L'Héritage des Templiers
environ deux cent soixante-dix kilomètres de là, à la recherche de Royce Claridon. Malone avait déjà consulté la carte routière et décidé du meilleur itinéraire pour semer d’éventuels poursuivants.
Il démarra et ils se mirent en route. Une fois les portes du village franchies et la voiture lancée dans les lacets qui les mèneraient dans la vallée, il vit que la Renault les suivait aussi discrètement que possible.
« Comment comptez-vous vous débarrasser d’eux ?
— À l’ancienne, rétorqua Malone avec un sourire.
— Toujours savoir où l’on va, c’est ça ?
— Un tuyau de mon ancien patron. »
Ils s’engagèrent sur la D 118 en direction de Carcassonne. D’après la carte, ils pourraient prendre l’A 61 à une quarantaine de kilomètres de là, juste au sud de Carcassonne, pour gagner Avignon. D’ici moins de vingt kilomètres, ils tomberaient sur un embranchement au niveau de Limoux ; la D 118 continuait vers Rouffiac tandis que l’autre route traversait l’Aude en passant par la ville. Ce serait le moment d’agir.
La pluie se mit à tomber. Quelques gouttes d’abord puis des cordes.
Il enclencha les essuie-glaces. La route était déserte. En ce samedi matin, les automobilistes avaient apparemment préféré rester chez eux. La Renault, dont les phares antibrouillards trouaient le rideau de pluie, roulait à vive allure pour ne pas perdre Malone de vue. Il la vit doubler la voiture qui le suivait avant de se déporter sur la voie de gauche au niveau de la Peugeot.
La vitre du côté passager descendit et une arme apparut par l’interstice.
« Accrochez-vous, Stéphanie », ordonna Malone.
Il appuya sur l’accélérateur et prit un virage sur les chapeaux de roues. Distancée, la Renault se rabattit derrière eux.
« Il y a eu changement de programme, on dirait. Nos ombres deviennent agressives. Couchez-vous sur le plancher.
— Je suis une grande fille. Contentez-vous de conduire. »
Il prit un autre virage, mais la Renault réduisait son écart. Les pneus avaient du mal à adhérer à l’asphalte de plus en plus détrempé. Il n’y avait pas de ligne continue et l’accotement disparaissait en partie sous des flaques qui risquaient de faire déraper le véhicule.
Une balle brisa la lunette arrière de la Peugeot.
Le verre trempé n’éclata pas, mais Malone doutait qu’il puisse résister à un nouveau tir. Il se mit à zigzaguer en s’efforçant de deviner où finissait la chaussée. Il vit un automobiliste arriver en sens inverse et se rabattit sur sa voie.
« Vous savez vous servir d’une arme, Stéphanie ? fit-il sans quitter la route des yeux.
— Où l’avez-vous mise ?
— Sous le siège. Je l’ai prise au type d’hier soir. Le chargeur est plein. Occupez-les. Il faut que ces types me lâchent un peu. »
Stéphanie s’empara du pistolet et baissa la vitre côté passager. Elle tendit le bras, visa et tira cinq coups de feu.
Ils eurent l’effet escompté. La Renault ralentit sans pour autant abandonner la filature. Malone fit une queue de poisson en plein virage en se servant du frein et de l’accélérateur, comme on l’avait entraîné à le faire des années auparavant.
Il en avait assez de jouer le rôle de la proie.
Il écrasa les freins et fit demi-tour sur la voie d’en face. Les pneus crissèrent sur la chaussée détrempée. La Renault les dépassa à toute allure. Malone passa en seconde et mit le pied au plancher.
Les roues tournèrent à vide puis la voiture bondit.
Il accéléra progressivement, passa la cinquième.
La Renault les devançait à présent. Malone accéléra encore. Quatre-vingt-quinze. Cent. Cent dix kilomètres-heure. Étrange à quel point cette expérience le revigorait. Cela faisait un moment qu’il n’y avait pas eu autant d’action dans sa vie.
Il se déporta sur la voie de gauche pour venir se placer au niveau de la Renault.
Les deux voitures faisaient désormais du cent vingt kilomètres-heure sur une route relativement rectiligne. Soudain, la Peugeot décolla légèrement de la chaussée en gravissant une butte ; puis les pneus rebondirent violemment au contact du macadam humide. Malone fut projeté d’avant en arrière, un peu sonné, mais la ceinture de sécurité avait rempli son office.
« Qu’est-ce qu’on s’amuse », commenta Stéphanie.
Des champs verdoyants s’étendaient de part et d’autre de la route, si bien que la campagne environnante
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