L'Héritage des Templiers
sac plastique ? J’en ai bavé, Cotton. Et Gary aussi. Mais ce petit t’aime. Non, il t’adore, de manière inconditionnelle. Nous savons tous les deux ce qu’il va dire, étant donné qu’il a davantage de jugeote que nous deux réunis. On a fait pas mal d’erreurs tous les deux, mais lui, il est formidable. »
Elle avait encore raison.
« Écoute, Cotton, la raison pour laquelle tu vas t’installer de l’autre côté de l’océan ne regarde que toi. Si ça te rend heureux, fais-le. Ne te sers pas de Gary comme excuse, c’est tout. La dernière des choses dont il ait besoin, c’est de la présence d’un père insatisfait qui essaie de compenser sa propre enfance malheureuse.
— Ça t’amuse de m’insulter ?
— Pas vraiment. Mais il faut que les choses soient dites, et tu le sais. »
Il balaya du regard la librairie plongée dans la pénombre. Penser à Pam n’apportait jamais rien de bon. La profonde animosité qu’elle ressentait à son égard remontait à l’époque où, quinze ans auparavant, il était encore un enseigne plutôt bravache. Il ne lui avait pas été fidèle et elle le savait. Ils avaient fait une thérapie et décidé de sauver leur couple, mais dix ans plus tard, en rentrant de mission, il avait trouvé la maison vide. Elle avait loué un logement à l’autre bout d’Atlanta pour y vivre avec Gary et n’avait emporté que le strict nécessaire. Un mot l’informait de leur nouvelle adresse et de la fin de leur mariage. Pragmatique et froide, c’était du Pam tout craché. Bizarrement, pourtant, elle n’avait pas demandé le divorce immédiatement. Ils s’étaient contentés de vivre chacun de son côté, tout en restant courtois l’un envers l’autre et de se parler lorsque c’était nécessaire, pour le bien de Gary.
Mais, au bout du compte, il était temps de prendre certaines décisions – de grande ampleur.
Alors, il avait démissionné, renoncé à son poste, mis un terme à son mariage, vendu sa maison et quitté les États-Unis, le tout en l’espace d’une semaine terriblement longue et éprouvante, mais riche de mille satisfactions.
Il vérifia l’heure. Il devrait vraiment envoyer un courriel à Gary. Ils communiquaient au moins une fois par jour et c’était la fin de l’après-midi à Atlanta. Son fils devait arriver à Copenhague dans trois semaines pour passer un mois avec lui. Ils avaient déjà tenté l’expérience l’été précédent et il avait hâte de passer du temps avec lui.
Sa confrontation avec Stéphanie le tracassait toujours. La naïveté dont elle faisait preuve, il l’avait déjà vue chez certains agents qui, bien que conscients des risques, se contentaient de les ignorer. Quelle formule employait-elle, déjà ? « Dis ce que tu as à dire, fais ce que tu as à faire, va jusqu’au bout, mais ne va jamais, au grand jamais, croire tes propres conneries. » Excellent conseil qu’elle aurait dû mettre en pratique. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle faisait. Et lui, le savait-il ? Les femmes n’étaient pas son point fort. Même s’il avait passé la moitié de sa vie avec Pam, il n’avait jamais vraiment pris le temps de la connaître. Alors comment aurait-il pu comprendre Stéphanie ? Il n’avait qu’à se mêler de ce qui le regardait. C’était sa vie à elle, après tout.
Mais quelque chose le taraudait.
À l’âge de douze ans, il avait appris qu’il était doté d’une mémoire eidétique. Pas photographique, contrairement à ce que se plaisent à montrer le cinéma ou la littérature, simplement une excellente mémoire des détails que la plupart des gens oublient. Elle lui avait été d’un grand secours pendant ses études, lui facilitait l’apprentissage des langues, mais faire le tri parmi tous les détails dont il se souvenait l’exaspérait parfois.
C’était le cas ce soir.
10
De Rochefort pénétra dans la librairie. Deux de ses hommes lui emboîtèrent le pas. Les deux autres se postèrent devant la boutique pour surveiller la rue.
Ils passèrent à pas de loup devant les rayonnages et se dirigèrent vers le fond de la boutique encombrée et l’étroit escalier. Aucun bruit ne trahissait leur présence. Arrivé au dernier étage, de Rochefort entra dans un appartement où les lumières brillaient. Enfoncé dans un fauteuil, Peter Hansen était en train de lire, une bière posée sur la table voisine, une cigarette se consumant dans un cendrier.
« Que
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