L'Héritage des Templiers
à ce point entre eux ?
« Bizarre de trouver ça ici, déclara Malone en remarquant son intérêt.
— Je l’ai posée là à l’occasion de ma dernière visite. C’était il y a cinq ans, juste après l’avalanche. »
Difficile de croire que son unique enfant était mort depuis cinq ans. Les enfants ne devraient pas mourir en pensant que leurs parents ne les aiment pas. Contrairement à son mari qui possédait une sépulture, son fils était enseveli sous des tonnes de neige à une cinquantaine de kilomètres du village, dans les Pyrénées. « Il faut que j’en finisse avec ça, murmura-t-elle, la voix brisée par l’émotion.
— Je ne suis pas sûr de bien comprendre. »
Elle non plus.
« Au moins, grâce à ce carnet, nous savons où trouver Claridon, conformément aux recommandations de la lettre adressée à Scoville. Royce Claridon. Il y a une référence et une adresse ici. C’était un ami de Lars.
— Je me demandais quand vous alliez le découvrir.
— Je suis passé à côté d’autres informations ?
— Difficile de déterminer ce qui est important. Il y a tant de détails là-dedans.
— Il faut cesser de me mentir.
— Je sais, répondit-elle, s’attendant à des remontrances.
— Je ne pourrai pas vous aider si vous me cachez des choses. »
Elle comprenait. « Avez-vous trouvé quelque chose d’intéressant dans les pages envoyées à Scoville ?
— À vous de me le dire », fit Malone en lui tendant les huit feuillets.
Réfléchir lui éviterait de broyer du noir à propos de Lars et Mark, aussi se plongea-t-elle dans la lecture des paragraphes manuscrits. La plupart n’avaient pas grand intérêt à ses yeux, mais son cœur se serra en déchiffrant certains passages.
Il ne fait aucun doute que Saunière aimait sa maîtresse. La jeune fille s’était présentée chez lui à l’arrivée de sa famille à Rennes-le-Château. Son père et son frère étaient des artisans de talent et sa mère, la bonne du curé d’un village voisin. C’était en 1892, un an après la fameuse découverte de Saunière. Lorsque la famille de la jeune fille quitta Rennes-le-Château pour travailler à l’usine toute proche, elle resta auprès du curé et ne le quitta pas jusqu’à sa mort, vingt ans plus tard. Au bout de quelque temps, il lui légua tous les biens dont il avait fait l’acquisition, geste qui prouve la confiance absolue qu’il avait en elle. Elle lui était entièrement dévouée et lui survécut trente-six années sans révéler ses secrets. J’envie Saunière. Cet homme a connu l’amour inconditionnel d’une femme et, en retour, lui a témoigné une confiance et un respect absolus. C’était un individu difficile à vivre, qui désirait passer à la postérité. Il semble que nous lui devions le décor criard de l’église Sainte-Marie-Madeleine. Rien n’indique que sa maîtresse ait ne serait-ce qu’une fois exprimé son désaccord concernant ses activités. Tout porte à croire que c’était une femme dévouée qui soutenait son bienfaiteur dans tout ce qu’il faisait. Ils étaient sans doute en désaccord parfois, mais, au bout du compte, elle demeura auprès de lui jusqu’à son dernier souffle, et même par-delà la mort, pendant près de quarante ans. C’est beau, le dévouement. Un homme peut accomplir de grandes choses quand celle qu’il aime le soutient. Et ce, en dépit de ses réserves. L’absurdité des créations de l’abbé a dû bien souvent laisser sa maîtresse perplexe. Le style de la villa Béthanie et de la tour Magdala était ridicule à l’époque. Pourtant, elle n’essaya jamais d’étouffer son enthousiasme. Elle l’aimait suffisamment pour le laisser être lui-même, et les milliers de touristes qui se pressent à Rennes-le-Château chaque année peuvent y contempler le fruit de cet amour. L’église est l’œuvre de Saunière ; celle de sa maîtresse, c’est de lui avoir permis d’exister.
« Pourquoi me faire lire ça ? demanda-t-elle à Malone en achevant sa lecture.
— Vous en aviez besoin. »
D’où sortaient tous ces fantômes du passé ? Il n’y avait peut-être pas de trésor à Rennes-le-Château, mais le village abritait des démons résolus à la tourmenter.
« Lorsque j’ai reçu le journal par la poste et que je l’ai lu, j’ai compris que je n’avais été juste ni envers Lars ni envers Mark. Ils croyaient en leur quête autant que je croyais en mon travail. Mark me
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