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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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déportés qu’on allait les employer tous selon leurs professions et les malheureux se sentaient soulagés.
    — Jusqu’à ce jour, chaque garde cherchait à maintenir à coups de bâton la « distance entre les rangs » des arrivages conduits au camp. Mais cette fois, pas un seul mot méchant n’était tombé. Tout cela était d’autant plus terrible.
    — Les deux vantaux de la grande porte d’entrée menant au crématoire s’ouvrent lentement. Sans soupçonner aucun danger, la colonne entre par cinq dans la cour. Il y a 300 à 400 personnes. Un S.S. un peu agité se tient à la porte et pousse les verrous. Grabner et Hössler se tiennent debout sur le toit du crématoire. Grabner s’adresse aux juifs assemblés dans la cour, qui attendent leur sort sans aucune appréhension. « À présent on va vous baigner et désinfecter pour éviter les épidémies dans notre camp. Vous irez tantôt dans vos quartiers où une soupe chaude vous attend déjà, et ensuite vous serez assignés à un travail selon vos métiers. Déshabillez-vous dans la cour et posez vos effets à vos pieds ! »
    — Tous obéissent volontiers à cet ordre prononcé d’un ton amical et cordial. Les uns se réjouissent à la perspective de la soupe chaude, les autres sont heureux de se sentir enfin délivrés de l’incertitude insupportable, et de constater que leurs mauvais pressentiments ne se sont pas réalisés. Tous se sentent un peu rassurés après les ennuis subis.
    — Du haut de leur toit, Grabner et Hössler leur donnent des conseils rassurants :
    — « Posez vos souliers auprès de vos effets pour que vous puissiez les retrouver plus aisément après le bain !
    — « Est-ce que l’eau est chaude ?
    — « Naturellement, douches chaudes.
    — « Quel est votre métier ?
    — « Cordonnier ?
    — « Nous en avons grand besoin, présentez-vous chez moi tantôt ! »
    — Pareils et semblables propos dissipèrent les derniers doutes des plus méfiants. Le premier groupe a passé déjà par le vestibule dans la salle de la morgue. Tout y brille de propreté. Seule une odeur étrange prend certains à la gorge. Ils cherchent en vain sur le plafond des douches ou des conduites d’eau. Entre-temps, la salle se remplit.
    — Quelques S.S. entrent avec les patients dans le vestibule en plaisantant et en causant. Mais ils observent furtivement la porte. Ils se retirent aussitôt que le dernier déporté du transport est entré dans la salle. Soudain la porte calfeutrée de caoutchouc et recouverte de tôle d’acier se ferme avec fracas, et les gens enfermés dans la salle perçoivent le bruit de lourds verrous poussés.
    — La porte est serrée hermétiquement ensuite par des vis pour que l’air ne passe pas par les fentes. Une terreur de plomb paralysante envahit les malheureux. Ils se mettent à frapper à la porte, ils cognent contre elle avec les poings dans une colère impuissante.
    — Pour seule réponse, un ricanement railleur se fait entendre :
    — « Ne vous brûlez pas au bain ! »
    — Certains se sont aperçus qu’on a enlevé les couvercles des orifices découpés dans le plafond. Ils poussent un cri de terreur en voyant apparaître une tête protégée par un masque à gaz.
    — Les « désinfecteurs se sont mis au travail. L’un d’eux est le S.S.-Unterscharführer Teuer décoré récemment de la K.V.K. Avec un ciseau et un marteau, les « désinfecteurs » ouvrent des boîtes en fer blanc d’aspect inoffensif. Une inscription y annonce : « Cyclon, insecticide. Attention, poison ! Ne peut être ouvert que par un personnel instruit. » Les boîtes sont remplies jusqu’aux bords de granules bleus de la grandeur d’un pois (64) .
    — Aussitôt les boîtes ouvertes, leur contenu est versé dans les orifices qu’on recouvre au plus vite avec les couvercles. Entretemps, Grabner a donné un signe au chauffeur d’un camion arrêté devant le crématoire. Celui-ci fait marcher le moteur dont le ronflement assourdissant couvre les cris d’agonie des centaines de malheureux asphyxiés par le gaz.
    — Avec l’intérêt d’un savant, Grabner observe la petite aiguille de sa montre-bracelet. Le cyclon agit rapidement. C’est une préparation de cyanure à état solide. Déversés de la boîte, les granules dégagent l’acide cyanhydrique gazeux.
    — Un des participants à cette entreprise odieuse ne peut pas se priver du plaisir de cracher dans la salle en

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