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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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maîtresse m'a demandé de
vous promener. Elle est un peu souffrante et vous recevra plus tard.

    L'homme entraîna
Nicolas vers la chapelle. Il put y admirer sainte Clotilde, reine de
France, devant le tombeau de saint Martin par Van Loo. Ce fut ensuite
la visite des pièces de cérémonie du château,
la grande galerie ornée de trumeaux avec son tableau de
Parrocel sur la bataille de Fontenoy. Nicolas songea que la marquise
marquait sa dévotion pour le roi jusque dans la décoration
de ses maisons. La salle à manger était ornée de
six vues de maisons royales, et la salle des buffets de scènes
de chasse. La guerre, les bâtiments et la vénerie, tous
les plaisirs des rois, étaient illustrés dans cette
demeure. Son cicérone le conduisit à l'extérieur,
afin d'admirer la vue depuis la terrasse, principal agrément
du site. La Seine coulait paisible à ses pieds. Un pavillon
pouvant servir de salle à manger d'été s'élevait
en son centre. Un laquais vint les retrouver, essoufflé : la
marquise de Pompadour allait recevoir M. Le Floch.

    Il fut introduit
dans un boudoir gris et or. Les rideaux tirés, une
semi-pénombre baignait la pièce. Quelques bûches
achevaient de se consumer dans la grande cheminée de marbre
clair. A son entrée, il fut accueilli par un petit barbet noir
qui, après un examen rapide mais circonspect, lui fit fête.
Ce petit jeu fit diversion.

    â€“ Monsieur
Le Floch, dit la marquise, tout me porte à compter sur votre
fidélité et je constate que Bébé me donne
raison !

    Nicolas s'inclina
et pensa que l'odeur de Cyrus sur ses culottes et ses bas devait être
pour beaucoup dans la confiance que lui témoignait Bébé.
Il leva les yeux vers la marquise. Le changement, en quelques mois,
était notable. Certes, l'ovale du visage se conservait, mais
le menton s'alourdissait de plus en plus. Le rouge et le blanc
habilement répandus masquaient sans doute d'autres ravages du
temps. Les yeux, curieux et vifs, observaient Nicolas avec un peu
d'amusement. Le fanchon de dentelle blanche laissait entrevoir la
chevelure cendrée. Le mantelet de taffetas blanc couvrait une
jupe de soie noire à deux volants. De longues manchettes
dissimulaient les mains, qu'elle jugeait imparfaites.

    Nicolas se demanda
si cela expliquait que le roi avait horreur de voir les dames porter
des bagues et attirer ainsi les regards sur une partie qu'il ne
pouvait admirer chez la marquise. Il jugea l'ensemble un peu triste,
un rien austère, conforme à la réputation de
dévotion dans laquelle la rumeur la disait être tombée,
puis il se souvint que la Cour portait le deuil d'un prince allemand.

    â€“ Savez-vous,
monsieur, que le roi s'est inquiété de vous, à
deux reprises ?

    Il y avait là
un reproche et un conseil tout à la fois, et aussi volonté
de charmer l'interlocuteur par une flatterie. Nicolas ne fut pas
dupe. Il n'y avait rien à répondre, il s'inclina.

    â€“ Vous êtes
trop discret. Songez que pour le roi, vous êtes le marquis de
Ranreuil, et il ne tient qu'à vous... Vous ne regrettez pas
votre geste ?

    Le regard se fit
plus insistant. Nicolas sentit le piège : la femme qui
s'adressait à lui était née Poisson.

    â€“ Le marquis
de Ranreuil, mon père, m'avait appris que la valeur ne tient
pas à la naissance. Tout dépend de ce que l'on fait de
sa vie.

    Elle haussa les
sourcils en souriant, appréciant sans doute la défausse.

    â€“ Enfin,
monsieur, suivez mon conseil. Vous êtes chasseur, chassez. Vous
y rencontrerez votre maître.

    Quelque habitué
que commençât à être Nicolas aux usages de
Cour, il trouvait bien longue cette entrée en matière.
La Borde lui avait déjà fait passer le message d'avoir
à se montrer à la chasse du roi.

    â€“ Ce propos
pour vous signifier qu'on est assuré ici et ailleurs de votre
loyauté, reprit la marquise.

    Elle lui fit signe
de prendre place dans un fauteuil.

    â€“ Vous avez
été chargé par M. de Sartine d'une enquête
sur la mort, disons... inexplicable, du vicomte de Ruissec. Je sais
ce qui est advenu et de quelle étrange manière sa mère
a également péri. J'ai prié M. de
Saint-Florentin et le lieutenant général de police
d'épargner au roi le détail de ces morts. Il n'est que
trop enclin à

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