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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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un des rares étrangers à exercer une charge de fonctionnaire auprès des autorités tibétaines de Lhassa, le dalaï-lama suit avec inquiétude les événements.
    Tenzin Gyatso ne sait pas que commence dans l’est du pays une guerre de vingt ans, qui ne cessera qu’avec la mort de Mao Zedong, en 1976, et le constat malheureux de l’annexion totale du Tibet par la République populaire de Chine.
    Durant l’hiver 1955, la résistance tibétaine a bloqué l’avancée chinoise dans la région de Chamdo. C’est le moment que choisissent les autorités chinoises pour exiger la présence du seizième karmapa [446] dans la capitale du Kham avec l’intention de négocier une trêve.
    Rangjung Rigpé Dordjé rencontre à plusieurs reprises les groupes de résistance de la région, puis, accord en poche – un arrêt des combats de cinq ans ! –, il se rend à Lhassa pour rendre compte de la situation au dalaï-lama avant de regagner son monastère de Tsurphu. Mais, au sortir de l’hiver 1956, la trêve négociée par le seizième karmapa est rompue. Elle aura simplement permis aux troupes de l’APL de se réorganiser et, à Pékin, de renvoyer quarante mille soldats en renfort.
    Les affrontements reprennent et les combats s’étendent sur tout le territoire.
    C’est en 1958 que commence la grande aventure de la résistance tibétaine.
    Le 16 juin, sous l’impulsion de Gompo Tashi Andrugstang, le groupe Mimang [447] et l’Armée nationale volontaire de défense [448] (ANVD) décident de s’unir sous le nom de Chushi Gangdrug , « Quatre fleuves, six chaînes de montagnes ».
    Quatre-vingt mille hommes et femmes installent leur quartier général à Tsöna, au sud de la rivière Tsangpo, à moins de deux cent cinquante kilomètres de la frontière sud de l’Inde. Alors que la résistance vient de se rassembler sous une même bannière, il faudra à Gompo Tashi et aux chefs des autres groupes plusieurs semaines d’âpres discussions pour finir par apprendre que Tenzin Gyatso les recevrait en audience au Potala.
    Gompo Tashi décide donc de se rendre à Lhassa sous le couvert de ses activités marchandes, qui lui permettaient de se déplacer depuis le Kham jusqu’en Inde et au Bengale. Gompo Tashi Andrutsang fait partie d’un des quatre clans les plus riches du Tibet, avec les Pandatsang, les Gyadutsang et les Sadutsang. S’il leur arrive de combattre ensemble, le plus souvent ils guerroient les uns contre les autres, au gré de leurs intérêts inter-claniques. Cette fois, ils paraissent vouloir faire cause commune contre l’envahisseur communiste. Les deux frères Pandatsang, Topgyay et Ragpa, avaient un temps pensé renverser le quatorzième dalaï-lama pour instaurer une république au Tibet, calquée sur celle des nationalistes du Guomindang. L’opération ayant échoué, les deux frères s’étaient réfugiés en Inde. En 1956, les Pandatsang servent de relais à Gompo Tashi auprès de Tchang Kaï-shek, réfugié à Taiwan. L’ancien président soutient la résistance tibétaine, en lui faisant parvenir des armes et de l’argent. Mais cette aide ne suffit plus et les résistants pensaient trouver auprès de leur souverain une oreille attentive. En 1958, ce sont près de trois mille cinq cents monastères bouddhistes et bönpos qui ont déjà été détruits par les Chinois au Tibet sur les six mille deux cents recensés.
    Une trentaine de cavaliers Khampas ont accompagné leur chef jusqu’aux portes de Lhassa.
    Le dernier jour, Gompo Tashi et ses hommes vont mettre plus de trois heures pour franchir le col, qui s’ouvre sur la vallée de la Khyi-chu. Le spectacle est empreint d’une profonde désolation. Le monastère est une plaie béante au coeur des balafres irrégulières et fumantes. Le temple est un tas de décombres et pas un mur n’est debout, bien que Gompo Tashi puisse distinguer deux angles contigus qui subsistent dans le chaos.
    Dans les ruines, rien ne bouge. Toute vie semble s’être volatilisée.
    Le chef du Chushi Gangdrug installe son groupe à l’abri des décombres : ils resteront là pour la nuit.
    Vaincus par la fatigue, ses hommes sombrent dans le sommeil. Gompo, lui, observe le ciel. La lune, pleine, joue avec les nuages que le vent chasse.
    Cette nuit qui passe au ralenti semble irréelle. Hormis les loups qui rôdent et hurlent leur présence, tout paraît si paisible, comme si rien ne s’était passé. S’il n’y avait pas les ruines, s’il n’avait pas

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