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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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ateliers mieux disposé à l’égard des tsiganes. Au début de 1941, mon fils fut porté à l’infirmerie et nous l’avons regardé partir tristement. Mon frère m’a dit alors :
    — « Ne t’en fais pas ; un jour ou l’autre nous y passerons tous. »
    — En fait, aucun de nous n’espérait survivre.
    *
*    *
    — Le (153) meurtre à Buchenwald était fréquent… Un jour, un groupe de jeunes tsiganes de quatorze ans reconnut dans le chef de Block une brute qui avait fait périr les parents de plusieurs d’entre eux. Ils se saisirent de lui, le déshabillèrent, le rouèrent de coups, et, comme péniblement il se relevait une demi-heure plus tard :
    « Rhabille-toi », lui dirent-ils. Il croit pouvoir s’échapper. Mais le cercle des tsiganes s’est refermé sur lui. Nouvelle attaque. Il est tué à coups de sabots par cette bande de gosses qui avaient à peine dépassé l’âge où les gamins jouent encore aux billes.
    — Près de la moitié des « employés » des jardins potagers, de la fauconnerie (ménagerie) étaient des tsiganes des premiers convois.
    — « Les (154) potagers des S.S. étaient, avec les carrières, les kommandos les plus redoutés. À Buchenwald ils étaient placés sous la direction du lieutenant S.S. Dumbock, de Salzbourg, qui avait tué de sa propre main au moins quarante détenus, et qui s’acharnait tout particulièrement sur ses compatriotes autrichiens. Plus d’un détenu s’est pendu aux tuteurs qui soutenaient les arbustes du potager. Un matin, alors que, plongé dans mes pensées, je longeais le potager derrière mon Block, avant de me rendre à l’appel du matin, je vis un bohémien pendu au milieu des hautes fleurs. Il s’était suicidé ainsi pendant la nuit. Une cigarette éteinte pendillait aux lèvres de cet homme au teint sombre et morne, venu d’un pays lointain. Il était ainsi retourné chez lui, au milieu de ces magnifiques fleurs arrosées de sueur et de sang.
    — La construction de la fauconnerie fut entreprise en 1938 et terminée en 1940. Les dépenses en matériel, à elles seules, furent de 135 000 marks. Elle comprenait un terrain sur lequel s’élevaient les bâtiments suivants : la fauconnerie proprement dite, construction dans le style vieux germanique, en chêne massif avec de splendides sculptures ; le pavillon de chasse, avec des meubles de chêne sculptés à la main, de grandes cheminées et des trophées de chasse ; une rotonde et la maison des fauconniers, ou, lorsqu’il ne fut plus question par la suite de chasser au faucon, on interna a un certain moment l’ancien président du Conseil français, Léon Blum, et d’autres personnalités de marque. On y adjoignit une réserve pour le gros gibier et des cages avec des chats sauvages. On y entretenait des daims, des chevreuils et des sangliers, un mouflon, des renards, des faisans, des paons et d’autres animaux. En dehors de la fauconnerie, dans ce que l’on appelait le jardin zoologique, il y avait dans les cages, cinq singes et quatre ours.
    Dans les premiers temps, il y eut même un rhinocéros. Si un animal périssait, les juifs devaient le remplacer en faisant des « dons volontaires ». Un loup coûtait alors 4 000 marks et un écureuil parfois le même prix ! Sous le régime du commandant Koch, les S.S. s’offraient la distraction néronienne de jeter les détenus dans la cage aux ours et de les faire déchiqueter. Les bêtes féroces étaient remarquablement bien nourries. En 1944, encore, alors qu’une grande disette régnait dans le camp, les ours, les singes et les oiseaux de proie recevaient chaque jour de la viande prélevée dans la cuisine des détenus. Les ours recevaient en plus du miel et de la confiture, les singes de la purée de pommes de terre avec du lait, des flocons d’avoine, des gâteaux secs et du pain blanc. Toute l’installation devait être entretenue par des jardiniers de métier. Le Kommando permanent de la fauconnerie comprenait six à dix hommes. Monsieur le Grand Veneur du Reich (Hermann Goering) n’a jamais pénétré dans le jardin zoologique qui lui avait été offert. En revanche, la S.S. envoyait des tracts publicitaires à Weimar et dans les environs pour cette installation et elle percevait un mark d’entrée par visiteur.
    — J’ai (155) connu à Dachau plusieurs tsiganes qui venaient de Buchenwald ; tous ne furent pas sélectionnés pour les expériences sur l’eau de mer. Au moins trois

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