Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
Vom Netzwerk:
biologie et les maladies infectieuses ; de plus, je pouvais parler au Block 50 avec des bactériologues expérimentés, français et tchèques, polonais et russes. Ding désirait devenir professeur, et me conseillait de travailler avec les bactériologues et les biologistes du Block 50. J’ai eu à résumer les expériences du Block 46, et à les soumettre à Ding, qui me dictait les rapports généralement envoyés au docteur Mrugowsky à Berlin. Lorsque Ding avait des rapports secrets à établir, il me les dictait, et me demandait de les taper à la machine, sans date et sans initiales, avec quelques fautes de frappe.
    — En ce qui concerne la sélection des sujets d’expériences, au début, on demanda à des détenus d’être volontaires, en leur disant que c’était une chose inoffensive, et qu’ils auraient de la nourriture supplémentaire ; après une ou deux expériences, il fut impossible d’avoir des volontaires, et Ding demanda au médecin du camp, ou au commandant S.S. du camp, de choisir les sujets convenables. Il n’existait aucune directive particulière : l’administration du camp choisissait arbitrairement les sujets parmi les prisonniers, qu’ils fussent criminels, politiques ou homosexuels. Chez les prisonniers eux-mêmes, l’intrigue jouait un rôle dans la sélection ; à partir de l’automne de 1943, les dirigeants du camp ne voulurent plus conserver la responsabilité de la sélection, et Ding lui-même demanda à Mrugowsky des ordres écrits, et la désignation des sujets par le Reichsführer S.S. ; le Gruppenführer S.S. Nebe, agissant sur un ordre de Himmler que je vis, décida d’utiliser seulement les sujets condamnés à dix ans de prison au moins, à deux reprises on fournit des criminels, une fois cent dix, une fois quatre-vingt-dix-neuf. À la fin, les sujets provenaient de différents camps et prisons en Allemagne ; des prisonniers politiques du camp faisaient presque toujours partie des expériences, soit parce qu’ils ne convenaient pas aux S.S., soit parce qu’ils étaient victimes d’intrigues du camp. Je ne connais pas un seul cas de sujet venu au Block 46 pour expériences, à la suite d’une condamnation à mort. Une fois, dans le cas de quatre prisonniers de guerre russes, on prétendit qu’ils devaient être fusillés, mais il n’y avait eu ni jugement ni sentence. Ils appartenaient à la catégorie des prisonniers de guerre russes dont neuf mille cinq cents furent fusillés, pendus ou étranglés à Buchenwald.
    — Au cours des deux ou trois premières semaines, les sujets recevaient une meilleure nourriture, afin de se trouver dans un état comparable à celui d’un soldat allemand. Aucun prisonnier survivant n’a reçu d’avantages ; aucun ne lui fut d’ailleurs jamais promis. Ding me dit au début, alors que je travaillais avec lui, que les ordres d’exécution des expériences, provenaient de Mrugowsky à Berlin…
    — Quelques jours avant la fin du camp, les S.S. brûlèrent tous leurs documents. Ding me donna l’ordre d’apporter les dossiers du Block 50 au Block 46 ; le journal resta au Block 46 ; là en ma présence, Ding et Dietzsch commencèrent à examiner les fiches des malades du Block 46 ; Ding mit dans un sac tout dossier qui lui parut dangereux, Dietzsch emporta le sac au crématoire, et le brûla : pendant que les deux hommes se trouvaient dans la pièce à côté, je pris un tas de dossiers, dont le journal, qui se trouvait là, et les jetai dans une boîte. Le jour suivant, je dis à Ding que je n’avais pas brûlé le journal ; il s’en montra très surpris, et me demanda si je ne pensais pas que cela constituerait une arme terrible contre lui ; je lui répondis que s’il pouvait prouver devant une Cour qu’il avait sauvé ce journal, cela prouverait amplement que ses intentions étaient honnêtes. Ding me donna alors la permission de conserver le journal, ce que je fis, et je le remis au Service de renseignements américains à Oberursel.
    — Lorsque quarante à soixante personnes, quelquefois cent vingt, avaient été désignées pour les expériences, un tiers était mis de côté, et les deux autres tiers étaient, ou vaccinés, ou traités de la façon qu’il convenait d’étudier. Les sujets protégés contre le typhus restaient au Block 46 pendant plusieurs semaines, jusqu’à leur infection par l’agent du typhus classique, les Richettsies ; en même temps, le premier tiers était

Weitere Kostenlose Bücher