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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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avant dans une petite ruelle donnant sur la rue de la Chaussée d’Antin pour changer de costumes, masquer leurs visages de loups de velours et vérifier une dernière fois leurs armes.

    Au moment où ils se dirigeaient à pied vers leur destination, un violent orage éclata. Fréquents en cette fin de printemps, leur violence n’avait d’égale que leur soudaineté. Des gouttes d’eau commençaient à tomber. Nicolas se félicita de la circonstance qui
dissimulerait leur approche et viderait les rues de tout témoin importun. De violentes rafales éteignirent les réverbères et c’est à la lueur des éclairs qu’ils atteignirent l’hôtel de Ravillois. À son approche, ils redoublèrent de prudence. Nicolas tentait de prêter l’oreille à l’un de ces signaux sonores, sifflements ou cris d’oiseaux, qui d’ordinaire marquaient la présence de Rabouine. L’endroit paraissait désert. Les mouches postées auraient dû se manifester d’une manière ou d’une autre. Voilà que l’inquiétude le gagnait. Il en fit part à ses compagnons qui, impuissants, hochèrent la tête. Le guichet de la porte cochère était entrouvert ; ils s’y glissèrent aussitôt. Plongée dans l’obscurité la loge du portier semblait abandonnée. Naganda, dont le regard perçait les ténèbres, pressa le bras du commissaire et lui désigna la porte qui battait, agitée par les ressauts du vent. Ils s’approchèrent. Bourdeau la poussa, dégagea le cache de sa lanterne sourde et éclaira l’intérieur. Il laissa échapper une exclamation.
    – Là, un corps étendu !
    Les trois hommes entrèrent et aperçurent sur le carreau une silhouette couchée sur le ventre. Bourdeau s’accroupit et tâtonna le corps.
    – Il respire, mais paraît bien avoir été bellement assommé. Il a une sacrée bosse à la base du crâne.
    Ils se concertèrent à voix basse. Devaient-ils poursuivre ? Ils convinrent de pousser plus avant, tout en multipliant les précautions. L’orage se calmait peu à peu en s’éloignant. La porte de l’hôtel donnant sur le vestibule était, elle aussi, ouverte. Bourdeau entra le premier. Nicolas le vit glisser et tomber en arrière sans qu’il parvînt à le retenir. Une odeur métallique trop connue lui monta aux narines. Bourdeau se releva en jurant. Sa lanterne tombée illuminait un
sol rouge de sang. Vers l’escalier ils aperçurent un autre corps, comme recroquevillé sur les premiers degrés. D’évidence un combat avait eu lieu, les marques de piétinement l’attestaient. Bourdeau examinait le blessé. Il secoua la tête.
    – Mort, d’un coup d’épée en pleine poitrine. Il y a eu combat car il a d’autres blessures. Cela ne remonte pas à très longtemps, il est encore chaud.

    – Ferme-lui les yeux, soupira Nicolas. Non… Attends.
    Il se pencha à son tour, considérant avec attention le visage figé dans une dernière expression de surprise.
    – Je connais cet homme-là.
    Il se redressa et réfléchit un moment.
    – Je l’ai croisé plusieurs fois chez Sartine. C’est un des sbires qu’il utilise pour des opérations contre les menées des espions anglais. De ces gens de sac et de corde qu’il a fait recruter pour ce nouveau service dans l’impossibilité de disposer aussi aisément des ressources de la police.
    – Nous voici en bel équipage ! dit Bourdeau. Je présume les suites plus fâcheuses à l’événement. Chipotier comme il est, Sartine aura beau jeu de s’abandonner à ses saillies habituelles et de mettre à notre bon dos la responsabilité de tout cela.
    – Il n’est que trop vrai que notre présence ici de nuit lui semblera intrigante et le poussera trop rapidement dans des voies hasardées.
    – Reste, remarqua Naganda, que vous-mêmes pourriez légitimement vous étonner de celle de son homme, jeté en secret par le travers d’une enquête en cours.
    – Procédons avec méthode. Tout d’abord, pour éviter de mêler nos traces avec celles révélées par le sang répandu, ôtons nos souliers et marchons prudemment sur nos bas.
    – Nous n’aurons garde d’y manquer. Par où commençons-nous ?
    Nicolas entrevit un flambeau posé sur une desserte.
    – Faisons d’abord grand jour.
    Il joignit le geste à la parole et alluma les chandelles. La lumière accentua encore l’horreur de la scène.
    – Ne bougez pas ! Naganda va sortir dans le jardin et relever jusqu’à l’entrée les indices que la pluie n’aura pas fait

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