L'Héritage des Templiers
retient plus ici. Ni vous ni moi. »
Elle avait encore raison.
Ils sortirent du palais et regagnèrent leur voiture. Après avoir semé leurs poursuivants à la sortie de Rennes-le-Château, Malone savait qu’ils n’avaient pas été suivis jusqu’à Avignon ; leurs agresseurs devaient donc déjà se trouver en ville, éventualité peu probable, ou alors c’est qu’un système de surveillance avait été utilisé pour les filer. Ce qui signifiait que la course-poursuite et les coups de feu échangés avant que la Renault ne s’embourbe sur le bas-côté n’étaient que du cinéma destiné à l’endormir.
Et cela avait marché.
Ils étaient hors jeu, désormais, aussi Malone décida-t-il de rentrer à Rennes-le-Château pour y passer la nuit.
Partis vers minuit, ils franchirent les portes du village peu avant trois heures du matin. Un vent frais balayait le sommet de la colline et la Voie lactée sillonnait le ciel au-dessus d’eux alors qu’ils quittaient le parking. Pas une lumière ne brillait dans le village dont les rues portaient encore les stigmates de la pluie de la veille.
« Reposons-nous un peu, dit Malone, épuisé. Nous partirons vers midi. Je suis sûr que vous trouverez une place sur le prochain Paris-Atlanta. »
Stéphanie ouvrit la porte. Malone alluma la lumière du salon et remarqua immédiatement un sac à dos posé sur une chaise que ni Stéphanie ni lui n’avaient amené.
Il empoigna son arme.
Il perçut un mouvement dans la chambre. Un homme apparut à la porte, un Glock pointé sur lui.
« Qui diable êtes-vous ? » s’écria Malone en levant son arme.
L’inconnu approchait la trentaine ; ses cheveux courts et sa forte carrure n’étaient pas sans lui rappeler un certain nombre d’individus croisés ces derniers jours. Bien qu’agréable, son visage était celui de quelqu’un prêt à en découdre, les yeux se détachant telles des billes de marbre noir ; il tenait son arme avec assurance. Cependant, Malone crut percevoir chez lui une espèce d’incertitude, comme s’il ne savait pas exactement à qui il avait affaire.
« Je vous ai demandé qui vous étiez.
— Baisse ton arme, Geoffrey, dit un homme depuis la chambre.
— Vous êtes sûr ?
— Fais ce que je dis. »
Il obéit. Malone baissa son arme, lui aussi.
L’autre individu sortit de l’ombre.
Élancé, large d’épaules, il avait des cheveux auburn coupés court. Lui aussi tenait une arme et il ne fallut à Malone qu’une seconde pour reconnaître la fossette, la peau mate et le regard doux qu’il avait déjà vus sur la photo toujours posée sur la table basse.
« Dieu tout-puissant », s’exclama Stéphanie, le souffle coupé.
Malone était sous le choc, lui aussi.
Mark Nelle se tenait là, sous ses yeux.
Stéphanie tremblait de tous ses membres. Son cœur battait la chamade. Pendant un instant, elle eut du mal à reprendre ses esprits.
Son fils unique se tenait à quelques mètres d’elle.
Elle aurait voulu se précipiter vers lui, lui dire à quel point elle regrettait leurs différends, comme elle était heureuse de le voir. Mais elle était tout engourdie.
« Maman, ton fils revient d’entre les morts », s’écria Mark avec froideur, et Stéphanie sut immédiatement qu’il lui en voulait toujours.
« Où étais-tu ?
— C’est une longue histoire. »
Dans son regard, elle ne lut aucune compassion. Stéphanie attendit qu’il s’explique, mais rien ne vint.
Malone s’approcha d’elle, lui toucha l’épaule et rompit le silence embarrassé : « Asseyez-vous. »
Elle se sentait étrangère à sa vie, son cerveau en proie à une intense confusion et elle avait du mal à maîtriser son angoisse. Mais après tout, bon sang, elle était à la tête de l’une des unités d’élite les plus pointues des États-Unis. Elle gérait les crises au quotidien. Aucune n’était aussi personnelle que celle qu’elle vivait en ce moment, certes, mais si Mark souhaitait que leurs retrouvailles soient aussi glaciales que cela, qu’il en soit ainsi ; elle n’allait pas donner à ces hommes la satisfaction de penser que ses émotions la dominaient.
Elle suivit donc le conseil de Malone et dit : « Très bien, Mark, raconte-nous ce qui t’est arrivé. »
Mark Nelle ouvrit les yeux. Il ne se trouvait plus à deux mille quatre cents mètres d’altitude sur le versant français des Pyrénées, cheminant dans la neige avec ses chaussures à
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