L'Héritage des Templiers

Un minuscule semi-automatique, conçu comme le dernier recours de son utilisateur. Il en portait un autrefois. Il braqua le canon sur le cou de l’homme qu’il plaquait contre l’arbre derrière lui.
    « Nom de votre employeur, s’il vous plaît ? »
    Pas de réponse.
    « Vous parlez français ? »
    L’homme opina du chef tout en essayant de reprendre ses esprits.
    « Puisque vous avez compris ma question, voyons si vous comprenez ceci », le menaça Malone en armant le pistolet.
    Le jeune homme se raidit. Il avait saisi le message.
    « Nom de votre employeur ? »
    Un coup de feu retentit et une balle vint s’enfoncer avec un bruit sourd dans le tronc d’arbre juste au-dessus de la tête de Malone. Celui-ci se retourna et aperçut une silhouette armée d’un fusil perchée à l’endroit où la promenade rejoignait le mur du cimetière, à une centaine de mètres de là.
    Un autre tir résonna et une balle ricocha par terre à quelques centimètres de ses pieds. Il relâcha son étreinte et son poursuivant détala comme un lapin.
    C’était le tireur qui le préoccupait, à présent.
    La silhouette sauta du promontoire et disparut en direction du belvédère. Une décharge d’adrénaline lui donna un regain d’énergie. Pistolet au poing, il gagna le passage étroit, repéré plus tôt, qui courait entre la villa Béthanie et l’église. Encerclant le verger, une terrasse donnait sur la tour Magdala.
    Malone se précipita dans le jardin et vit l’inconnu courir le long de la terrasse dont l’unique accès était un escalier de pierre. Il monta les marches quatre à quatre et aspira goulûment l’air frais du soir ; le vent violent, déchaîné, le malmenait et gênait sa progression.
    Il vit son assaillant se diriger droit vers la tour Magdala. Il s’apprêtait à tirer lorsqu’une bourrasque l’en dissuada. Il se demandait ce qu’allait faire l’inconnu. Aucun autre escalier ne lui permettrait de descendre, et la tour devait être fermée pour la soirée. À sa gauche, derrière une balustrade en fer forgé, il aperçut des arbres et un dénivelé d’environ trois mètres donnant sur le jardin. À sa droite, derrière un muret, il découvrit un dénivelé de quatre cent cinquante mètres. À un moment où un autre, il se retrouverait face à face avec l’inconnu.
    Il fit le tour de la terrasse, traversa la serre et vit la silhouette entrer dans la tour Magdala.
    Il s’arrêta, décontenancé.
    Il se souvenait des explications de Stéphanie concernant la configuration de l’édifice. Mesurant environ cinq mètres quarante de côté, surmontée d’un donjon dont l’escalier en colimaçon menait à un toit crénelé, la bâtisse abritait autrefois la bibliothèque de Saunière.
    Il n’avait pas le choix. Il trottina jusqu’à la porte et, voyant qu’elle était entrouverte, se mit sur le côté. Il donna un coup de pied dans le lourd vantail et attendit qu’on lui tire dessus.
    Rien.
    Il risqua un coup d’œil à l’intérieur et vit que la pièce était déserte. Les fenêtres occupaient deux pans de mur. Il n’y avait ni meuble ni livre, mais seulement des caisses de bois et deux bancs recouverts de tissu. Une cheminée de brique éteinte. Soudain, il comprit.
    Le toit.
    Il courut vers l’escalier de pierre, grimpa les marches étroites et peu profondes et se retrouva face à une porte métallique qu’il essaya d’ouvrir. En vain. Il appuya plus fort sur la poignée. Elle était fermée de l’extérieur.
    La porte d’entrée claqua.
    Il redescendit l’escalier et découvrit que le seul autre accès à la tour était désormais fermé de l’extérieur lui aussi. Il approcha d’une fenêtre aux vitres scellées qui donnait sur le jardin et aperçut l’inconnu sauter de la terrasse, agripper une branche épaisse pour se retrouver sur le sol avec une agilité déconcertante. Il traversa le jardin en direction du parking où Malone avait garé sa Peugeot en arrivant, à une trentaine de mètres de là.
    Malone recula et tira trois coups de feu sur la vitre à sa gauche. Le verre au plomb se brisa en mille morceaux. Il se servit de son arme pour faire tomber les éclats, se hissa sur le banc placé sous le rebord de la fenêtre et se glissa par l’ouverture. Il n’était qu’à deux mètres du sol. Il sauta et se mit à courir vers le parking.
    Il sortait du jardin quand il perçut le vrombissement d’un moteur et vit la silhouette vêtue de noir s’éloigner à