L'Héritage des Templiers
une trouvaille peu banale.
— Parfait, restons-en là. Mais j’ai hâte de voir votre réaction si nous réussissons.
— Vous êtes à ce point persuadée qu’il y a quelque chose à trouver ?
— Le trésor est là, quelque part, déclara Cassiopée en désignant d’un geste ample la chaîne des Pyrénées qui courait à l’horizon. Si Saunière a pu le trouver, nous en sommes capables, nous aussi. »
« La Bible n’est pas à prendre au sens littéral, précisa Stéphanie en repensant aux propos de Thorvaldsen.
— Nombre de courants religieux chrétiens seraient en désaccord avec cette déclaration, répondit le vieil homme. Pour eux, la Bible renferme la parole de Dieu.
— Mark, ton père était-il de cet avis ?
— Nous avons débattu sur ce point à maintes reprises. Au début, j’étais croyant et je contestais son point de vue. Mais j’ai fini pas me ranger à son opinion. C’est un livre de fables, d’histoires merveilleuses destinées à guider les gens sur le droit chemin. Elles sont empreintes d’une certaine grandeur si l’on s’en tient à leur morale. Peu importe qu’il s’agisse de la parole divine ; que la vérité transmise soit intemporelle suffit amplement.
— Élever Jésus au rang de divinité permettait simplement de donner davantage de poids au message, renchérit Thorvaldsen. Après que la religion organisée eut pris le dessus aux III e et IV e siècles après J.-C, on a ajouté tant de détails à la légende qu’il est aujourd’hui impossible d’en distinguer l’essence. Lars voulait changer tout cela. Il voulait découvrir ce que les Templiers possédaient jadis. Lorsqu’il a entendu parler de Rennes-le-Château pour la première fois il y a des années, il s’est tout de suite dit que le trésor de Saunière ne pouvait être que le legs des Templiers. Et il a consacré sa vie à résoudre l’énigme de Rennes-le-Château.
— Qu’est-ce qui vous fait croire que les Templiers ont caché certains documents ? insista Stéphanie, toujours pas convaincue. N’ont-ils pas tous été rapidement arrêtés ? Auraient-ils pu trouver le temps de cacher quoi que ce soit ?
— Ils s’étaient préparés, expliqua Mark. Les chroniques sont formelles. L’action de Philippe le Bel avait un précédent. Un siècle plus tôt, un incident s’était produit avec l’empereur Frédéric II. En 1228, il s’était rendu en Terre sainte mais, excommunié, ne pouvait mener de croisade. Les Templiers et les Hospitaliers restèrent fidèles au pape et refusèrent de lui obéir. Seuls les chevaliers teutoniques le soutinrent. Il finit par négocier la restitution partielle de Jérusalem par les Sarrasins. Selon les termes de ce traité, le Temple, qui abritait le quartier général des Templiers, restait aux mains des musulmans. On imagine ce que les Templiers pensaient de lui. Il était tout aussi amoral que Néron et universellement honni. Il tenta même d’enlever le maître de l’ordre. Et lorsqu’il quitta la Terre sainte en 1229, sur le chemin d’Acre, les autochtones le bombardèrent d’excréments. Il haïssait les Templiers pour leur manque de loyauté et, à son retour en Sicile, il s’empara de leurs biens et procéda à de nombreuses arrestations dans les rangs de l’ordre. Cet épisode est retranscrit dans les chroniques.
— L’ordre se tenait donc prêt ? demanda Thorvaldsen.
— Il avait déjà fait l’expérience directe de l’hostilité d’un souverain. Philippe le Bel était du même genre que l’empereur Frédéric II. Jeune homme, il avait émis le souhait d’entrer dans l’ordre mais n’avait pas été admis, et il en voulut toute sa vie à la confrérie. Au début de son règne, les Templiers lui sauvèrent la vie quand le peuple se révolta contre sa décision de dévaluer la monnaie. Il se réfugia au Temple, à Paris. À la suite de cet incident, il se sentit redevable envers les Templiers, sentiment que les monarques n’aiment guère. Oui, l’ordre se tenait prêt, le 13 octobre 1307. Malheureusement, aucun détail concernant les préparatifs n’apparaît dans les registres. Papa a consacré son existence à essayer de résoudre ce mystère, conclut Mark en dévisageant sa mère.
— La recherche le passionnait, n’est-ce pas ? constata Thorvaldsen.
— C’était l’une des rares sources de joie dans sa vie, répondit Mark sans quitter sa mère des yeux. Il voulait rendre sa femme heureuse
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