L'Héritage des Templiers

aussi, j’adore les livres, déclara l’invité de Malone. Ma maison en regorge. Je les ai collectionnés tout au long de ma vie. »
    Malone sentait que cet homme, âgé d’une soixantaine d’années, vivait dans une très grande aisance. En lui ouvrant, il avait vu qu’il était arrivé en limousine. « Comment saviez-vous que je parlais danois ? demanda Malone.
    — Vous êtes polyglotte. J’ai été flatté d’apprendre que vous parliez la langue de mon pays. »
    Ce n’était pas ce qu’on appelait une réponse, mais Malone espérait-il vraiment en obtenir une ?
    « Votre mémoire eidétique doit être une bénédiction. La mienne m’a trahi avec l’âge. J’ai pratiquement tout oublié aujourd’hui. »
    Malone avait du mal à le croire. « Que voulez-vous ?
    — Avez-vous pensé à votre avenir ?
    — Je me suis dit que j’allais devenir bouquiniste. J’ai pas mal de choses à vendre, fit Malone en désignant la pièce d’un geste.
    — Excellente idée. J’ai une librairie à vendre, si vous voulez. »
    Il décida de jouer le jeu. Après tout, pourquoi pas ? Mais la lueur qui brillait dans les yeux du vieil homme lui laissait penser que son invité ne plaisantait pas.
    Thorvaldsen fouilla les poches de son manteau de ses mains parcheminées et posa une carte de visite sur le canapé.
    « Mon numéro personnel. Si ma proposition vous intéresse, appelez-moi, dit le vieil homme en se levant.
    — Qu’est-ce qui vous fait croire que je suis intéressé ? demanda Malone sans bouger.
    — Vous l’êtes, monsieur Malone, »
    Il était blessé que le vieil homme ait lu en lui avec tant de facilité. Thorvaldsen se dirigea vers la porte d’un pas traînant.
    « Où se trouve cette librairie ? demanda Malone en se maudissant d’avoir l’air intéressé.
    — Copenhague. Où diable voulez-vous qu’elle se trouve ? »
    Il se rappelait avoir attendu trois jours avant de l’appeler. L’idée de vivre en Europe l’avait toujours attiré. Thorvaldsen était-il aussi au courant de ce détail ? Il n’avait jamais cru avoir l’occasion de vivre à l’étranger. Il était fonctionnaire du gouvernement américain. Américain pure souche. Mais c’était avant Mexico City. Avant les sept morts et les neuf blessés.
    Il revoyait le visage de sa femme, de qui il était séparé, le lendemain de son coup de fil.
    « Je suis d’accord. La séparation a suffisamment duré, Cotton, il est temps de divorcer. » On sentait dans sa déclaration tout le pragmatisme de l’avocate qu’elle était.
    « Il y a quelqu’un d’autre ? demanda-t-il, indifférent.
    — Peu importe, mais oui. Bon sang, Cotton, ça fait cinq ans que nous sommes séparés. Je suis sûre que tu n’as pas vécu comme un moine pendant tout ce temps.
    — Tu as raison, il est temps.
    — Tu vas vraiment quitter la Marine ?
    — C’est déjà fait. Officiel depuis hier. »
    Elle secoua la tête, comme lorsque Gary avait besoin de conseils maternels. « Seras-tu satisfait un jour ? D’abord la Marine, et puis l’école de l’air, la fac de droit, le JAG, l’unité Magellan. Et maintenant cette retraite soudaine. Et après ? »
    Il n’avait jamais supporté sa condescendance. « Je vais m’installer au Danemark. »
    Son visage ne trahissait aucune émotion. Il aurait aussi bien pu lui dire qu’il déménageait sur la lune. « Qu’est-ce que tu cherches ?
    — J’en ai marre de me faire tirer dessus.
    — Depuis quand ? Tu adores l’unité Magellan.
    — Il est temps de grandir.
    — Et tu crois que tu vas accomplir ce miracle en t’installant au Danemark ? » fit-elle avec un sourire.
    Il n’avait aucune intention de se justifier. Elle s’en moquait, et ça lui convenait parfaitement. « C’est à Gary que j’ai besoin d’en parler.
    — Pourquoi ?
    — Je veux savoir s’il est d’accord.
    — Depuis quand te soucies-tu de son avis ?
    — C’est pour lui que j’ai quitté mon poste. Je voulais être présent…
    — Tu dis n’importe quoi, Cotton. C’est pour toi que tu as arrêté. Ne te sers pas de ton fils comme excuse. Quand tu fais des projets, quels qu’ils soient, c’est à toi que tu penses, pas à lui.
    — Je n’ai pas besoin de t’entendre m’expliquer ce que je pense.
    — Qui le fera, alors ? Nous avons été mariés longtemps. Tu crois que c’était facile d’attendre que tu rentres de Dieu sait où ? De se demander si ce serait dans un