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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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petites sœurs. »
    — Je suis resté quinze mois malade. J’ai voulu travailler, pour chercher mes parents. Je ne les ai pas trouvés tout de suite, je les croyais morts. Ils étaient à 25 kilomètres de moi. J’ai travaillé, j’ai eu deux ou trois sous, c’était pour prendre le train, pour aller au loin pour chercher mes parents. Et alors je suis allé dans une forêt pour travailler chez les « gadjé » pour boire, pour manger à ma faim, parce que j’étais malade, comme ça.
    — Et ensuite, j’ai trouvé mes pauvres parents. J’étais âgé de vingt-cinq, vingt-trois ans, et ma femme, quand je l’ai connue, elle avait trois ans, moi aussi. À vingt-trois ans nous nous sommes mariés, nous sommes partis, et là, j’ai trouvé mes parents. J’étais heureux. Il m’a fallu quatre ans pour être bien guéri, pour me remettre à manger, pour que revienne ma santé et tout. Et ensuite je suis resté avec ma famille et j’ai été libre.
    *
*   *
    Expériences.
     
    Sur le millier de déportés-cobayes des expériences sur le typhus du camp de Buchenwald, seulement une cinquantaine étaient tsiganes, allemands pour la plupart. Il m’a été impossible de recueillir le moindre témoignage à leur sujet et les documents du « procès des médecins » font état de la nationalité des détenus, sans préciser s’ils étaient ou non d’origine tsigane. Parmi les anciens déportés cités par l’accusation, il en est un dont la personnalité exceptionnelle et les publications ont marqué l’histoire de la déportation ; avec L’État S.S., Eugène Kogon a sans doute écrit le livre le plus important sur l’univers concentrationnaire. Son audition exemplaire au procès des médecins est le meilleur résumé du « typhus expérimental de Buchenwald ».
    —  Arrêté le 12 mars 1939, j’ai été d’abord utilisé au travail de la terre, puis forgeron, puis tailleur ; au début de 1942, je devins secrétaire, à la Section de pathologie, et au printemps de 1943, secrétaire du Sturmbannführer plus tard Hauptsturmführer docteur Ding, dont le nom devint plus tard Schuler. J’étais chargé de toute sa correspondance ; je prenais toutes ses dictées ; je prenais soin des dossiers, et je devais transmettre ses ordres ; ceci se passait au Block 50.
    — En 1939, le docteur Ding était médecin du camp de Buchenwald ; il se rendit alors à l’institut d’hygiène des Waffen S.S. à Berlin, et revint à la fin de 1941, pour diriger le service d’expériences, nouvellement créé. En 1943, ou à la fin de 1942, il suggéra de produire à Buchenwald des vaccins typhiques pour les troupes combattantes. C’est ainsi qu’au début de 1943, une Section de recherches pour le typhus et les virus, fut installée à Buchenwald, dans les Blocks 46 et 50. Le Block 46 était appelé « Service clinique de recherches du typhus et des virus, de l’institut d’hygiène des Waffen S.S. ». Le Block 50 s’appelait « Section de production des vaccins typhiques ». Le docteur Ding dirigeait les deux Blocks, dont le personnel était indépendant. Ding donnait des ordres directement au Kapo du Block 46, Arthur Dietzsch.
    — Quand il ne se rendait pas à Berlin lui-même, le docteur Ding envoyait des rapports tous les trois mois à Mrugowsky. Au printemps ou à l’été de 1944, Ding utilisa le nom Ding-Schuler, et à l’extérieur, uniquement le nom de Schuler. C’était l’enfant naturel d’une fille nommée Braun ; un marchand de Bielefeld, l’adopta plus tard, et lui donna le nom de Ding ; son père était un médecin, le docteur Von Schuler, et Ding essaya sans cesse de changer de nom, en particulier en 1944, car il ne doutait pas de la victoire des Alliés, et pensait qu’un changement de nom lui permettrait de disparaître. Le Block 50 commença la production de vaccin typhique au début de 1943, et les expériences du typhus eurent lieu uniquement au Block 46. Ding correspondait principalement avec Mrugowsky et Genzken, avec l’Académie de Médecine militaire de Berlin, l’institut du typhus de l’armée à Cracovie, les usines Behring à Marburg, avec l’I.G.-Farben et avec quelques médecins, comme le professeur Ruge en Roumanie.
    — Il n’y avait pas de correspondance, privée ou officielle, ouverte ou secrète, qui ne passât entre mes mains, pour autant qu’elle provint du Block 50. Grâce à la littérature donnée par Ding, j’ai pu étudier la

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