L'Héritage des Templiers

emporté ce secret dans la tombe en 1314. Philippe le Bel a tenté de le lui extorquer, mais en vain. Mon père pensait que l’abbé Bigou et l’abbé Saunière étaient parvenus à le découvrir. Il était convaincu que Saunière avait trouvé la cache des Templiers.
    — Le maître était du même avis, dit Geoffrey.
    — Vous voyez ce que je veux dire ? dit Mark en se tournant vers son ami. Prononcez le mot magique et vous obtenez les renseignements.
    — D’après le maître, Bigou et Saunière avaient vu juste, confirma Geoffrey. Il a beaucoup insisté sur ce point.
    — À quel propos avaient-ils vu juste ? intervint Mark.
    — Il n’a pas précisé.
    — Comme vous, monsieur Malone, je suis las des devinettes.
    — Appelez-moi Cotton.
    — Intéressant, ce nom. D’où le tenez-vous ?
    — C’est une longue histoire. Je vous expliquerai, un jour.
    — Mark, l’interrompit Stéphanie, tu ne peux pas réellement croire qu’il existe une preuve matérielle de la crucifixion de Jésus ? Ton père n’est jamais allé aussi loin.
    — Comment le saurais-tu ? rétorqua-t-il, d’un ton plein d’amertume.
    — Je sais qu’il…
    — Tu ne sais rien du tout, maman, c’est ça le problème. Tu n’as jamais rien su des idées de papa. Tu étais persuadée qu’il poursuivait des chimères, qu’il gâchait son potentiel. Tu ne l’as jamais suffisamment aimé pour le laisser être lui-même. Tu pensais qu’il courait après la gloire et la fortune. C’était faux. Il était en quête de vérité. Le Christ est mort. Il a ressuscité. Il reviendra sur terre. Voilà ce qui l’intéressait. »
    Stéphanie s’efforça de reprendre ses esprits et prit sur elle pour ne pas répondre.
    « Papa était un universitaire sérieux. Son travail était tout à fait respectable ; simplement, il ne parlait jamais de sa véritable quête. En découvrant Rennes-le-Château dans les années soixante-dix, en popularisant l’histoire de Saunière, il a trouvé un moyen de se procurer des fonds. Les événements qui ont pu avoir lieu ici font un bon sujet de roman. Des millions de lecteurs se sont passionnés pour cette histoire, même si elle a été enjolivée. Tu fais partie des rares personnes que le sujet n’intéresse pas.
    — Ton père et moi avons tenté de résoudre nos différends.
    — Comment t’y es-tu prise ? En lui disant qu’il gâchait sa vie, qu’il détruisait sa famille ? En lui disant que c’était un raté ?
    — D’accord, bon sang, j’ai eu tort, hurla Stéphanie, tu veux me l’entendre dire de nouveau ? J’ai eu tort. » Elle se leva, mue par la force du désespoir. « Je me suis plantée. C’est ça que tu veux entendre ? Ça fait cinq ans que je te crois mort, et tout d’un coup tu réapparais et ta seule exigence, c’est que j’admette mes torts. Parfait. Si je pouvais le dire à ton père, je le ferais. Si je pouvais le supplier de me pardonner, je le ferais. Mais c’est impossible. » Les mots se bousculaient dans sa bouche ; la voix chargée d’émotion, elle avait l’intention d’aller jusqu’au bout tant qu’elle en avait le courage. « Je suis venue ici avec l’intention de voir ce que je pouvais faire, pour essayer de mener à bien cette quête que Lars et toi pensiez importante. C’est la seule raison de ma présence ici. Je croyais enfin faire ce qu’il fallait. Alors cesse d’employer ce ton moralisateur avec moi. Toi aussi, tu t’es planté. La différence entre nous, c’est que moi j’ai évolué en cinq ans. »
    Elle s’affala sur sa chaise, un tant soit peu soulagée. Mais elle se rendit compte que le fossé entre son fils et elle venait de se creuser un peu plus. Elle frissonna à cette idée.
    « Pourquoi ne pas essayer de dormir un peu, nous réglerons tout cela dans quelques heures ? » dit Malone, rompant le silence.

38
     
    Abbaye des Fontaines
    Dimanche 25 juin
    5 h 25
     
    De Rochefort claqua la porte derrière lui ; le contact du métal contre le métal produisit une déflagration et le loquet se ferma.
    « Tout est prêt ? s’informa-t-il auprès de l’un de ses assistants.
    — Conformément à vos instructions. »
    Bien. Il était temps de passer aux choses sérieuses. Il traversa le couloir souterrain. Il se trouvait trois étages sous le rez-de-chaussée, dans une partie de l’abbaye occupée pour la première fois trois mille ans plus tôt. Des travaux continuels avaient transformé cette