne l’aura pas décidé.
    — Pouvez-vous être plus clair ? »
    Mark leur fit le récit des dernières quarante-huit heures. Stéphanie l’écoutait avec un mélange de fascination et de colère. Son fils parlait de la confrérie avec grand respect.
    « Au départ obscur groupe composé de neuf chevaliers censés protéger les pèlerins jusqu’en Terre sainte, l’ordre des Templiers s’est rapidement mué en confrérie internationale comptant plusieurs milliers de membres disséminés dans neuf mille commanderies sur plusieurs continents. Souverains et papes les craignaient et personne avant Philippe le Bel n’avait réussi à se mesurer à eux. Savez-vous pourquoi ?
    — À cause de leurs prouesses militaires, je suppose, répondit Malone.
    — Non, ce n’était pas leur puissance militaire qui faisait leur force, c’était leur savoir. Ils détenaient des informations que personne d’autre ne possédait.
    — Mark, fit Malone avec un soupir, nous ne nous connaissons pas mais nous sommes au beau milieu de la nuit, j’ai sommeil et ma nuque me fait atrocement souffrir. Est-ce que nous pourrions en finir avec les devinettes et aller droit au but ?
    — Le trésor des Templiers recèle une information concernant la crucifixion de Jésus. »
    À ces mots, un profond silence envahit la pièce.
    « Une information de quelle nature ? demanda Malone.
    — Je l’ignore, mais on l’a baptisée le legs des Templiers. Ce legs a été découvert en Terre sainte, sous le Temple de Jérusalem où il aurait été caché quelque temps avant l’année 70 après J.-C, date de la destruction du Temple. Les Templiers l’ont alors ramené en France pour le mettre à l’abri ; seuls les officiers supérieurs savaient où le trouver. Jacques de Molay, le maître de l’ordre au moment de la purge, a