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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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femmes reçurent ou ne reçurent pas pendant les jours en question.)
    — Quoi qu’il en soit, lorsque l’expérience prit fin, les S.S. firent rentrer toutes les autres prisonnières dans leurs Blocks avec des interdictions très sévères de sortir ou de regarder par les fenêtres (naturellement bien inutilement) puis ils ouvrirent la porte du Waschraum toute grande et s’installèrent avec une caméra pour filmer la sortie des misérables survivantes. Ces femmes avaient arraché les briques de la cheminée pour avoir de l’air, retiré tous leurs vêtements, plusieurs étaient mortes ou sans connaissance, et d’autres apparemment devenues folles…
    — Ils filmèrent longuement et minutieusement la scène, puis le film pris, un camion vint charger le tout – les mortes et les autres – et se dirigea vers le Krématorium.
    — M me  D. n’a pas su exactement à quelle nationalité appartenaient les victimes. Elle croyait qu’il y avait des Françaises.
    — Selon toute apparence, c’est uniquement pour pouvoir tourner quelques mètres de film que toute cette mise en scène a été si longuement préparée. Mais qu’est-ce que c’était que ce film ? Un film « d’agrément » ? Un film de propagande ? Pour le savoir, il faudrait collationner toutes les archives cinématographiques du III e  Reich (à supposer qu’elles ne soient pas détruites). En attendant, et sans qu’on puisse parler de certitude, le terme « suspect » me semble convenir aux documents de la propagande allemande (dans l’histoire en question il semble bien que c’étaient des documents antisoviétiques qu’on élaborait ainsi sur la rive gauche de l’Oder) (170) .

DACHAU
    Petite moustache rousse, cheveux lissés, costume gris clair à larges revers, Karl Holleinreiner fixe longuement la pointe de ses souliers avant de redresser la tête. Le 27 juin 1947, à Nuremberg, Karl Holleinreiner, le tsigane Karl Holleinreiner se retrouve face à face avec son « bourreau » le professeur Beiglbock, chargé des expériences sur l’eau de mer dans le camp de concentration de Dachau.
    Le procureur Hardy procède à l’interrogatoire d’identité. Le témoin est nerveux. Des perles de sueur apparaissent sur son front.
    Il ne peut réprimer un tremblement de l’avant-bras droit.
    — Je m’appelle Karl Holleinreiner ; je suis né à Fürth en Bavière, le 9 mars 1914. J’ai été arrêté par la Gestapo le 29 mai 1944 parce que j’étais tsigane, et envoyé à Auschwitz où je suis resté quatre semaines, puis à Buchenwald, où je restai seulement quelques jours. J’ai été à ce moment appelé avec une quarantaine d’autres ; on nous dit que nous allions partir à Dachau pour y travailler ; arrivés à Dachau, nous avons été mis en quarantaine jusqu’au jour où nous avons été envoyés à un service d’expériences, où travaillait un certain médecin autrichien de l’armée de l’air. Ce médecin nous examina, et nous passâmes au pavillon de radiologie ; puis nous fûmes transférés au Block d’expériences.
    Hardy. – Pourriez-vous reconnaître ce professeur, si vous le voyiez aujourd’hui ?
    Karl Holleinreiner tourne légèrement la tête. Un pas à gauche. Lentement, en hésitant (ses yeux reviennent sans cesse sur le procureur Hardy), il avance en direction du box des accusés. Un dernier regard, cette fois vers la « tribune » du président, et les bras en avant, il s’élance, bouscule une sténo, agrippe la rambarde du box et d’un coup de reins, se retrouve à l’intérieur, pratiquement sur les genoux du professeur Beiglbock à qui il assène une volée rapide de coups de poing. Il est aussitôt maîtrisé par deux M.P. qui, stupéfaits, perdent dans la bagarre le premier son casque, le second sa longue matraque. Holleinreiner est traîné devant le président. Un photographe américain surpris par la rapidité de l’incident, appuie pour la première fois sur le déclencheur. Sur ce document on peut voir Holleinreiner de dos, encadré par quatre M.P., dont un seul a conservé son casque. Le président irrité réclame le silence alors que jamais l’enceinte n’avait été aussi silencieuse. Hardy, rageusement, referme son dossier.
    — L’accusation s’excuse de la conduite de ce témoin. Votre Honneur. En raison de ce qui vient d’arriver, elle n’a plus de questions à poser.
    Le président :
    — Que le maréchal de la Cour amène le témoin devant le

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