L'histoire secrète des dalaï-lamas
vertus morales servira, en effet, à préparer ses sujets à la pratique du bouddhisme et de ses lois monastiques, connues sous le nom de vinaya [*] .
Le quatorzième dalaï-lama Tenzin Gyatso les a résumés ainsi :
Réfugie-toi dans le Bouddha, le Dharma et la Sangha ;
Celui qui tue, vole, ou commet l’adultère, paiera une amende, sera puni autrement ou banni du pays ;
Perpétue la tradition du respect des parents et des anciens de la communauté ;
Pratique la non-violence ; vit sans hostilité ni ressentiment et respecte celui qui révèle la plénitude en lui-même et dans les autres ;
Montre une amitié sincère envers tous, surtout tes proches et amis et encourage-les quand ils ont besoin de soutien ;
Aide tes proches comme tu aimerais qu’ils t’aident ;
Sois modeste et franc dans tes paroles en étant honnête et direct ;
Suis les saines influences des autres ; ceux qui possèdent la connaissance et la sagesse ou qui sont les chefs respectés de la communauté ;
Conserve tes biens acquis et sois modéré dans la consommation de nourriture et de boisson ;
N’utilise pas de langage dur, violent, amer ou trompeur vis-à-vis de tes amis ;
Paye toujours tes dettes ;
Sois franc dans tes accords financiers et ne trompe pas les autres par la contrefaçon, le mensonge ou la ruse ;
Pratique l’équilibre de tes émotions et n’envie pas celui qui a obtenu ce que tu désires ;
N’entretiens pas les personnes hostiles ou dangereuses, surtout celles qui cherchent à déranger la communauté ;
Les paroles prononcées devraient être précédées de la réflexion, économise tes paroles et parle dans un réel souci des autres ;
Ne laisse pas ta langue courir sur les erreurs des autres, ni n’interviens dans leurs affaires personnelles à moins qu’on ait sollicité ton aide [128] .
... sur fond de Dharma
Songtsen Gampo avait été impressionné par les enseignements du Bouddha, et il s’était inspiré du Dharma pour faire rédiger par les érudits de sa cour ce code général d’éthique. Or, les enseignements de Sakyamuni, condensés dans Les Quatre Nobles Vérités , renferment l’essentiel de son message.
Voici ce qu’en dit l’actuel dalaï-lama :
« Dans la première Noble Vérité, Bouddha enseigne que toute la vie est imprégnée de Souffrance – dukkha , insatisfaction profonde, frustration – qui peut d’ailleurs se manifester sous la forme de souffrances physiques ou mentales. Mais, plus profondément, le caractère fugitif, temporaire, des moments de bonheur empêche durablement l’être humain de goûter à un contentement et à une paix véritables.
« Dans son premier enseignement, le Bouddha dit : “ Voilà la Vraie Souffrance. Voilà la Vraie Cause. Voilà la Vraie Cessation et voilà le Vrai Chemin... ” Et il dit encore : “ Connaissez la Souffrance, Renoncez à ses Causes. Parvenez à la Cessation de la Souffrance. Suivez le Vrai Sentier. ”
« C’est en nous faisant part du caractère intrinsèque des causes et des effets que le Bouddha a délivré son message spirituel. C’est sur l’énoncé de ses Vérités fondamentales que repose tout l’édifice du bouddhisme. Néanmoins, bien que destiné à un public d’auditeurs, ce message est resté relativement obscur par sa profondeur et sa simplicité. Il a fallu attendre Nagarjuna, un sage du IIe siècle de notre ère, pour avoir quelques éclaircissements. Celui-ci nous a expliqué la signification ésotérique du message. D’après lui, lorsque le Bouddha parle de la Vraie Souffrance, il fait référence au samsara, autrement dit au cycle complet de l’existence, de la naissance à la renaissance. L’origine du samsara est le karma, c’est-à-dire l’ensemble de nos actes, bons ou mauvais, et de leurs inévitables conséquences en retour.
« La deuxième Noble Vérité – l’origine de dukkha : samudaya – nous dit que l’origine de la Souffrance est la soif insatiable de paix et de plénitude qui conduit l’être à éprouver un désir passionné pour tous les objets des sens susceptibles de l’étancher, déclenche une agressivité envers tout ce qui semble se mettre sur le chemin de cette paix et une indifférence envers tout ce qui n’est pas relié à ce but. Le jeu perpétuel de ces trois forces – désir, agression et ignorance – est la source même de dukkha. La puissance de ce désir de se perpétuer est la force même qui oblige l’être
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