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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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ouverture fermée
de barreaux entrecroisés. Nicolas demanda au geôlier
d'apporter une torche. Celui-ci se fit tirer l'oreille : ce n'était
pas là l'habitude et il n'avait pas d'ordres pour cela.
Nicolas emporta ses hésitations avec une pièce ;
l'homme accrocha sa propre torche à un anneau dans la muraille
et se retira après avoir tiré et fermé la porte.
Il put alors envisager l'ensemble du cachot. A sa gauche, sur un
châlit couvert de paille une forme humaine gisait, étroitement
maintenue aux pieds par de lourdes chaînes dont les extrémités
étaient fixées à la muraille. Les bras étaient
aussi entravés par des chaînes plus légères
qui, moins tendues, permettaient au prisonnier de se redresser et de
mouvoir ses mains. Nicolas demeura un moment silencieux. Il ignorait
si l'homme allongés dormait. S'approchant, il fut frappé
par le changement opéré sur le garde du corps. Sans
perruque le cheveu rare et collé sur le crâne, le visage
grisâtre et creusé, il avait vieilli de plusieurs années
en quelques semaines. Sur ses traits se lisait un profond
accablement. La bouche ouverte laissait pendante la mâchoire
qui tremblait. Il ouvrit les yeux et reconnut Nicolas. Il hocha la
tête avec une manière de sourire et tenta de se relever,
mais Nicolas dut l'aider en le prenant sous les bras.

    â€“ Ainsi,
monsieur, on vous a laissé m'approcher ! Malgré tout.

    â€“ Je ne vois
pas pourquoi on m'en aurait empêché : vous oubliez mes
fonctions.

    â€“ Je
m'entends. Sommes-nous seuls ?

    Il regarda vers la
porte du cachot, l'air inquiet.

    â€“ Vous le
voyez bien. La porte est fermée et le guichet clos. Nul ne
peut nous entendre, si c'est cela que vous craignez.

    Il parut se
rassurer.

    â€“ Monsieur
Le Floch, j'ai confiance en vous. Je sens que vous ne me croyez pas
si coupable. Vous avez eu l'occasion de m'arrêter avant
l'évènement, avant mon crime. Vous vous en êtes
abstenu, vous aviez fait la part des choses... C'est pourquoi j'ai
demandé. à vous parler.

    â€“ Monsieur,
ce n'est pas que je vous exonère de votre faute, ne vous y
trompez pas. Votre crime est grave, mais je pense qu'il y avait chez
vous plus d'inconséquence que de volonté de nuire. Pour
le reste, je suis à votre disposition pour vous entendre, pour
autant que vos propos ne traversent pas les obligations de ma
fonction.

    â€“ Pouvons-nous
passer un marché ?

    â€“ Vous
n'êtes nullement en mesure d'imposer des conditions et je ne
suis pas autorisé à traiter avec vous.

    â€“ Monsieur,
ne refusez pas si vite. Accordez à un homme qui n'a plus que
quelques jours, peut-être quelques heures à vivre, la
grâce de l'écouter et, avec un peu de compassion, de
l'entendre.

    â€“ Dites
toujours, monsieur. Je ne vous promets rien.

    â€“ Tout
d'abord, je vais vous donner une preuve de ma bonne foi. J'imagine
que vous continuez à rechercher les bijoux de Madame Adélaïde
?

    Il vit qu'il avait
touché juste à l'espèce de sursaut qui agita
Nicolas, lequel se le reprocha aussitôt.

    â€“ Il se
peut, monsieur.

    â€“ Je me
repens de cela aussi. La princesse a toujours été bonne
envers moi. Mon infidélité à son égard
est sans excuses. Monsieur Le Floch, vous irez au casernement des
gardes du corps. Derrière ma couchette, sous la transversale
en bois du torchis, creusez le plâtre et vous découvrirez
le reste des bijoux dérobés, puisque aussi bien vous
détenez déjà la bague à la fleur de lys.
Allez-vous m'écouter maintenant, monsieur ?

    â€“ Certes,
mais je ne peux rien vous promettre.

    â€“ Peu
m'importe après tout, je n'ai plus rien à perdre !
Accepteriez-vous de porter un message de ma part à Mme la
marquise de Pompadour et cela, par votre salut, aujourd'hui même
?

    Il avait baissé
la voix en citant ce nom. Nicolas demeurait impavide. Que signifiait
cette requête ? Truche avait-il une dernière volonté
à exprimer, une grâce à demander ? Connaissant
les relations entre la favorite et le condamné, il
s'interrogeait sur son devoir. Ce n'était pas de la crainte,
mais il avait la nette conscience que cela pouvait l'entraîner
lui-même plus loin qu'il n'aurait jamais dû consentir.
D'un autre côté, pouvait-il refuser à Truche de
La

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