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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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également infecté pour servir de contrôle, afin de comparer l’évolution de leur maladie avec l’évolution de la maladie des sujets vaccinés et infectés.
    — L’infection était pratiquée de différentes façons : le typhus était donné soit par du sang frais, injecté par voie intraveineuse ou par voie intramusculaire, soit, au début, par des scarifications nu niveau du bras. Au début, 2 cm 3 de sang frais contenant le germe du typhus, étaient injectés par voie intraveineuse ; plus tard, cette dose fut réduite à un vingtième de centimètre cube ; même cette dose était suffisante pour produire un typhus grave. Au cours des années, les cultures du typhus utilisées à Buchenwald, avaient été cultivées d’homme à homme, leur force s’était accrue, leur virulence était devenue considérable, de sorte qu’une toute petite quantité était suffisante. En 1944, je suggérai au docteur Ding de réduire au minimum la quantité injectée, pour augmenter le contrôle scientifique, et rendre l’infection artificielle comparable à l’infection naturelle ; ma suggestion ne fut pas admise.
    — Une troisième catégorie de sujets d’expériences servait à entretenir les cultures du typhus ; c’était les sujets de passage, trois à cinq personnes par mois ; ils étaient infectés uniquement pour s’assurer que du sang contenant le typhus serait toujours disponible à tout moment. Je ne pense pas exagéré de dire que 95 % de ces personnes moururent. Je ne connais qu’un seul exemple d’expériences d’infection typhique avec des poux : ces poux avaient de apportés de l’institut de l’armée à Cracovie, par courrier ; ils se trouvaient dans des cages, qui furent appliquées sur les cuisses d’un certain nombre de sujets. Quelques-uns de nos camarades prétendirent avoir laissé échapper les poux, le dirent au Kapo Dietzsch qui rendit compte immédiatement au médecin du camp, Hoven, qui, à ce moment-là, remplaçait Ding ; Hoven ordonna de détruire les poux infectés. Un deuxième envoi de Cracovie fut également brûlé. Les sujets infectés, pour conserver le virus vivant, ne sont pas mentionnés dans le journal de Ding ; c’était, pouvons-nous dire, une chose qui allait de soi.
    McH. – Pouvez-vous dire au tribunal si les sujets d’expériences ont beaucoup souffert ?
    K. – On doit être prudent et faire la différence entre la condition mentale générale de ces sujets, et leur condition physique. Chacun savait que le Block 46 était un endroit terrifiant, mais peu de gens avaient une idée exacte de ce qui s’y passait. Tous ceux qui avaient des rapports avec ce Block étaient frappés d’une horreur mortelle ; les sujets sélectionnés savaient qu’il y allait de leur vie. De plus, on savait généralement dans le camp, que le Kapo Arthur Dietzsch exerçait une discipline de fer ; c’était vraiment le règne absolu du chat à neuf queues.
    — Toute personne désignée pour le Block 46 s’attendait à la mort, une mort très longue et très effrayante qu’elle imaginait sans cesse, ainsi que les tortures et la privation du dernier reste de liberté personnelle. C’est dans ces conditions psychologiques que les sujets attendaient leur tour, c’est-à-dire le jour, ou la nuit, où on leur ferait quelque chose qu’ils ignoraient, mais qu’ils savaient bien être une forme de mort particulièrement effrayante. L’infection était tellement forte que le typhus se développait toujours sous une forme très grave ; il survenait très souvent des scènes terribles avec le Kapo Dietzsch ; les malades avaient toujours peur qu’on ne leur fasse une injection mortelle.
    — Après un certain temps, lorsque la maladie s’était installée, les symptômes habituels du typhus apparaissaient, et chacun sait que c’est une maladie effrayante. Dans certains cas, les malades déliraient, refusaient de manger, et un fort pourcentage mourait. Ceux qui survivaient en raison de la robustesse de leur constitution et de l’efficacité du vaccin, étaient obligés d’assister à la lutte de leurs camarades contre la mort. Ils vivaient dans une atmosphère extrêmement difficile à imaginer. Les survivants ne savaient pas ce qui leur arriverait, si on ne les utiliserait pas au Block 46, à d’autres fins. Ou bien n’auraient-ils pas à craindre la mort, justement parce qu’ils avaient survécu, et avaient été témoins des expériences ? Ils

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