Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
Vom Netzwerk:
soulevant une seconde le couvercle de l’orifice.
    — Après deux minutes environ, les cris se sont apaisés en un gémissement monotone. La plupart des victimes ont perdu conscience. Après deux autres minutes, Grabner laisse retomber son bras portant la montre.
    — Tout est fini. Un silence profond règne à présent. Le camion est reparti. Les postes de garde sont levés, et une équipe des nettoyeurs trie les effets qui avaient été pliés soigneusement et rangés sur le sol de la cour du crématoire.
    — Les S.S. et les civils travaillant sur le territoire du camp continuent à passer avec des mines affairées à côté du monticule vert, sur les pentes artificielles duquel des jeunes arbres se balancent paisiblement au vent. Rares sont ceux qui savent quel événement terrible s’est passé ici il n’y a que quelques minutes, et quel spectacle lugubre présente la salle de la morgue masquée par les gazons verts.

Témoignage sur les tsiganes : Rudolf Hoess, commandant du camp d’Auschwitz (65)
     
    — Les tsiganes représentaient un contingent considérable.
    — Longtemps avant la guerre, lors de l’action entreprise contre les asociaux, on avait commencé à interner les tsiganes dans les camps de concentration. Un bureau spécial de la direction de la police criminelle du Reich était chargé de la surveillance des tsiganes. On faisait constamment des perquisitions dans leurs campements pour mettre la main sur des individus non tsiganes qui s’y étaient infiltrés et on les renvoyait dans des camps comme asociaux ou réfractaires au travail ; on procédait aussi, périodiquement, dans ces mêmes campements, à des recherches biologiques. Le Reichsführer voulait à tout prix assurer la conservation des deux tribus tsiganes les plus importantes. Il les considérait comme les descendants directs de la race indo-germanique primitive dont ils auraient conservé les us et les coutumes dans leur pureté originelle. Il voulait les faire enregistrer tous sans exception. Bénéficiaires de la loi « sur la protection des monuments historiques », ils auraient été recherchés dans toute l’Europe et installés tous dans une région déterminée où les savants auraient pu les étudier à loisir.
    — Pour exercer un contrôle plus effectif sur les tsiganes nomades, on les rassembla tous en 1937-1938 dans des « camps d’habitation » installés au voisinage des grandes villes. Mais, en 1942, ordre fut donné d’arrêter sur toute l’étendue du Reich toutes les personnes de sang tsigane, y compris les métis, et de les expédier à Auschwitz. L’âge et le sexe n’étaient pas pris en considération. Une exception était faite uniquement en faveur de « tsiganes purs », reconnus comme membres des deux tribus principales : ceux-ci devaient se fixer dans le district d’Oldenburg, sur les rives du lac de Neusiedl. Ceux que l’on destinait à Auschwitz devaient y rester pendant la durée de la guerre dans un « camp familial ».
    — Les directives d’après lesquelles on devait procéder à ces arrestations n’étaient pas suffisamment précises. Les divers représentants de la police criminelle les interprétaient à leur gré. C’est ainsi que nous vîmes arriver toute une série de personnes qui n’auraient dû être internées dans aucun cas. On avait arrêté, par exemple, de nombreux permissionnaires blessés à plusieurs reprises et titulaires de hautes décorations, uniquement parce que leur père, leur mère ou l’un de leurs grands-parents étaient tsiganes ou métis. Il se trouvait même parmi eux un membre du parti national-socialiste depuis toujours, dont le grand-père, tsigane, était venu s’installer à Leipzig ; l’homme était lui-même à la tête d’un important commerce dans cette ville et s’était distingué pendant la Première Guerre mondiale. Il y avait aussi parmi eux une étudiante qui exerçait à Berlin les fonctions de Führerin à l’Union des jeunesses féminines allemandes. On trouvait encore bien des cas analogues que je ne manquai pas de signaler à l’administration de la police criminelle du Reich. Sur ces entrefaites, on procéda à des vérifications périodiques, et nombreux furent ceux qui obtinrent leur libération, mais dans la masse ce n’était guère sensible.
    — Je ne saurais dire le nombre exact des tsiganes et des métis internés à Auschwitz. Je sais seulement qu’ils occupaient entièrement un secteur prévu

Weitere Kostenlose Bücher