L'Héritage des Templiers
raconte qu’il aurait vu apparaître sur le soleil une croix frappée de cette devise.
— Il existe une différence, nota Mark. Dans la phrase originale, “par ce signe tu vaincras”, le pronom le n’apparaît pas.
— C’est important ?
— Mon père a découvert une ancienne légende juive qui raconte comment le roi Salomon réussit à empêcher les démons de gêner l’édification de son temple. Il put contrôler Asmodée, l’un des démons, en le forçant à transporter de l’eau, élément dont il avait horreur. Aussi la symbolique de ce bénitier correspond-elle au personnage. Le pronom le a été ajouté par Saunière, cela ne fait aucun doute. Pour certains, il voulait simplement dire que, en se signant avec de l’eau bénite, ce que font tous les catholiques, le diable – c’est à lui que le pronom fait référence – sera vaincu. Mais d’autres font valoir la position du pronom dans la phrase. Le pronom le représente les treizième et quatorzième lettres de la phrase. 1314.
— L’année où Jacques de Molay a été exécuté.
— S’agit-il d’une coïncidence ? » s’interrogea Mark avec un haussement d’épaules.
Une vingtaine de touristes allaient et venaient, prenaient des photos et examinaient les images religieuses criardes bourrées de symboles cryptiques. Des vitraux illuminés par le soleil égayaient le mur extérieur de l’église et Malone reconnut certaines scènes du Nouveau Testament : Marie et Marthe à Béthanie. Marie-Madeleine et le Christ ressuscité. La résurrection de Lazare.
« On se croirait dans une espèce de parc d’attraction religieux, murmura-t-il.
— C’est une manière de voir les choses. »
Mark désigna le carrelage en damier devant l’autel. « C’est là que se trouve l’entrée de la crypte, juste devant la grille en fer forgé, dissimulée sous les carreaux. Il y a quelques années, un groupe de géomètres français a réussi à faire quelques mesures à l’aide d’un radar avant que les autorités locales ne les arrêtent. Les résultats démontrent l’existence d’une anomalie souterraine située sous l’autel qui pourrait correspondre à la présence d’une crypte.
— On n’a pas procédé à des fouilles ?
— Les villageois s’y opposent catégoriquement. Le danger serait trop grand pour l’industrie touristique.
— C’est exactement ce que Claridon nous a dit hier », fit Malone avec un sourire.
Ils s’installèrent sur un banc.
« Une chose est certaine, murmura Mark, rien ici ne mène à un trésor. En revanche, Saunière s’est servi de son église pour rendre ses convictions publiques. Et d’après ce que j’ai lu à son sujet, il était tout à fait capable de ce genre d’impertinence. »
Il n’y avait dans ce qui entourait les deux hommes aucune finesse ni délicatesse. Les couleurs trop vives et les dorures trop brillantes gâchaient la beauté de l’endroit. Malone se rendit compte que ce décor manquait totalement d’harmonie. Chaque œuvre, des statues aux bas-reliefs en passant par les vitraux, avait ses caractéristiques artistiques propres. On n’y trouvait aucun fil conducteur, comme si l’unité s’avérait insultante d’une certaine manière.
Un étrange assemblage de saints l’observaient de leur regard las, comme si les détails criards leur faisaient honte à eux aussi. Saint Roch montrait sa blessure à la cuisse. Sainte Germaine laissait tomber une brassée de fleurs de son tablier. Sainte Madeleine portait un vase de forme étrange. Malone avait beau essayer de se détendre, il n’y arrivait pas. Il avait visité de nombreuses églises européennes dans lesquelles la plupart du temps on ressentait le poids du temps et de l’histoire. Cette église-ci n’inspirait que répulsion.
« Saunière a supervisé les moindres détails de la décoration, expliquait Mark. Rien n’a été placé ici sans son accord. Regardez saint Antoine de Padoue ; c’est lui que l’on prie lorsqu’on a perdu quelque chose.
— Encore un message ? demanda Malone à qui l’ironie du jeune homme n’avait pas échappé.
— C’est tout à fait clair. Regardez le chemin de croix. »
Les bas-reliefs commençaient près de l’autel ; sept d’entre eux étaient placés sur le mur nord, et sept autres sur le mur sud, chaque station décrivant une étape de la crucifixion du Christ. La patine vive et les détails dignes d’une bande dessinée semblaient
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