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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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doucement et si prestement que personne ne s’aperçut de rien. Les gardes du cardinal combattaient en braves, mais visiblement, ils commençaient à faiblir, ce qui encourageait les sacripants à attaquer de plus belle.
    – Il est temps d’intervenir, mordiou ! se dit le chevalier après avoir prudemment observé les phases de la lutte.
    Il tira son épée, qu’il plaça entre ses dents. Puis, sans hésitation, il se laissa tomber sur la toiture du véhicule.
    Le cardinal, effaré, mit la tête à la portière, persuadé que c’était un de ses ennemis qui allait l’égorger ; mais déjà, Castel-Rajac s’était dressé, et d’une voix vibrante, qui domina le tumulte, il clama :
    – À moi, mes amis ! À bas les traîtres et vive le cardinal !
    Les assaillants, surpris par ce renfort inopiné, levèrent la tête. Ils aperçurent le Gascon, debout sur le carrosse, brandissant son épée. Bondissant comme un diable, Gaëtan sauta sur le dos de l’adversaire le plus proche, qui s’étala aussitôt en poussant un cri d’agonie : l’épée l’avait traversé de part en part.
    – En avant, en avant ! hurla Castel-Rajac derechef.
    Et il se jeta avec furie au milieu de la mêlée.
    Convaincus qu’une troupe importante arrivait au secours de Son Éminence, les conjurés eurent un mouvement d’hésitation, suivi d’un léger recul. Les gardes en profitèrent pour les contre-attaquer aussitôt avec succès. Castel-Rajac, sautant à la gorge d’un des conspirateurs qui le menaçait de son arme, roula avec lui à terre en hurlant :
    – Sangdiou ! Je vais t’apprendre comment on étrangle les gens, en Gascogne !
    Et il le fit avec un tel brio que les conspirateurs, persuadés qu’un renfort de plusieurs hommes venait de leur tomber sur le dos, s’empressèrent de rejoindre leurs chevaux, qu’ils avaient laissés à la lisière d’un champ voisin, et de s’enfuir dans une galopade effrénée.
    Le capitaine des gardes, qui était bien en effet le baron de Savières, avait reconnu en son sauveur l’homme qui, quelques années auparavant, lui avait joué, au château de Montgiron, le tour que l’on n’a pas oublié. Il s’écria :
    – Il est vraiment étrange, monsieur le chevalier, que ce soit à vous que je doive aujourd’hui la vie !
    Mais déjà, une voix s’élevait du carrosse :
    – N’est-ce point le chevalier de Castel-Rajac ?
    – Mais oui, Éminence !
    Et l’amant de Marie de Rohan, s’avançant vers l’homme d’État dit, tout en le saluant en grande cérémonie :
    – Vous voyez, Éminence, qu’un bienfait n’est jamais perdu, puisque votre indulgence à mon égard me vaut l’honneur de vous délivrer aujourd’hui de ces misérables qui voulaient vous assassiner !
    – Chevalier, dit le cardinal, vous n’aurez point obligé un ingrat. Je saurai vous récompenser…
    – Votre Éminence l’a fait d’avance !
    – Comment cela ?
    – En me laissant mon fils, Éminence…
    Puis, tout haut, il reprit :
    – Ne nous attardons pas dans ces parages et évitons de donner à nos adversaires l’occasion d’un retour offensif. Je vais vous accompagner par des chemins détournés que je connais bien, jusqu’au bourg de Saint-Parens, où cantonne, en ce moment, un régiment de cavalerie qui se chargera d’assurer la sécurité de Votre Éminence.
    Et retournant vers son cheval qui, sans doute exercé aux bruits de bataille, n’en avait paru nullement effrayé et s’était mis philosophiquement à arracher les pousses d’un jeune chêne, il remonta en selle et servit de guide à Richelieu et à ses soldats.
    Après être arrivé sans encombre à Saint-Parens, Castel-Rajac prit congé du ministre. Celui-ci eut un mince sourire.
    – Allons, chevalier, je crois que nous finirons par devenir de très bons amis ! dit-il.
    – Je serai déjà heureux si Votre Éminence veut bien me considérer avec la bienveillance qu’Elle accorde à ses fidèles serviteurs ! riposta finement le Gascon en s’inclinant devant le tout-puissant prélat.
    Celui-ci accentua son sourire.
    – L’avenir ne m’inquiète nullement pour vous chevalier ! Vous êtes brave, loyal, chevaleresque, et ce qui ne gâte rien, vous avez de l’esprit. Vous deviendrez maréchal de France !
    Ce fut sur cette prophétie pleine d’espérance que le jeune homme se retira.
    Mais il n’en avait pas encore fini avec la reconnaissance que son geste avait provoquée. Dans la cour, au

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