L'Héritage des Templiers

d’après Luc. D’après Matthieu, oui. Jean dit d’abord que non, mais le Seigneur apparaît plus tard à Marie-Madeleine. Ce qui s’est passé est clair comme de l’eau de roche : au fil du temps, la résurrection est devenue de plus en plus miraculeuse pour mieux correspondre à l’évolution du monde.
    — Je suppose, intervint Stéphanie, que vous n’adhérez pas au principe de l’infaillibilité biblique ?
    — Il n’y a rien de littéral dans la Bible. C’est un conte truffé de contradictions que seule la foi permet d’expliquer. Cela devait marcher il y a mille ans, peut-être encore il y a cinq siècles, mais cette explication n’est plus acceptable aujourd’hui. L’homme moderne remet en cause ce genre de concept. C’est ce que faisait votre mari.
    — Que cherchait-il à accomplir, exactement ?
    — L’impossible, murmura Mark.
    — Pourtant cela ne l’a jamais arrêté », remarqua sa mère en lui jetant un regard étrangement bienveillant. Sa voix était grave, mélodieuse, comme si elle venait de comprendre une vérité qui lui aurait longtemps échappé. « Si cela se trouve, il poursuivait un rêve merveilleux.
    — Un rêve fondé, la reprit Mark. Les Templiers possédaient jadis le savoir que papa recherchait. Ils lisent et étudient encore à l’heure actuelle les textes apocryphes. Évangile de Philippe, Actes de Barnabé, Actes de Pierre, Épîtres des apôtres, Livre secret de Jean, Évangile de Marie, Didachè. Et l’Évangile de Thomas, peut-être à leurs yeux le plus fidèle aux paroles de Jésus puisqu’il n’a pas fait l’objet de multiples traductions. Beaucoup de ces textes – hérétiques selon certains – sont extrêmement instructifs. Voilà ce qui distinguait les Templiers. La véritable source de leur pouvoir, ce n’était ni la richesse ni la puissance, mais le savoir. »
     

     
    À l’ombre des majestueux peupliers qui parsemaient le promontoire, dont le feuillage était agité par une légère brise qui atténuait la brûlure du soleil, Malone se remémorait certains après-midi d’automne à la plage. Il attendait que Cassiopée lui révèle ces fameuses informations que personne ne connaissait. « Pourquoi avoir laissé de Rochefort s’emparer du journal de Lars ?
    — Parce qu’il est sans valeur, répondit-elle, une lueur d’amusement traversant ses yeux noirs.
    — Je croyais qu’il renfermait les pensées intimes de Lars, des informations jamais publiées. La clé de toute l’histoire.
    — Certains détails sont véridiques, mais ils ne sont la clé de rien du tout. Lars l’a écrit à l’intention des Templiers.
    — Claridon était-il au courant ?
    — J’en doute. Lars était un homme secret. Il ne se livrait jamais entièrement. Il a déclaré un jour que seuls les paranoïaques pouvaient survivre dans son métier.
    — Comment êtes-vous au courant ?
    — Henrik s’était aperçu du subterfuge. Sans entrer dans les détails, Lars lui avait parlé de ses rencontres avec les Templiers. Il a même cru s’entretenir avec le maître de l’ordre, à certaines occasions. Ils ont eu plusieurs conversations, mais au fil du temps, de Rochefort est devenu de plus en plus présent. C’était quelqu’un de complètement différent. Plus agressif, moins tolérant. Aussi Lars a-t-il imaginé ce journal pour monopoliser l’attention de de Rochefort – stratagème assez proche de ceux de Saunière, d’ailleurs.
    — Le maître templier en était-il conscient ? Lorsqu’on a amené Mark à l’abbaye, il était en possession du carnet. Le maître l’a gardé sous clé jusqu’au mois dernier, date à laquelle il l’a fait parvenir à Stéphanie.
    — Difficile à dire. Mais s’il a envoyé le carnet à Stéphanie, il est possible que le maître ait pensé que de Rochefort essaierait de faire main basse dessus. Il souhaitait de toute évidence impliquer Stéphanie et quel meilleur moyen de le faire que de l’allécher avec ce journal ? »
    Il fallait bien admettre que c’était malin, et cela avait marché.
    « Le maître devait penser que Stéphanie se servirait des moyens considérables mis à sa disposition pour faire avancer la quête, expliqua Cassiopée.
    — Il ne connaissait pas Stéphanie. Une vraie tête de mule. Il ignorait qu’elle essaierait de s’en sortir seule.
    — Mais vous étiez là pour l’aider.
    — Je suis un sacré veinard.
    — Oh, ce n’est pas si terrible. Si cela