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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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précédent ouvrage, que je possède également, rassemblait le recueil de ses dessins pris sur le vif.
    – Je sais qu’il domine les mers et le commerce, mais n’y a-t-il que l’Anglais pour nous décrire l’univers ?
    – Non, je possède également le Nouveau Voyage autour du monde d’un commerçant, La Barbinais Le Gentil. Une mine d’informations sur la Chine.
Ainsi, voyez-vous, les livres font la science et non pas le lecteur.
    – Il paraît, dit Noblecourt souriant, que Mme de La Borde serait appelée auprès de la reine comme lectrice.
    – Il ne bouge pas du coin de sa fenêtre et parvient à tout savoir, dit Semacgus.
    – Il feint de n’en point bouger… Il est comme le soleil, rien n’arrête son cours ! En effet, ma femme aura cet honneur.
    – Je dispose, reprit Noblecourt, d’une vieille mouche à la cour.
    – Compte tenu de vos rayons c’est une mouche à miel, dit La Borde sous les applaudissements et les rires.
    – Je laisse passer la bordée, renchérit Nicolas, déclenchant de nouveaux rires. Cette vieille mouche, votre illustre aîné, m’a prié de vous adresser ses amitiés et doit venir sous peu vous demander un bout de conversation.
    – Ah ! dit Naganda, le héros que l’on repère avant de le voir.
    Interdits, ils regardèrent le Micmac.
    – Notre ami veut signifier par là que des senteurs aphrodisiaques précèdent le maréchal.
    Ce fut un éclat général.
    – J’admire notre homme, constata La Borde. Se remarier à son âge pour la troisième fois !
    – On rapporte que ce fut toute une aventure.
    – Et on dit vrai ! Au début de l’année, le duc de Richelieu avait encore une maîtresse en titre, Mme de Rousse. En faisant le jeune homme, sans doute pour justifier ses senteurs, il eut un accident et tomba sans connaissance sur le parquet. La belle crut à une attaque à la régent et qu’il n’en reviendrait
pas. Elle fouilla en belette , mit tout sens dessus dessous, s’empara de la cassette, força les tiroirs pour rafler ce qu’il y avait de plus précieux dans le cabinet. Dans les entrefaites, le maréchal était revenu à lui sans pourtant pouvoir donner aucun signe de vie. Cependant, il suivait des yeux le manège et la fureur qui s’ensuivit procura la secousse nécessaire à son salut. L’une l’avait perdu, l’autre le secourut ! Revenu pour le coup à la vie, il chassa sur-le-champ l’infidèle et purifia son hôtel, expulsant les roués, les entremetteurs et les coquines dont il était infesté. La dame eut beau pleurer, il fut impitoyable. Elle a loué depuis aux Capucines l’ancien appartement de Mme de Pompadour.
    – À la suite de cette belle aventure, ajouta Noblecourt, en morale conclusion, il a épousé Mme de Roothe de Nugent, trouvant en elle l’attention et les soins qu’il recherchait. Elle est issue d’une famille chapitrale de Lorraine et chanoinesse de Remiremont à seize quartiers. Excusez du peu ! Quelle fin !
    – Le duc de Fronsac a fort mal pris la chose, d’autant que son père, le maréchal, a marqué vivement qu’il était plus honnête que lui, qui ne l’avait point averti de son mariage. Il le prévenait du sien et, aussi, que malgré ses quatre-vingt-quatre ans, il comptait avoir un enfant dont il espérait qu’il serait meilleur sujet que son premier-né.
    – Il est vrai, reprit Noblecourt, que ce rejeton indigne avait pris peu de soins du duc lors de l’accident et que ce dernier en avait été indigné. Or la dame, quoique fort pauvre, a eu l’honnêteté de n’accepter qu’un douaire de vingt-cinq mille livres de rente pour ne pas nuire à la fortune de M. de Fronsac. Pourtant, elle avait grandement à se plaindre d’un butor qui ne l’avait pas épargnée.
    Awa arrivait avec la galantine de veau dont les tranches découpées reposaient sur une masse tremblante de gelée dorée.
    – Alors, s’écria Noblecourt, pour celle-là, j’en veux connaître la recette, n’ayant pas eu la chance de percer les secrets de votre… votre ?
    –  Strouille . La base de cette galantine est une belle épaule de veau. La partie coupée en petits morceaux est mêlée à une belle couche de godiveau à laquelle je joins du lard, de la langue écarlate et du jambon. Pour le principal de la pièce, il faut l’ouvrir et l’étendre, la bien assaisonner et étaler dessus la farce que j’ai dite.
    – De quelle sorte, le godiveau ? demanda Nicolas. J’en ai rencontré de

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