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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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nécessaire à la préparation des khabsés [*] , gâteaux frits offerts traditionnellement aux membres de la famille, du clan, aux voisins, aux amis, aux moines qui lisent les textes sacrés, aux pèlerins qui passent dans la rue. À Lhassa, plus personne n’est en mesure de dire qui est l’ami, qui est l’ennemi... La capitale tibétaine vit sous la terreur de la dénonciation.
    Cette année encore, après les célébrations de la Mönlam, les moines sortant de Lhassa jetteront une pierre dans la Khyi-chu. Cette tradition perdure depuis 1562. La ville ayant alors connu de terribles inondations, le jet d’une pierre leur permettait de consolider les digues de manière naturelle et bénite. Cependant, en cette année 1959, la majorité des moines ne sait plus vers quel monastère se diriger, le leur ayant été bombardé par les avions de l’armée chinoise.
    Le 5 mars 1959, dernier jour du lossar, s’achève par une cérémonie religieuse présidée par le dalaï-lama. Aussitôt après, comme le veut la coutume, le souverain est transporté dans ses appartements d’été du Norbulingka. Or, deux jours plus tôt, au cours d’une transe, l’oracle d’Etat lui a conseillé d’éviter les déplacements à Lhassa. Il est vrai que toutes sortes de rumeurs courent la ville. Il se dit que les Chinois auraient l’intention de kidnapper le jeune souverain, voire de l’empoisonner. Pour justifier ces bruits, on n’hésite pas à mentionner les disparitions de fonctionnaires tibétains tués quelques jours plus tôt.
    Curieuse coïncidence ! Le 6 mars, Tenzin Gyatso reçoit deux officiers de l’APL porteurs d’une invitation à une représentation théâtrale au quartier général chinois. Le lendemain, le dalaï-lama confie son intention de s’y rendre. Mais le 9, un message l’avertit qu’il doit y aller sans ses ministres ni escorte. C’en est trop !
    Ce 10 mars 1959 marque donc un tournant dans l’histoire des Tibétains. Les femmes de Lhassa se soulèvent par milliers et empêchent tout accès à la résidence d’été du dalaï-lama.
    Amala se trouve auprès de Tenzin Gyatso, avec d’autres membres de la famille, à l’exception de mola, la grand-mère, trop âgée et restée à Tchang-Seb-Char, demeure des Yapshis à Lhassa, située entre le centre de Lhassa et le Potala. Et ce matin-là, alors qu’il cherche à rejoindre le Norbulingka, Tenzin Choedrak, médecin personnel du dalaï-lama, se voit ralenti par la foule. Pas de doute : la confusion règne. D’autant que des véhicules militaires sillonnent la ville. Les officiers de l’Armée populaire de libération enjoignent les Lhassapas de rentrer chez eux. Ils appellent au calme, et, en même temps, menacent... Rien n’y fait.
    Après un ultime contact avec le dalaï-lama, Tenzin Choedrak parvient à sortir du Norbulingka et à regagner Tchang-Seb-Char. Il reste une partie de la nuit auprès de mola qui s’inquiète de la tournure des événements. Le 11 mars, Choedrak reçoit l’ordre de rejoindre le Norbulingka, au plus tard le 14 au matin. Le départ pour l’exil approche. Le médecin le sait. Cinquième personnage de l’Etat, il a été informé du plan et doit suivre le souverain tibétain dans son exil.
    En ville, la situation le préoccupe, car il a aperçu des mouvements de troupes... La journée se passe, comme la précédente, entre les cris de révolte des Tibétains et les haut-parleurs qui crachent leurs ordres en mandarin ; le nombre des manifestants augmente.
    Vers deux heures du matin, l’APL commence à bombarder Lhassa. Tenzin Choedrak rejoint la cave où la grand-mère du souverain et son entourage se sont réfugiés. Vers quatre heures du matin, un premier obus tombe dans le jardin ; puis, un second détruit un pan du muret qui entoure la demeure. À six heures, des soldats chinois enjambent le muret, pénètrent dans la maison, obligent mola et son entourage à sortir de la cave. Les habitants de Tchang-Seb-Char sont enchaînés et conduits à la maison des Tsarong : la luxueuse demeure devient un centre de détention improvisé.
     
    Le Polonais de Lhassa
     
    Pendant ce temps, début mars 1959, un Américain d’origine polonaise, Anthony Poshopny [453] , embarque dans un des trois Lockheed C-130-A mis à la disposition de la CAT. Direction le Tibet, où il est très attendu.
    Agent de la CIA, Poshopny a effectué de multiples opérations pour le compte des Américains en Asie : en 1951, il était en

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