L'Héritage des Templiers
Jacques et Jean, ils virent la vérité, eux aussi. Avant de quitter Jérusalem, nous retournâmes sur les lieux de ma vision et exhumâmes la dépouille de Jésus. Nous l’emportâmes avec nous et la plaçâmes dans une grotte. L’année d’après, nous rassemblâmes ses ossements. Puis j’écrivis ces lignes que je plaçai avec l’homme que l’on appelait Jésus car, réunis, ils sont le Verbe .
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Mark était à la fois déconcerté et ébahi. Il connaissait Simon.
D’abord surnommé Cephas en araméen, puis Petros, pierre en grec, il avait fini par être baptisé Pierre et, d’après les Évangiles, le Christ aurait déclaré : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. »
Ce testament était le premier compte rendu ancien dont la lecture avait un sens. Aucun événement surnaturel, aucune apparition miraculeuse. Aucun acte venant contredire l’histoire ou la logique. Aucune inconsistance venant jeter le doute sur la crédibilité des événements relatés. Le simple témoignage d’un modeste pêcheur qui avait connu un grand homme dont les bonnes actions et les paroles de réconfort s’étaient perpétuées après sa mort et l’avaient inspiré au point de reprendre le flambeau.
Simon ne possédait certainement pas les capacités intellectuelles nécessaires pour façonner le type de principes religieux qui devaient voir le jour bien plus tard. Ses connaissances se cantonnaient en la personne de Jésus, qu’il avait connu, et que Dieu avait repris après lui avoir infligé une mort violente. Afin de connaître Dieu, pour faire partie de lui, Simon était persuadé qu’il devait prendre exemple sur Jésus. Le message ne pouvait vivre que si lui, Simon, et d’autres après lui, lui insufflaient la vie. C’est par ce geste simple que Jésus échapperait à la mort. Il y aurait une résurrection. Pas au sens littéral, mais spirituel. Dans l’esprit de Simon, Jésus était ressuscité, il vivait de nouveau, et, par cette nuit d’automne, six mois après l’exécution de Jésus, naquit l’Église chrétienne.
« Espèces d’imbéciles arrogants, avec leurs églises grandioses et leur théologie, maugréa de Rochefort. Il n’y a pas un mot de vrai dans tout ça.
— Bien sûr que si. Vous avez tort.
— Comment pouvez-vous dire ça ? La crucifixion décrite ici est tout ce qu’il y a de plus banal ; pas de tombe vide, pas d’ange annonçant la résurrection du Christ. Tout ça, c’est de la fiction inventée par les hommes pour leur propre bénéfice. Le témoignage que nous avons sous les yeux a du sens, lui. Tout a commencé grâce à un homme qui prend conscience de quelque chose dans son coin. Notre ordre a été éradiqué, nos frères torturés et assassinés au nom du soi-disant Messie ressuscité.
— Cela revient au même. L’Église existe.
— Vous pensez vraiment que l’Église aurait prospéré si sa théologie avait été fondée sur les révélations d’un homme du peuple ? Combien de fidèles se seraient-ils convertis, à votre avis ?
— Mais c’est exactement ce qui s’est produit. Jésus était un homme du peuple.
— Élevé au statut divin par la suite. Et quand quelqu’un osait contester cet état de fait, il était taxé d’hérésie et condamné au bûcher. Les cathares ont été massacrés ici même, dans les Pyrénées, parce qu’ils ne croyaient pas à ce principe.
— On ne peut défaire ce que les Pères de l’Église ont fait. Ils devaient embellir l’histoire pour pouvoir survivre.
— Vous excusez leurs agissements ?
— C’est du passé.
— Nous pouvons l’effacer. »
Une idée traversa l’esprit de Mark. « Saunière a certainement lu ces mots.
— Et il n’en a parlé à personne.
— Exactement. Même Saunière avait compris à quel point tout cela est futile.
— Il n’en a parlé à personne parce qu’il aurait pu perdre sa mine d’or personnelle. Ce n’était pas un homme d’honneur. C’était un voleur.
— Peut-être. Mais cette information l’avait semble-t-il affecté. Pensez à tous les indices qu’il a laissés dans son église. Il était instruit, connaissait le latin. S’il a trouvé ce texte, ce dont je ne doute pas, il a compris ce qu’il a lu. Pourtant, il l’a replacé dans sa cachette et a verrouillé le portail en partant. » Mark baissa les yeux sur le coffret en pierre. Étaient-ce là les ossements de l’homme que l’on appelait Jésus ? Une
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