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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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qu’il était près de la voiture, la renverse et jette par terre les deux femmes.
    — Nous retournons bientôt à la gare pour nettoyer les wagons et ramener sur une grande charrette à plate-forme celles qui sont restées dans la neige. Beaucoup sont mortes de froid.
    — Le soir nous rentrons au Block épuisées, couvertes de poux, mais sans possibilité de nous désinfecter.
    — Par la suite, le Block où ont été installées les malheureuses deviendra le Block des typhiques et des punies. Il y meurt au moins trois ou quatre prisonnières par jour, dont les cadavres nus sont mis en tas dehors. Bientôt la mortalité augmente et les S.S. organisent le Kommando du cimetière, qui doit enterrer les mortes.
    — Les survivantes de ce transport sont emmenées en camion, l’avant-veille de notre évacuation. On les fait sortir du Block avec trois enfants qui venaient d’arriver. Celles qui ne peuvent marcher sont traînées par terre sur des couvertures et jetées comme des sacs dans le camion. Dans la soirée, le camion revient vide et nous entendons de nombreux coups de feu dans les bois près du camp. C’était le 20 avril. Le surlendemain nous partions à pied pour Dachau.

BUCHENWALD
    Plus de dix mille tsiganes « passèrent » par Buchenwald. Des premiers internés, il ne reste aucune trace, même pas un numéro matricule car, Allemands ou Autrichiens, ils avaient été enregistrés en tant que nationaux. En juin 1938 ils étaient quinze cents, rejoints à l’automne par mille quatre cent vingts transférés de Dachau.
    — Au (151) printemps 1938, le Kommandant Koch fit enfermer un bohémien, qui avait tenté de fuir, dans une grande caisse, dont l’ouverture était garnie de fils de fer. Puis Koch fit enfoncer de longs clous dans les planches qui, à chaque mouvement du captif, entraient dans sa chair. Le bohémien fut exposé dans cette cage devant le camp tout entier. On ne lui donna pas à manger, et il passa deux jours et trois nuits sur la place d’Appel. Ses hurlements effroyables n’avaient plus rien d’humain. Au matin du troisième jour, on le délivra de son tourment en lui faisant une injection de poison.
    Et c’est évidemment parmi les tsiganes que les S.S. choisirent les musiciens de l’orchestre de Buchenwald.
    — « C’était épouvantable, de voir et entendre les gitans attaquer leurs marches joyeuses, pendant que des internés épuisés transportaient dans le camp leurs camarades morts ou mourants, ou d’écouter la musique qui accompagne le fouet donné aux prisonniers. Mais je me souviens aussi de la veille du nouvel an 1939… soudain le son d’un violon gitan surgit d’un des baraquements, au loin, comme d’une époque et d’un climat plus heureux… des airs de la steppe hongroise, des mélodies de Vienne et de Budapest, des chansons de chez moi. »
    — « Pendant (152) le trajet du camp de rassemblement à Bruckhaufen, où nous avons passé deux nuits sur la paille, nous avons compris combien l’heure était grave pour nous tsiganes. À Dachau le travail dans les carrières et les volées de coups furent pour les premiers d’entre nous, tsiganes. Nous avions compris que c’était ainsi que les S.S. voulaient que les choses se passent dans le camp. Nous étions répartis en deux Blocks pour tsiganes, peut-être deux cents à trois cents hommes. Après trois mois on nous fit monter avec les coups dans les wagons et amener comme des bestiaux à Buchenwald. Il pleuvait. Dès l’arrivée il y eut des morts car les S.S. sont venus pétarader avec leur moto dans les rangs des Polonais, des juifs et des tsiganes. Une fois ils forcèrent les juifs à moitié nus à grimper sur des arbres et nous, tsiganes, nous devions abattre ces arbres. Ainsi était la vie à Buchenwald.
    — Nous étions cinq frères, deux d’entre nous étaient au Block 14, les trois autres dans d’autres Blocks et il arriva à l’un de nous de sauver la vie d’un autre. Il ne fallait à aucun prix se déclarer malade, cela nous l’apprîmes bientôt car dans l’infirmerie on faisait des injections. Le fils de mon frère qui avait dix-sept ans, en reçut jusqu’à ce qu’il en meure. Les transporteurs de cadavres avaient beaucoup à faire.
    — Mon frère et moi nous avions offert de travailler dans les ateliers, chez les cordonniers et chez les tailleurs. En fait, nous étions des musiciens et non des ouvriers mais nous avons agi ainsi parce que nous savions le Kapo des

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