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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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vérités.
    – Et la bille ?
    – Oh ! La bille… Cette agate a pu rouler… Mais elle a pu aussi être égarée après être tombée de la poche du petit-neveu. Que faisait-il sous le lit ? A-t-il surpris quelque chose ? Il m’a semblé bien effrayé lors de notre entretien avec sa mère. L’as-tu bien observé quand la bille lui fut tendue ?
    – Je considérais son étrange mère.
    – Moi, je l’ai bien regardé. Plusieurs expressions ont passé dans son regard : surprise, crainte et volonté de résister à toute velléité de réaction et, surtout, de ne pas faire le geste de reprendre son bien.
    – Et de cela tu déduis ?
    – Juste un petit mouvement de l’enfant lors de la découverte du corps de son grand-oncle. Imagine : le tumulte est grand. Sa chambre est sans doute proche. Il s’éveille, s’habille à la hâte. Il se glisse parmi les adultes groupés autour du lit. Tous les regards sont fixés sur l’enchevêtrement du ciel de lit tombé. Qui alors le remarque ? Qui peut se douter qu’il va s’emparer des plis ?
    – Le fait-il, si ton idée correspond à la vérité, parce qu’on le lui a demandé ?
    – Dans la conjoncture que l’on sait, plutôt de son propre chef. La boule a heurté un bord mais sans pourtant atteindre l’autre…
    Il demeurait pensif sous le regard inquiet de Bourdeau.
    – Pour revenir à la bille, dit ce dernier, il y a une autre possibilité.
    – Je t’écoute.
    – S’il n’a pas repris son bien avec simplicité, c’est qu’il sait où tu l’as retrouvée et qu’il ne veut pas avouer avoir été sous le lit de M. de Chamberlin. Une attitude que Tiburce nous a révélée. Sans doute a-t-il assisté à un entretien et entendu ce qu’il n’aurait pas dû entendre. N’est-ce pas plausible ?
    – Nous aurons du pain sur la planche demain. Une nouvelle visite s’impose rue des Mathurins, d’autant que nous n’avons pas interrogé le fils aîné et les domestiques.
    – Je connais ta préférence sur la question. Il n’est pas mauvais de laisser planer le doute et la crainte. Ces gens vont s’agiter entre eux…
    Ramponeau revint les entêter. Ils durent subir son amphigouri, puis il tint à diable à leur faire goûter un marc de sa façon, distillé de ses vins. La nuit était tombée et le faubourg avait retrouvé son calme. Çà et là, des groupes d’ivrognes titubant beuglaient à la lune. Bourdeau, qui habitait au faubourg Saint-Marcel, déposa Nicolas rue Montmartre.

    La porte cochère franchie, Nicolas perçut le bruit léger d’une galopade. Une ombre surgit de l’obscurité de la cour, deux pattes s’appuyèrent sur ses épaules et une langue râpeuse lui balaya le visage.
    – Allons Pluton, oui, oui, bonne bête… Allez ! Couché !
    Il lui flattait le col et le chien gémissait et bavait de plaisir.
    De l’écurie provenaient des hennissements joyeux et des bruits de sabots. Sémillante, finalement acquise par Nicolas, et le cheval de Noblecourt manifestaient ensemble leur présence, saluant tout à la fois Nicolas et rappelant à eux leur compagnon. Pluton, récupéré naguère sanglant au Grand Commun 17 , avait acquis ses grandes entrées chez l’ancien procureur. Cette amicale liaison était tolérée par Mouchette, qui avait conclu une paix sans condition avec le mâtin. Il fallait les voir reposer ensemble pour comprendre que les clauses n’avaient pas été trop rudes. Une pensée serra le cœur de Nicolas. Le pauvre Cyrus, au bout de son âge, les avait quittés l’hiver dernier. On l’avait enterré au bout du jardin ; un rosier en marquait l’emplacement. Son exceptionnelle longévité avait laissé espérer qu’il échappe
rait encore un peu à la loi commune. Comme tout son entourage, le vieux magistrat en avait éprouvé un vif chagrin. Mais la gentillesse pataude de Pluton, sans faire oublier Cyrus, s’était peu à peu imposée. Mouchette et lui se relayaient avec équanimité auprès de Noblecourt et de Nicolas.
    Il constata que Catherine, Marion et Poitevin avaient rejoint leurs couches. Il avait dû en imposer à la cuisinière alsacienne, qui prenait de l’âge elle aussi, afin qu’elle ne l’attendît point chaque soir. Elle s’y était résignée en regimbant pour ne pas déplaire à son idole. Elle ne tenait pas toujours parole, trouvant souvent un prétexte plausible pour justifier sa veille. Marion avait quant à elle atteint un palier. Elle paraissait immuable, gardant

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