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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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brûlaient. Une fois qu’ils étaient brûlés, nous prenions la cendre, ces petits os qui ont tellement souffert, nous apportions cela dans le jardin.
    — Et les Français qui étaient là, beaucoup de Français, des femmes, des jeunes filles, elles faisaient les putains avec les chefs. Et alors, nous sommes restés un an, deux ans, comme ça. Nous crevions, nous mourions de faim. Et puis les avions venaient, ils envoyaient de grosses bombes, ici, sur nous, partout, pas sur nous, à côté. Nous riions, nous étions contents, plus de soucis. Nous disions, jamais de la vie nous ne reverrons nos parents. Pas de lettre, plus rien des parents. Je ne savais pas si mes parents étaient morts, s’ils étaient vivants, mes petits frères, ma pauvre mère, si elle était là, en camp, elle aussi, en France.
    — Puis est venu un beau jour, j’ai été emmené hors de ce camp. J’ai été envoyé à Dantzig. Et comme j’étais à Dantzig, là, c’était la même chose. Nous aurions pensé, nous sommes libres, maintenant c’est un autre pays, nous ne sommes plus en Allemagne. Mais là, un gros travail, et les coups sur le dos. Nous travaillions, sur les bateaux, ces charbons que nous mettions dedans, dans les soutes. Nous étions noirs, nous étions morts, de faim et de faiblesse. Puis un jour est venu. Ils nous ont pris. Nous travaillions dans ces briques chaudes quand c’était tôt. Ces cendres, quand il y a du vent sur l’eau, nos yeux, nous étions aveugles. Nous n’avions plus de chair, juste les os au bout des doigts.
    — Alors un beau jour est venu, nous étions plus heureux. Il y avait des Allemands qui nous gardaient avec des fusils, de vieux Allemands qu’ils ont envoyés en France, à la guerre. Ils savaient, ils parlaient un peu français. En cachette ils nous donnaient un petit mégot, ils nous donnaient un petit morceau de pain, en cachette. S’ils avaient été vus, ils auraient été tués eux aussi. Et alors un beau jour, deux années se sont passées ainsi, ils nous ont pris, avec des pelles, des pioches, il fallait que nous fassions de grandes tranchées, pour que viennent pas les autres étrangers, les Américains et les Russes, pour qu’ils ne viennent pas en Allemagne.
    — Ensuite nous avons un peu repris le dessus. Nous volions des pommes de terre, nous volions ce qui nous était utile. Pendant un mois, nous mangeons. Nous avons mangé des pommes de terre qui étaient cuites, parce que les maisons étaient brûlées, dans les caves, et les pommes de terre étaient cuites. Pendant un mois nous mangeons ainsi, nous dépérissions. Un beau jour est venu, ils nous ont emmenés de là. Ils nous ont envoyés, ils nous ont mis dans le train. Nous sommes allés plus loin, nous sommes allés à Stralsund. Une fois que nous étions à Stralsund, nous étions dévorés par les poux, par les puces, par les punaises, nous étions dévorés. À Stralsund, ils nous ont fait travailler sur les bateaux. Maintenant, ce sucre jaune, nous volions comme nous pouvions, un peu dans la poche, un peu pour manger. Mais il n’y avait rien à manger, nous mourions.
    — Un jour vient, les balles venaient sur nous, ils tiraient dans les cimetières, dans les prés, dans les camps, partout. Nous riions, nous pleurions, et c’était de joie. Nous en avions assez. Il y avait trois camarades avec moi, trois « gadjé », et moi seul j’étais un vrai manouche. Nous sommes restés cachés. Tous les camarades se sont sauvés. Ce chef allemand vient, il nous a donné un petit moment, pour que nous partions de là. Si nous n’étions pas partis, il nous aurait tués avec le pistolet, il avait le pistolet à la main. Et nous en avions assez de rester avec les Allemands. Nous entendions les Russes. Quand ils sont venus, nous avons été forcés de partir pour sauver notre pauvre vie, pour voir nos pauvres parents, pour retourner chez nous, en France.
    — Nous sommes partis. Alors, il y avait des voitures là, sur les rails, de grands arbres dessus. Les avions venaient au-dessus, sur nous, avec des bombes. Nous les voyions, elles étaient suspendues. Nous avons fait comme nous avons pu 15 kilomètres, nous avons apporté des poissons, des poissons crus, sur notre dos, pour pouvoir manger en route, pour les mettre, sans sel (pas de pain, pas de sel), ces poissons, sur les braises, comme ça, pour manger.
    — Un beau jour, nous allons dans une ferme, une grande ferme. Nous voyons tous nos camarades qui nous ont

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