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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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le professeur Schumann, qui avait déjà souvent opéré à Auschwitz, vint sur place. Toute une équipe médicale y participa : le docteur Treite, son adjoint, le médecin qui dirigeait le service sanitaire des S.S. et des infirmières S.S. Le personnel composé des médecins et infirmières prisonnières en fut exclu. Toutefois une femme médecin tchèque, radiologue, dut installer l’appareil radiologique en position horizontale. Elle-même et deux collègues virent ensuite entrer une à une les petites filles.
    — « On entendait les pleurs et les cris des enfants et on les voyait transporter, sanglantes, dans une autre pièce de l’infirmerie, où on les posait sur le plancher.
    — « On sait qu’à Auschwitz le professeur Schumann procédait par irradiation des ovaires par les rayons X ; il provoquait des brûlures importantes des tissus environnants, déterminant la mort d’un certain nombre des opérées. À Ravensbrück, il semble avoir procédé autrement. Les trois prisonnières radiologues furent obligées de développer les films radiologiques pris pendant les opérations. Elles les montrèrent en cachette à plusieurs collègues tchèques. « On voyait un liquide opaque dans l’utérus et les trompes. » Un liquide stérilisant était donc introduit dans l’utérus et jusque dans les trompes.
    — « Si toutes les enfants supportèrent l’opération, plusieurs moururent des suites ; des camarades allemandes ont pu le préciser. Malheureusement, les craintes des prisonnières du Revier se réalisèrent. D’une part par les tsiganes, malgré la promesse formelle qui leur avait été faite, ne furent pas libérées, mais partirent en transport vers une direction inconnue. D’autre part, conformément aux habitudes des médecins nazis expérimentateurs – et du docteur Schumann en particulier – les organes génitaux de plusieurs victimes furent prélevés pour examen. C’est ainsi qu’au Block 9 fut hospitalisée une petite fille de douze ans, avec une énorme plaie ouverte au ventre, qui ne cessa de suppurer terriblement. Les médecins et infirmières prisonnières du Revier estimaient que cette plaie correspondait à une hystérectomie. Mais pourquoi la plaie n’avait-elle pas été recousue ? S’agissait-il d’une simple indifférence devant un cobaye désormais inutile, si les organes avaient été prélevés ? L’ouverture n’avait-elle pas été pratiquée uniquement pour permettre aux expérimentateurs S.S. d’observer directement les organes irradiés laissés sur place, et leur destruction ? Quel qu’ait été leur but, la petite fille mit plusieurs jours à mourir dans d’atroces souffrances. »
    — Il (143) faudrait parler des petites bohémiennes, des fillettes dont on ne peut oublier la vue, par terre, dans le corridor du « Revier » se tordant de douleurs après des injections stérilisantes. J’ai vu des formulaires imprimés ainsi conçus : « Je soussigné, déclare consentir librement à la stérilisation de mes enfants… » La libération de ces familles bohémiennes était à ce prix-là, et ils étaient « libres »… évidemment de choisir entre ceci et la continuation de la vie dans l’enfer. Il faudrait parler aussi des césariennes faites au milieu de la nuit pour « se faire la main », des injections mortelles, des poudres somnifères distribuées aux malades « pour les fortifier » et qui ne laissaient que des cadavres après quelques heures… De telles monstruosités, une telle puissance du génie du mal se passent de commentaires, mais elles imposent d’une façon péremptoire, absolue, la conviction que seuls une force surhumaine, un désir invincible de réaction peuvent s’opposer à cette négation de toutes les valeurs humaines et spirituelles.

J’ai pris la place d’une tsigane.
     
    Elle est indignée.
    — Voilà ce qu’elles m’ont dit : « Il n’y a pas de Françaises stérilisées. Pas d’aryennes ! Des juives et des tsiganes, c’est tout. »
    Elle s’installe dans le canapé du salon en boitillant. Comme pour s’excuser :
    — « Vous savez, je suis de 1910. Je vais avoir soixante-dix ans. Et puis il y a eu Ravensbrück… »
    Son appartement envahi de coquillages et de plantes vertes ; pourrait faire penser aux îles. Par la large baie vitrée j’aperçois deux piliers de la tour Eiffel.
    Anne-Marguerite Dumilieu, «  Capitaine Simone » du Réseau de Résistance et de

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