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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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arrière-pensées.
    – Dante ? Au logis ? Quès aco ? J’connais point ce particulier-là. S’aviserait-il de faire la matelote mieux que Ramponeau ?
    – Point du tout, Maître Jean. Je signifie par là que la vôtre mériterait de paraître en bonne place dans un de ces manuels de cuisine qui se multiplient et rassemblent les meilleures recettes du temps.
    – Ah ! J’aimions mieux cela ! À la bonne santé, messieurs. Je vous fais porter sur mon compte un petit vin de ma vigne sur le mont des Martyrs, vous en clabauderez de bonheur ! Quant aux cloupiaux que vous allez croquer, j’les garantis plumés ce matin même de ma main. C’est dire !
    Il s’éloigna bougonnant, Dante au logis, a-ton idée !
    – Tu te paies sa tête, dit Bourdeau.
    – Je parfais juste son éducation. Pour revenir à notre affaire. Pléthore de suspects et de points obscurs. Ces plis qui ont disparu. Tu as observé que je ne m’en suis pas enquis dans les interrogatoires.
    – Tu ne voulais pas donner l’éveil.
    – D’autant plus que les précautions prises par M. de Chamberlin indiquaient qu’il soupçonnait des menées. Lesquelles ?
    – Il ne mesurait pas sa confiance à l’exécuteur testamentaire pour ne le point changer dans son deuxième testament. Pourquoi tous ces plis dispersés ?
    Nicolas paraissait méditer. On apporta les mauviettes et le vin annoncé. D’enthousiasme ils se jetèrent sur les volatiles.
    – Attention, dit Nicolas amusé de la voracité de Bourdeau qui les croquait à belles dents, Semacgus m’a souvent conseillé de prendre garde aux petits os de ces oiseaux. Ils se brisent en esquilles comme
ceux du conin 15 et risquent de se ficher dans les intestins. Il les répute plus dangereux que les arêtes.
    – Oh ! J’ai presque toutes mes dents et je veille à bien mâcher.
    – Pourquoi s’emparer de plis sur la tablette de la cheminée et ne pas dissimuler le piège du baldaquin en replaçant le cordon à son attache habituelle ? Hein ! Peux-tu me le dire ?
    – Tu veux suggérer que celui, ou celle, qui a dérobé les plis, ignorait que la mort de M. de Chamberlin était machinée ?
    – C’est une première hypothèse.
    – Tu en as une autre ?
    – Réfléchis. Rétablir le cordon c’est confirmer, prouver même que le voleur de plis est aussi l’assassin. Or la mort a été découverte au petit matin, donc le coupable, pour les plis, ne peut être qu’un membre de la famille ou du domestique. Là, un doute subsiste car on a pu faire le même raisonnement pour mieux fausser la piste. Je tourne en rond. Enfin, j’en reviens encore au cœur d’un mystère encore plus épais.
    – Pour le coup, je ne forlonge plus, tes brisées disparaissent !
    – L’échelle, ou plutôt l’absence d’échelle…
    – Et la bille aussi ?
    – Aussi, mais peut-être accessoire. Mais l’échelle, l’échelle… Dans ce bel hôtel, ton avis sur la hauteur des plafonds ?
    – Je dirais quelques toises 16 … trois, ou un peu plus.
    – Tu vois juste. Et l’attache de la sonnette ?
    – Un peu moins, deux toises et demie sous la corniche.
    – Inaccessible donc sans échelle ?
    Bourdeau se frappa la tête.
    – Tu as raison. Je n’y avais pas songé. Alors, si le voleur de plis n’a pas été en mesure d’effacer les traces de la machination, c’est qu’il ne disposait pas, ou plus, des moyens de s’élever à hauteur de le faire.
    – Ou qu’il n’en était pas l’auteur. Or il a bien fallu mettre en place ce piège diabolique. Qui, quand, comment ? Nous avons surgi sur un terrain que chacun avait piétiné. Le valet qui découvre le corps de son maître, les cris, les appels, l’éveil des autres, les domestiques affolés qui se croisent, les maîtres qui accourent dans la chambre. On se précipite vers le lit, pas tous.
    – Pas tous ?
    – L’un, plus attentif que les autres, parcourt la pièce du regard, remarque les deux plis et discrètement s’en empare. Est-ce l’assassin ? Rien ne le prouve. Nous arrivons plusieurs heures après. Gévigland a-t-il tout observé ? Sa vigilance a pu être trompée, mais je ne le crois pas. C’est au moment du constat de l’accident et de la mort de M. de Chamberlin que s’est effectué le vol des papiers. Et nous voici face à un trompe-l’œil d’illusions. La réalité se manifeste drapée d’oripeaux de théâtre. Elle nous abuse et ses apparences nous tiennent lieu de

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