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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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tressaillement de joie et d’orgueil secoua le jeune homme. Servir dans ce corps d’élite avait toujours été son ambition et son rêve.
    – Et l’enfant ? interrogea-t-il pourtant.
    – C’est à mon tour de m’en charger ! Mais soyez tranquille, mon cher Gaëtan, vous n’en serez pas longtemps séparé, et vous pourrez le voir chaque fois que vous le désirerez.
    » Je vais l’installer dans cette maison de Chevreuse où il est né, et que j’ai fait restaurer entièrement pour lui. Sa mère tient en effet à ce qu’il demeure non loin d’elle. Mais il est bien entendu que pour lui et pour tous, vous resterez son père. Vous avez trop dignement conquis ce titre pour que personne ne songe à vous l’enlever. »
    Castel-Rajac mit un genou en terre devant sa belle amie et lui baisa la main.
    – Comment puis-je m’acquitter envers la gracieuse Providence qui m’accable sous ses bienfaits ? murmura-t-il tendrement.
    La belle duchesse eut un sourire exquis, et comme Castel-Rajac avait déjà répondu au cardinal quelques mois plus tôt sur la route de Bordeaux, elle répliqua :
    – Mais vous vous êtes déjà acquitté, mon ami !
    Il attira son amie sur sa poitrine, et un baiser fervent vint récompenser cet aveu.
    Une seule chose chagrinait Gaëtan en pensant à cette nouvelle et brillante situation qui l’attendait. L’enfant, il le verrait fréquemment… d’ailleurs, confié aux soins de la duchesse de Chevreuse, il était tranquille… Mais ses deux inséparables, Assignac et Laparède, avec lesquels il avait vécu de nombreuses et tranquilles années… Il allait falloir les quitter !
    Cependant, il ne se tenait pas encore pour battu. Dès qu’il fut en possession de ses nouvelles fonctions, son premier soin fut d’aller rendre visite au nouveau premier ministre. Celui-ci le reçut d’une façon fort affable.
    – Charmé de vous revoir, chevalier ! s’écria-t-il. Voici longtemps que je ne vous ai vu…
    – Que Votre Éminence daigne m’excuser… J’avais, ainsi que vous le savez, des obligations précises qui m’absorbaient fort…
    Mazarin eut un gracieux sourire.
    – Nous ne les avons pas oubliées, chevalier, et je suis heureux de cette occasion pour vous remercier du zèle et du soin que vous avez mis à vous en acquitter…
    – Éminence, cet enfant a fait mon bonheur… C’est moi qui serai éternellement reconnaissant à M me  la duchesse de Chevreuse d’avoir bien voulu faire appel à moi…
    – Je suis heureux, chevalier, de voir qu’aujourd’hui, vos mérites vous ont fait accéder à une situation digne de vous.
    – Ah ! soupira benoîtement le Gascon, j’ai fait de mon mieux pour élever cet enfant dans les principes les plus élevés. D’ailleurs, mes amis dévoués m’ont été dans cette tâche d’un précieux secours, et c’est aussi grâce à eux si, aujourd’hui, je peux affirmer que le petit Henry fera plus tard un gentilhomme accompli.
    Mazarin avait dressé la tête.
    – Vos amis ? Quels amis, chevalier.
    – Mais MM. d’Assignac et de Laparède, deux braves et loyaux gentilshommes, que je regrette fort de savoir restés dans les Pyrénées.
    – Il faut les faire venir à Paris ! Nous leur trouverons un emploi.
    – Ah ! Éminence ! continua à soupirer le rusé chevalier. Il n’y a qu’une seule chose qui les comblerait, mais je ne sais…
    – Dites toujours ! On verra si on peut satisfaire leur désir !
    – Oh ! peu de chose ! Entrer comme mousquetaires dans le corps où je suis lieutenant.
    – Hé ! monsieur le chevalier, savez-vous que les mousquetaires sont un corps d’élite ?
    – Je le sais, Éminence !
    – On n’accepte pas n’importe qui !
    – Ah ! Éminence, mes amis sont des gentilshommes de bonne souche gasconne !
    – Je n’en doute pas… Enfin monsieur de Castel-Rajac, je verrai… je tâcherai d’en toucher deux mots à Monsieur de Guissancourt, votre capitaine…
    Le nouvel officier s’inclina jusqu’à terre et sortit, rayonnant. Il était certain d’avoir gagné la partie.
    En effet, quelques jours plus tard, Assignac et Laparède, au fond de leur retraite méridionale, apprenaient, à leur vive joie, qu’ils étaient incorporés dans cette glorieuse phalange des mousquetaires, sous les ordres directs de leur ami, Gaëtan-Nompar-Francequin de Castel-Rajac. À cette nouvelle, ils commencèrent par tomber dans les bras l’un de l’autre. Puis, bondissant chacun

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