L'Héritage des Templiers
mettait du baume au cœur. Un jour, Jean nous fit remarquer que le pain que nous venions de rompre ressemblait au corps de Jésus, brisé lui aussi. Après cette remarque, nous nous mîmes tous à associer le pain et le corps de Jésus.
Quatre mois passèrent et, un jour, Jacques nous rappela que, d’après la Torah, celui qui est pendu à un arbre est maudit. Je répondis que, dans le cas de Jésus, cela ne pouvait être vrai. C’était la première fois que l’un de nous remettait en question les paroles des prophètes. Elles ne pouvaient tout simplement pas s’appliquer à quelqu’un d’aussi bon que Jésus. Comment un scribe ayant vécu dans des temps reculés pouvait-il affirmer que tous les pendus étaient maudits ? C’était impossible. Si l’on comparait Jésus aux paroles des prophètes, c’était Jésus qui l’emportait.
Notre chagrin continuait à nous tourmenter. L’homme que l’on appelait Jésus était mort. Sa voix s’était tue. Les sages avaient survécu, ainsi que leur message. Pas parce qu’ils avaient raison, mais simplement parce qu’ils continuaient de respirer et de se faire entendre. Les sages avaient triomphé de Jésus. Comment un être aussi bon pouvait-il avoir tort ? Pourquoi Dieu accepterait-il de voir disparaître un être aussi bon ?
Avec la fin de l’été vint la fête du tabernacle, occasion de célébrer la joie de la moisson. Nous décidâmes qu’il n’y avait aucun danger à nous rendre à Jérusalem pour y prendre part. Là, pendant la procession vers l’autel, on lut un passage des Psaumes annonçant que le Messie ne mourrait pas et vivrait pour raconter les œuvres de Dieu. L’ É ternel a châtié durement le Messie, continua l’un des sages, mais il ne l’a pas livré à la mort. Au lieu de cela, la pierre rejetée par ceux qui bâtissaient est devenue la pierre d’angle. Au Temple, nous entendîmes des extraits de Zacharie expliquant qu’un jour Dieu viendrait, que des eaux vives sortiraient de Jérusalem et que l’ É ternel serait Dieu de toute la terre. Un soir, j’assistai à une autre lecture de Zacharie. Le prêtre parla d’une source ouverte pour la maison de David, d’un esprit de grâce et de supplication. Le prophète annonçait que lorsqu’ils regarderaient celui qu’ils avaient percé, ils pleureraient sur lui comme on pleure sur un fils unique.
En l’écoutant, je pensai à Jésus et au sort qui avait été le sien. Le sage semblait s’adresser directement à moi lorsqu’il évoqua le projet de Dieu de frapper le pasteur pour que les brebis se dispersent. À ce moment-là, je fus empli d’un sentiment d’amour qui m’habita longtemps. Cette nuit-là, je me rendis dans les faubourgs de Jérusalem, à l’endroit où les Romains avaient enterré Jésus. Je me recueillis sur sa dépouille et me demandai comment un simple pêcheur pouvait être la source de toute vérité. Le grand prêtre et les scribes l’avaient taxé d’imposture. Mais je savais qu’ils se trompaient. Dieu n’exigeait pas que nous nous pliions à des lois millénaires pour nous sauver. Dieu faisait preuve d’un amour sans limites. Jésus ne cessait pas de le répéter et, en acceptant sa mort avec grand courage et dignité, il nous avait donné à tous une ultime leçon. À l’heure de la mort, on découvre la vie. Aimer, c’est être aimé.
Le doute m’abandonna. Ma tristesse s’évanouit. Tout devint clair. Jésus n’était pas mort. Il vivait. En moi, je portais le Seigneur ressuscité. Je sentais sa présence aussi clairement que lorsqu’il se trouvait à mes côtés autrefois. Je me souvins de paroles qu’il m’avait maintes fois répétées : « Simon, si tu m’aimes, tu trouveras mon troupeau. » J’avais enfin compris qu’aimer comme lui, c’est connaître le Seigneur. Agir comme lui, c’est connaître le Seigneur. Vivre comme lui nous conduira au salut éternel. Dieu est descendu des cieux pour habiter l’homme que l’on appelait Jésus, et à travers ses actes et ses paroles, le Seigneur s’est manifesté. Le message était clair. Occupe-toi des déshérités, apporte du réconfort aux désespérés, deviens l’ami de ceux que l’on a rejetés. Agis ainsi et le Seigneur sera satisfait. Dieu a sacrifié Jésus pour nous ouvrir les yeux. Je fus le premier à accepter cette vérité. Ma mission était claire désormais. Le message devait vivre à travers moi et d’autres croyants.
Lorsque je racontai ma vision à
Weitere Kostenlose Bücher