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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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lui, mais il eût souhaité qu'elle développât
certaines restrictions apparues dans son discours. Elle ne lui avait
pas découvert tous les éléments en sa
possession. Il était regrettable que cette accumulation de
silences traversât le cours normal d'une enquête. Elle
lui tendit la main à baiser, qu'il trouva aussi fiévreuse
que lors de leur première rencontre.

    â€“ Si vous
souhaitez me voir, M. de La Borde m'avertira.

    Alors que sa
voiture s'avançait dans la grande allée, elle croisa un
cavalier dans lequel Nicolas reconnut le garde du corps de la
guinguette. Son retour sur Paris fut songeur. Son tête-à-tête
avec Mme de Pompadour lui laissait un goût amer. D'une part, il
avait trouvé une femme malheureuse et inquiète jusqu'à
l'angoisse des menaces qui pesaient sur le roi - mais Nicolas ne
poussait plus la candeur jusqu'à croire que dans cette
angoisse le propre destin de la favorite ne pesait pas.

    Plus confusément,
il avait observé des réticences et des propos ambigus
qui ne laissaient aucun doute sur son information réelle.
L'idée que l'arrêt de l'enquête était une
manœuvre, un faux-semblant destiné à tromper
l'ennemi lui paraissait trop belle pour être vraie. Il
s'agissait sans doute d'un leurre lancé dans la conversation
pour l'inciter à poursuivre. Peu importait, au demeurant,
puisque, avec la bénédiction de M. de Sartine, il
entendait la mener à son terme.

    Une dernière
question demeurait : ce que la bonne dame souhaitait et ordonnait
avait-il l'aval du roi ?

    Ã€ la porte
Saint-Antoine, il donna ordre à son cocher de rejoindre le
Châtelet où il espérait retrouver Bourdeau. Le
mettrait-il au courant de son entrevue de Choisy ? Le secret de cette
rencontre était-il nécessaire ? Il y réfléchit
longtemps. L'inspecteur était de bon conseil et la confiance
de Nicolas en sa discrétion, absolue. Sartine lui avait
recommandé de ne pas l'écarter. De plus, le cocher
parlerait sans doute, à qui aucune consigne n'avait été
donnée. Quel qu'ait été le choix lointain et
discret de Choisy, il avait pu être reconnu ; sa rapide
nomination avait attiré sur lui bien des regards.

    Il fut retardé
par un enchevêtrement de voitures rue Saint-Antoine, où
une charrette avait versé, des chevaux s'étant désunis.
Un troupeau de vaches de boucherie qui passait par là avait
pris peur ; le désordre était indescriptible. Il était
plus de sept heures quand il rejoignit le Châtelet. Il trouva
Bourdeau placide, fumant sa pipe de terre.

    â€“ Bonne
chasse, Nicolas ?

    Il alla fermer la
porte du bureau.

    â€“ J'étais
à Choisy. La maîtresse des lieux souhaitait m'entendre.

    Le visage de
Bourdeau demeura impassible. Seules quelques bouffées de fumée
s'échappèrent, pressées. D'évidence,
Bourdeau était au courant.

    â€“ Le propos
touchait notre affaire ?

    â€“ En plein
cœur !

    Il lui conta le
détail de son entretien avec la marquise.

    â€“ Nous
serions bien malheureux, dit Bourdeau, si, bénéficiant
d'aussi influentes protections, nous n'aboutissions pas. Encore que
la bonne dame n'ait pas la main en ce moment. Plus Choiseul grandit,
plus son influence à elle diminue. Ajoutez à cela que
le ministre est en conflit avec Bertin sur les questions de finances.
Or, celui-ci est un protégé de la marquise. Son
beau-frère, le comte de Jumilhac, est gouverneur de la
Bastille.

    â€“ Nous
bénéficions et nous ne bénéficions pas.
Tout est permis dans une limite inconnue de nous. Et tout n'est pas
convenable, ni utile. M. de Sartine ne m'a pas dit autre chose ce
matin. Trop de grands intérêts sont en cause qui nous
dépassent. Ce crime, ces crimes, dissimulent autre chose.
C'est l'avis de la marquise et je ne suis pas éloigné
de le partager. Il nous faut recueillir davantage d'éléments
sur la personne du vicomte. Il nous faut tout connaître de sa
vie, rencontrer son frère, le vidame, sa fiancée, ses
chefs, ses amis.

    â€“ Et tout
cela dans la plus complète discrétion. La tâche
va être rude.

    â€“ D'autant
plus que si j'étais la famille, je ne serais pas dupe de notre
renoncement. Le comte de Ruissec ne baissera pas la garde. Et nous ne
disposons d'aucun élément nouveau, aucun.

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